Planète Bleu Occitanie  : comment la pollution de l’air évolue à Toulouse et ses impacts sur la santé


C’est le retour de Planète Bleu Occitanie votre chronique environnement et climat. Chaque dimanche à 8h32 on décortique une problématique écologique à l’échelle toulousaine ou midi-pyrénéenne. Ce matin, la question de la pollution de l’air à Toulouse et ses impacts sur la santé.

L’air est-il de moins en moins respirable à Toulouse à cause de la densification urbaine et des problématiques de circulation ? L’accident industriel d’AZF en 2001 a t-il eu des répercussions sanitaires sur la population et la qualité de l’air, et en a t-il encore ? Est-il moins risqué de vivre loin de la grande ville ? Le Dr Sylvie Cassadou médecin épidémiologiste à Toulouse pour le CREAI-ORS, l’observatoire régional de santé en Occitanie nous a aidés à répondre à ces questions.

Pollution(s) de l’air

Premier constat d’abord, établi par Atmo Occitanie début 2024, la qualité de l’air à Toulouse s’est améliorée entre 2009 et 2019 dans les 117 communes étudiées (Toulouse Métropole, Sicoval, Muretain, Ouest toulousain et Coteaux Bellevue). Une baisse assez significative pour les particules fines, qu’on attribue en général au recul du chauffage au bois, une baisse plus légère concernant le dioxyde d’azote émis par les véhicules en particulier.

Il n’y a en revanche pas de progrès concernant le niveau d’ozone, qui n’est pas une émission de gaz mais plutôt l’effet des rayons solaires sur les polluants.On ne peut pas dire pour autant qu’on respire mieux à la campagne. La pollution peut provenir de diverses sources et pas seulement des transports et des usines.

« Cela bouge tous les jours selon les vents, la saison. L’hiver, il y a les particules du chauffage au bois d’où la problématique à Tarbes et Lourdes. L’agriculture aussi émet des particules pendant le labour et la récolte.

On ne peut pas faire de distinction dichotomique entre la ville et la campagne », martèle Sylvie Cassadou. Et personne n’ose encore faire des comparaison de gravité entre une exposition aux pesticides  et une exposition aux pollutions des grands axes routiers.

Les plus vulnérables sont les plus exposés

Il existe toutefois des inégalités sociales de fait face à la pollution de l’air.

Les scientifiques ont observé que les zones défavorisées, aux revenus les plus faibles notamment, sont aussi les plus exposées à la pollution. Sur la carte de concertation en particules fines par exemple, on, voit bien qu’elle est plus forte à Toulouse, dans la première couronne mais aussi sur un croissant qui part du nord toulousain le long de l’A62, jusqu’à Muret longeant l’A64 qui sont aussi les secteurs les plus défavorisés. Autrement dit, les plus vulnérables habitent souvent les secteurs les plus pollués.

Cartes présentées lors des rencontres Air et Santé en février 2024 à Toulouse. –
CREIAORS

L’explosion AZF a t-elle durablement pollué l’air à Toulouse ?

Si les graves conséquences de l’explosion de l’usine AZF en septembre 2001 sur les traumatismes psychologiques et les dégâts auditifs ne sont plus à démontrer même 20 ans après, les effets à court et moyen terme de l’exposition aux matières industrielles ont été assez vite balayées par les travaux scientifiques.Dioxyde d’azote, ammoniaque, chlore, acide nitrique, amiante, un rapport est paru en 2003 sur leurs niveaux et les conséquences sanitaires au nom du ministère de la santé et de la direction de la santé (Drass) Midi-Pyrénées.

Le Dr Sylvie Cassadou a elle-même mené ce rapport avec d’autres confrères : « la durée très courte d’exposition potentielle fait qu’il n’y a pas de sur-risque, ce n’est pas comme un chantier de plusieurs semaines », rassure t-elle.Par la suite deux cohortes de travailleurs AZF et de populations proches de l’explosion ont été suivies. Et il n’a pas été observés chez ces gens à long terme davantage de cancers qu’ailleurs.