À quelques jours du début des Championnats du monde élite, Philippe Bozon a répondu aux questions de la presse à l’occasion d’une visio-conférence, ce lundi 9 mai.
Philippe Bozon : « C’est la fin de la préparation et des huit matchs, riches d’enseignements. C’était journée de repos hier et aujourd’hui, avant le voyage en Finlande mercredi de bonne heure.
Avec les fins de championnats décalées et les saisons comprimées à cause du Covid, il fallait donner du repos physiquement et mentalement aux joueurs, et c’est pour cela que nous n’avons pas poussé pour avoir les joueurs juste après leurs phases finales. Par conséquent, nous avions en préparation des joueurs qui avaient coupé depuis longtemps et beaucoup de jeunes que nous voulions tester. Ils ont montré leur niveau international contre de grosses équipes.
Il y a beaucoup d’enseignements à en tirer. Petit à petit nous avons pu intégrer les joueurs d’Allemagne et de Finlande, les derniers sont arrivés la semaine dernière. On aurait aimé avoir tout le monde pour les derniers matchs mais ce n’a pas été possible.
Il faudra donc profiter des derniers entraînements à Helsinki pour avoir l’équipe au complet. Les lignes auront manqué de temps de jeu ensemble pour développer les affinités, mais je suis confiant, il y a déjà les acquis de notre identité de jeu. »
Plan de Match et Hockey Archives, notamment.
J’ai été marqué par cela, et ça a été très dur pour eux. Maintenant, il y a ce contexte dramatique de la guerre, sur lequel nous n’avons aucun contrôle.
Cela nous ramène vers l’élite et cela a boosté tout le monde, cela a remis le staff et les joueurs dans une dynamique positive pour oublier ce TQO. Au moment où je vous parle, nous aurions dû finir ce Mondial de D1A et il me posait beaucoup de soucis car nous n’aurions pas eu tous nos joueurs. Choisir l’effectif aurait été un casse-tête.
Ce report nous a donné plus de lisibilité sur les joueurs disponibles.
*Damien Fleury n’a pas joué les deux derniers matchs : mis au repos ou blessure ?
Il était en Slovénie, mais pas en Slovaquie en effet, pour des raisons personnelles. Ce sont les aléas de la préparation.
On aurait aimé l’avoir avec nous contre la Slovaquie et ce match intense, mais il avait ses raisons. Pas d’inquiétude, il sera là au Mondial et tiendra sa place.
*Quel est l’ADN de l’équipe de France ?Alors cela surprendra peut-être vu nos soucis offensifs récents, mais je dirais la vitesse devant.
Notre but, c’est de jouer comme au TQO, et d’améliorer cela. Les acquis commencent à être intégrés pour notre identité de jeu et ils doivent perdurer. Le jeu offensif s’améliore malgré les scores.
Notre jeu de transition, sortir proprement le palet de notre zone… Nous avons dominé contre l’Italie et la Slovénie, nous avons eu des occasions en échappée contre la Slovaquie. Nous n’avons pas concrétisé, mais les choses avancent. Nous ne devons pas perdre notre agressivité, et limiter le temps et l’espace adverse.
et à l’inverse Loïc Farnier, Gabin Ville et Peter Valier en sortent. Quelles sont les raisons de ce choix ? Qu’en est-il d’Antoine Roussel ?Nous avons été en contact avec Antoine Roussel avant la préparation. Il faisait partie des joueurs qui avait émis l’hypothèse d’une retraite internationale.
Finalement, il ne veut pas finir sur le TQO, mais avec sa blessure et des motifs familiaux, il ne sera pas parmi nous cette année. C’est son choix et je le respecte.Pour la semaine de préparation, il y avait des joueurs que je voulais absolument voir par rapport à leur fin de saison.
Certains ont été retardés. Louis Boudon m’a donné satisfaction. Nous avons testé d’autres centres comme Gabin Ville et Fabien Colotti.
Nous voulions savoir, pour trancher les dernières places, si nous aurions plutôt besoin d’un centre ou d’un ailier. Nous avons préféré avoir de la réserve au poste de centre au cas où, en l’absence de Stéphane Da Costa et Pierre-Édouard Bellemare nous sommes un peu démunis à ce poste.
À gauche, avec Auvitu nous comptons quatre gauchers déjà. Globalement, les jeunes ont apporté de la vitesse, j’ai bien aimé.
Sinon, malheureusement Cédric Di Dio Balsamo était blessé, tout comme Teddy Da Costa que j’aurais bien aimé revoir compte tenu de nos réserves au centre. Mais il n’était pas apte après deux semaines de camp, c’était trop juste de le faire venir.
Il ne faut pas cibler, mais profiter des opportunités. La Slovaquie, ça sera très dur. Ils ont été médaillés aux Jeux olympiques, on vient de les jouer.
On verra selon le déroulement du tournoi. Dans tous les cas, l’objectif est le maintien, et je doute qu’une seule victoire suffise. Donc il ne faut pas se concentrer sur un seul match.
*Un petit mot sur Alexandre Texier ?C’est un talent incroyable. Quand il s’est blessé à Columbus, il était sur quoi, vingt points en vingt-quatre matchs ? Il était dans une dynamique positive, il a pris physiquement et franchi un palier. Mais il est arrêté depuis longtemps, deux mois… C’est compliqué.
On a eu de la chance de pouvoir l’avoir pour la semaine en Slovaquie. Alors que les autres sont en repos, il s’est entraîné aujourd’hui à Grenoble et le fera demain aussi, pour être le mieux possible pour le Mondial. Après, attention, ce n’est pas le messie vu sa condition.
Il ne doit pas se mettre la pression de faire la différence tout seul. Le jeu de sa part comme des autres doit être collectif. Mais j’ai confiance, il va monter en pression.
*Un mot sur Dylan Fabre ?Il a une vitesse incroyable ! Il a fait une grosse saison, il mérite sa place. Il était en concurrence avec Farnier, Valier et Kevin Bozon. Loïc (Farnier) a eu une saison compliquée, il n’avait pas la forme du camp du TQO où on était tout proche de l’amener.
À l’inverse de Dylan, en forme ascendante, qui a montré une vitesse supérieure en préparation. Et la vitesse sera importante aux Championnats du monde.
*Le calendrier sera plus favorable que d’habitude, avec des plages de repos importantes ? Quel impact ?Nous avons le calendrier des Russes, donc oui on ne va pas se plaindre.
Contrairement à Kosice 2019 où nous avions peu de pause. Là, c’est bien balancé, et il faudra profiter de cela face à des adversaires en back-to-back. On ne pourra pas incriminer le calendrier, donc à nous de bien le gérer et exploiter la fraîcheur.
*Vos deux fils sont sélectionnés, quel effet cela vous fait ?C’est embêtant pour moi, un peu quand même ! Les gens voient la liste et disent « le père sélectionne ses fils »… Enfin surtout Kévin, car Tim est là depuis plus longtemps, il était au TQO et sort d’une bonne fin de saison à Lausanne. Il aurait été dans les neuf ou dix attaquants quoi qu’il arrive. Kévin, ce n’était pas le cas.
Je ne pensais pas qu’il ferait l’équipe, mais il a montré des choses sur la glace. Je me suis mis en retrait sur cette décision et j’ai laissé mes adjoints décider. Ils n’ont eu aucun doute.
Il a été performant à tous les matchs de préparation, il mérite sa place. Je suis fier pour lui, content pour lui car ce n’est jamais facile d’être dans l’ombre de son frère. C’est une belle récompense.
Pour le reste, ils seront gérés comme les autres joueurs. Je les vois peu car le rythme des coachs est différent de celui des joueurs et je préfère que mes assistants discutent avec eux si besoin. Si c’est important, oui je joue mon rôle de coach bien sûr, j’ai eu des courts entretiens individuels avec tout le monde, eux compris et je n’ai aucun souci avec cela.
*Un mot sur la défense et notamment Vincent Llorca ?Il a fait une grosse saison, a énormément progressé. Il a logiquement sa place. C’est un joueur en confiance, qui a fait beaucoup de bonnes choses en préparation.
Il gravit les échelons et prend un poste de plus en plus important.
*Pierre-Edouard Bellemare est encore en course en playoffs, viendra-t-il si Tampa est éliminé ?Nous avons été en contact avec lui, et non, il ne viendra pas.
*Comment fonctionnera la relégation ?L’IIHF a beaucoup discuté après l’exclusion de la Russie et de la Biélorussie pour savoir quelle formule serait utilisée.
Finalement, on en reste sur la formule traditionnelle avec le dernier de chaque groupe qui descend. La Slovénie et la Hongrie ont pris les deux premières places de D1A et monteront pour 2023. On ne sait pas ce qui se passera avec la Russie et la Biélorussie si la guerre se termine, rien n’est décidé.
Occasion de Mark Stone (Canada),
*Un mot sur le trio de gardiens, une hiérarchie a-t-elle été fixée ?La bonne nouvelle, c’est que les trois ont été performants en préparation. Ylönen sait que, avec la retraite de Hardy, c’est une année importante pour lui. Il a été très bon en préparation, notamment le dernier match contre la Slovaquie.
Henri-Corentin Buysse sera le numéro 1 et Sébastien Ylönen le 2, mais nous n’avons pas encore décidé qui débutera vendredi contre la Slovaquie. On sait en revanche le programme pour les trois matchs suivants. La difficulté, c’est la répétition des efforts, on a vu sur le dernier match l’énergie nécessaire.
*Et Quentin Papillon, que pensez-vous de son choix d’aller en Norvège ?Il a pris beaucoup de tirs dans une équipe de bas de tableau, 40 à 50 par matchs. C’est bien mais ça peut être compliqué, on prend forcément pas mal de buts. Il a encore du travail, mais il a bien performé contre la Suisse.
C’est un petit gardien, il doit trouver les solutions pour gérer le trafic devant lui. Cela peut l’handicaper au niveau international, mais je sais qu’il peut bien performer. À titre personnel j’étais un peu mitigé sur le choix de la Norvège, mais aucun club français ne lui a donné sa chance.
Je suis convaincu qu’il aurait été meilleur que le gardien d’Angers, par exemple, mais c’est mon point de vue personnel. En tout cas, on aime ce qu’il fait là et on va voir si on peut le lancer sur un match pour l’aider à trouver un club.
*Si l’attaque a été à la peine avec trois blanchissages sur les quatre derniers matchs, la défense s’est en revanche bien comportée.
Qu’en pensez-vous ?Oui, elle a bien fonctionné, ce sont des choses que l’on travaille depuis quelques années maintenant et cela rentre de mieux en mieux chez les joueurs. On regarde moins le palet, on est plus vigilant dans le dos et devant la cage. On reste compact devant le gardien, et cela marche bien.
Nous avons une défense de qualité. Hugo Gallet progresse encore, il forme une bonne paire avec Yohann Auvitu. D’autres joueurs apportent du physique.
Il y a un bon mix entre joueurs de devoir, jeu physique et qualité de relance. Je suis satisfait de cela. Mais il faut rester vigilant car le Championnat du monde élite, cela va plus vite, il faut rester hyper concentré car les erreurs se paient cash.
*Dernière question, comment les joueurs vivent ce contexte si particulier, sans Russie et sans Biélorussie ?C’est un contexte tellement dramatique… On n’en parle pas vraiment. On se dit qu’on a mangé notre pain noir. Que c’est une opportunité de jouer en élite et d’y rester.
Il faut profiter de cette chance et tout donner pour y rester. On s’est préparés depuis novembre pour jouer en D1A face à des équipes qui nous auraient attendus, à devoir faire le jeu, construire, rester patient. Cette donne a changé, il faudra faire différemment, accepter d’avoir moins le palet.
De faire beaucoup de sacrifices et défendre comme des acharnés, se montrer opportuniste devant.
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