Plouzané. La championne cycliste répond aux collégiens


Elle n’a pas l’habitude de louvoyer. À peine la conférence commencée, Katell Alençon réalise une action qui peut paraître anodine  : se chausser. Sauf que la championne cycliste est amputée au niveau du tibia et que l’exercice suscite des réactions à la fois amusées ou encore curieuses dans le public d’adolescents.

Elle présente ainsi sa collection de prothèses comme dans une vente aux enchères  : 3 000 € ?  Non, beaucoup plus.  10 000 ?  15 000 € celle-ci, 18 000 € celle-là  ! Sachant que ce n’est pas remboursé par la Sécurité sociale car ces prothèses sont adaptées à la pratique du sport. Selon l’État, le sport n’est pas essentiel pour la personne handicapée », ​explique-t-elle dans un mélange de colère froide et d’humour grinçant.

Plouzané. La championne cycliste répond aux collégiens

 J’ai tout de suite voulu remonter sur mon vélo 

 Pour moi, le cyclisme a été essentiel dans ma reconstruction. Après mon amputation à l’âge de 25 ans, j’ai tout de suite voulu remonter sur mon vélo pour conjurer le sort et poursuivre ma passion. 

Les prothèses passent de mains en mains, chacun peut constater leur solidité et leur lourdeur aussi  :  Rester debout pour un amputé est 60 % plus fatigant que pour une personne valide, sans parler de la douleur. Donc dire qu’elles favorisent les performances sportives, c’est ridicule. Ben oui, de toute façon ma jambe gauche ne va pas courir plus vite que la droite  !  

Pendant une heure et demie, l’athlète de haut niveau raconte à un public captivé son accident, la maladie, le renouveau, ses victoires dans le peloton, ses déceptions, le quotidien d’une sportive de haut niveau, ses rencontres, la cérémonie d’ouverture des JO de Rio en 2016.  Mon plus beau souvenir.  Puis, vient le temps des questions pour mieux comprendre, pour mieux l’admirer  : son salaire, l’évolution du cyclisme féminin, ses voyages, ses passions, ses projets…

Katell Alençon répond sans tabou, sans jamais oublier de dédramatiser sa situation de handicapée.  Aujourd’hui, j’ai totalement accepté mon handicap, j’en ris souvent même. Je ne suis pas une pauvre petite handicapée mais une cycliste professionnelle », répète-t-elle, avant de faire sienne une citation d’Albert Camus qui fera réfléchir les collégiens  :  L’important n’est pas de guérir mais d’apprendre à vivre avec ses maux.