Et de barrer la route au virus, avant l’arrivée d’un variant qui pourrait aggraver l’épidémie.
Il reste environ deux mois pour renforcer l’immunité générale avant qu’Omicron ne s’installe.
La question n’est pas étudiée
En France, l’obligation vaccinale a des partisans à gauche, à droite, et même en macronie : Anne Hidalgo dit «pourquoi pas», Michel Barnier juge que vacciner tout le monde est «la seule solution pour sortir de cette crise» et François Bayrou pense que «le débat doit être ouvert». Une mission sénatoriale a plaidé en juillet pour obliger tous les actifs à se vacciner.
Jusqu’à présent, le ministre de la Santé, Olivier Véran, botte en touche et répète que notre pays a fait un autre choix, celui du passe sanitaire – qui a d’ailleurs inspiré de nombreux pays européens. De source interne, la question n’a même pas été étudiée avenue de Ségur.Et pourtant, 6 millions de Français ne sont toujours pas vaccinés, dont 2,3 millions de plus de 50 ans, potentiellement vulnérables à la maladie.
Ce relatif désintérêt des pouvoirs publics peut surprendre, mais il s’explique. La première raison est évidente : la vaccination est déjà devenue quasi-obligatoire avec le passe sanitaire, avec le succès que l’on connaît – alors pourquoi changer une recette qui marche ?Le gouvernement préfère donc tenter de rééditer l’appel du 12 juillet d’Emmanuel Macron. Après cette allocution télévisée, la vaccination obligatoire des soignants et l’instauration du passe sanitaire à partir de 12 ans ont permis au taux de vaccination des Français de grimper en flèche : il dépasse 77% de la population totale (première dose), devant l’Autriche et l’Allemagne (71%).
Un problème d’exécution
Jeudi 25 novembre, le rappel vaccinal a été élargi à tous les adultes, et intégré au passe sanitaire à partir du 15 janvier. Résultat: quatre millions de rendez-vous pris en cinq jours, et le nombre d’injections quotidiennes est remonté autour de 400 à 500.000.
La plupart sont des rappels. Mais chaque jour, autour de 30.000 personnes reçoivent aussi leur première injection, ce qui pourrait faire pas loin d’un million de nouveaux convertis sur un mois.
On pourrait toutefois ne pas se contenter de cette lente conquête et envier le Portugal (88% de premières doses) ou l’Espagne (81%). Dans ce cas, y a-t-il des raisons juridiques ou pratiques qui nous interdisent d’instaurer la vaccination obligatoire ? Pas vraiment. La santé publique est en jeu, et les vaccins ont montré un excellent rapport bénéfices-risques, avec 8 milliards de doses injectées dans le monde.
La vaccination obligatoire des soignants n’a donc pas fait un pli sur le plan légal. De nombreux vaccins sont déjà obligatoires dans cette population, ainsi que chez les enfants. Reste un problème d’exécution : pour faire respecter l’obligation, il faut pouvoir contrôler et sanctionner.
L’employeur ou l’assurance-maladie s’en chargent pour les blouses blanches. Les enfants non-vaccinés n’ont pas accès aux crèches et à l’école. Pour la vaccination en population générale, on pourrait instaurer un «passe vaccinal», exigé à la place du passe sanitaire, par l’employeur et pour effectuer des démarches administratives.
Acceptation sociale
Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Obligation ne rime pas avec 100%. Sachant que neuf adultes sur dix et huit ados sur dix sont désormais vaccinés, grappiller quelques points de vaccination supplémentaires serait un maigre butin. A l’inverse, on risque d’émousser la fierté de l’adhésion volontaire en envoyant un signal de défiance.
Or dans une épidémie, l’acceptation sociale des mesures contraignantes est la clé. La vaccination obligatoire n’est donc pas la panacée. Vacciner les enfants à partir de janvier pourrait même s’avérer plus efficace.
Il faut également attendre de voir si Omicron est dangereux, et s’il élève le point de bascule de l’immunité collective (avec Delta, près de 87% de la population doit être immunisée). Le reste est une affaire de dosage entre les libertés et l’ordre public, et avant tout une décision politique.