pourquoi le déploiement s'accélère ?


Notre société mise de plus en plus sur les technologies liées au numérique. La mutation était déjà rapide avant la crise sanitaire, mais elle est depuis lors encore plus prononcée avec des besoins qui ne cessent d’augmenter. La fiabilité et la vitesse des connexions sont dès lors des éléments importants à tous les niveaux. Entreprises, écoles, organisations, particuliers, etc. nous sommes tous concernés. Le télétravail est une réalité pour de nombreux citoyens, l’enseignement à distance également et tout cela, parfois, à plusieurs sous le même toit.

Face à ces premiers éléments, et cela est peut-être lié, l’IBPT (l’Institut belge des services postaux et des télécommunications) annonçait récemment le lancement d’un site d’information sur la fibre optique. Pourquoi cette communication ? La Belgique est-elle à un tournant dans le déploiement de cette technologie de connexion à haut débit ? Les réseaux cuivre ou câble coaxial ont-ils atteint une limite ? Sont-ils dépassés ? On voit ça…

pourquoi le déploiement s'accélère ?

Situation actuelle

Les données les plus récentes de l’OCDE sur le taux de pénétration de la fibre optique pour le haut débit total, nous montrent une Belgique à la traîne. Ce rapport reprend les chiffres pour les années 2018, 2019 et 2020. La situation a évolué depuis lors, mais il est certain que connecter toute la Belgique à cette technologie va demander du temps et de l’argent.

Au début du mois de décembre 2021, la ministre des Télécommunications Petra De Sutter, précisait qu’  : « À peine 6,5% de notre pays est connecté à la fibre optique ».

Quant à l’IBPT, il confirme un déploiement encore limité. Les chiffres publiés par FTTH Council Europe, mentionnent 5,63% de FTTH (Fibre to the (apartment) Building)/B Homes Passed (adresses qui peuvent être raccordées à un réseau fibre). Ces chiffres datent de 2020. À nouveau, il est fort probable que ces chiffres aient augmenté depuis lors.

Au troisième trimestre de cette année, Proximus annonçait avoir connecté 686.000 foyers à la fibre optique.

L’Institut belge des services postaux et des télécommunications travaille à l’élaboration d’une carte de la fibre optique en Belgique. Elle permettra de cartographier le déploiement des connexions FTTH (Fiber To The Home). Cette carte sera bientôt disponible sur le portail de données de l’IBPT.

Suffisant, mais plus pour longtemps

Voyant ces chiffres, on ne peut pas vraiment dire que la Belgique ait pris de l’avance en matière de fibre optique. On peut même parler de retard en comparaison avec d’autres pays comme les Pays-Bas, le Portugal, l’Espagne ou la France. Mais, est-ce grave pour autant ?

En Belgique on y est depuis longtemps et on est même au-dessus de la moyenne européenne, rappelle Denys Bornauw, responsable du groupe Telecom Industries au sein d’Agoria (la fédération des entreprises technologiques – dont les opérateurs sont membres). Chez certains opérateurs les vitesses peuvent être plus importantes encore. Quant aux grandes entreprises, elles utilisent d’autres technologies dédiées à la fibre.

Lien vers le  : Belgium in the Digital Economy and Society Index

En résumé, l’avis des experts consultés est que la Belgique n’a pas réellement de retard en matière d’infrastructure réseau. Preuve en est, lors des confinements et autres mesures liés à la crise sanitaire, le réseau actuel (réseaux câble et cuivre) a tenu bon et a permis à de nombreux citoyens de poursuivre leurs activités dans de plus ou moins bonnes conditions. Cependant, les demandes ont évolué beaucoup plus vite qu’imaginé, notamment depuis la crise du Covid-19.

recevoir l’image ne devrait pas poser trop de problèmes, par contre transmettre les différents flux vidéos peut devenir compliqué. Ajoutez à cela les programmes proposés par les plateformes de vidéo, les jeux en ligne, etc.

Autres inconvénients des réseaux actuels, ces technologies sont dépendantes de la distance entre l’habitation et l’armoire de rue. De plus la bande passante du réseau câble doit aussi être partagée avec les voisins, ce qui peut avoir une influence sur la capacité de la ligne pendant les heures de pointe, ce qui n’est pas le cas pour la fibre optique.

Avantages de la fibre optique

La fibre optique va permettre d’aller plus vite et avec un flux symétrique. C’est-à-dire avec des vitesses identiques en entrée et sortie du réseau. Pour Denys Bornauw  : « la technologie fibre optique est imbattable de ce côté-là. C’est sûr que sur un déploiement futur, pour remplir les besoins de plus en plus importants au niveau de l’utilisation de la bande passante et aussi le « home office » ou la possibilité de travailler à plusieurs en faisant les mêmes choses dans les maisons, ce besoin d’avoir une connectivité symétrique haute performance ne pourra être répondu que par la fibre optique ou d’autres technologies qui évolueraient dans le temps ».

5 gigabit en 12 secondes seulement, alors qu’en vitesse traditionnelle (70 Mbps), il vous faudra près de 3 minutes ». Notons que si la vitesse de la fibre est importante, encore faut-il que votre réseau domestique actuel puisse accepter de tels débits, notamment au travers du Wi-Fi.

2030, de nouveaux standards

Les nouveaux standards européens visent à l’horizon 2030, une ultra haute vitesse de 1 Gbits/sec. Pour atteindre cet objectif, « c’est la fibre qui doit être déployée », précise le responsable du groupe Telecom Industries au sein d’Agoria. On commence à mieux comprendre l’importance et la communication autour du déploiement de la fibre en Belgique.

« Le hic, c’est qu’il faut le déployer partout dans le pays idéalement et aussi entrer dans les maisons et appartements de tous les citoyens ».

C’est fin 2019 que Proximus prenait la décision, après de longs débats en raison notamment d’un investissement important, d’accélérer le déploiement de la fibre en Belgique. Peu de temps après, le pays était confiné en raison du coronavirus. Un évènement qui venait confirmer l’entreprise dans son choix de déployer la fibre optique, explique Vincent Licoppe  : « Ça a été un élément de renforcement, de confirmation et d’accélération des besoins des clients qui n’a fait que confirmer le besoin, mais la décision avait déjà été prise parce que toutes les tendances montrent que le trafic ne cesse d’augmenter ».

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Le déploiement de la fibre optique en Belgique

Proximus est pour l’instant l’acteur principal (seul ou via des joint-ventures avec Fiberklaar en Flandre et Unifiber en Wallonie). Le déploiement a commencé dans les grosses villes. Cela demande du temps et des travaux importants (ouverture des trottoirs, etc.) et où des autorisations sont nécessaires. Déployer un tel réseau ne se fait qu’une fois par siècle, nous dit-on chez l’opérateur historique. Il faudra aussi convaincre les citoyens chez qui il faudra peut-être réaliser aussi des travaux pour amener la fibre chez lui.

L’objectif est de couvrir 70% des ménages et des petites entreprises avec cette technologie à l’horizon 2028. L’investissement est estimé à 5 milliards d’euros sur 10 ans.

Vital d’un point de vue économique

Poser la question, c’est déjà y répondre. La fibre optique est un enjeu vital pour l’économie du pays, nous dit Denys Bornauw qui compare cela au déploiement de la 5G pour la partie mobile. La connectivité est liée à la digitalisation de l’économie et « le digital si on ne sait pas le transporter, évidemment que cela pose problème », ajoute-t-il.

Cet expert estime que les usages actuels vont se renforcer. Il cite en exemple les téléconférences, les commandes à distance d’infrastructures, interaction entre les personnes et interaction entre les machines, « tout cela demande de passer de l’information et demande surtout du temps réel et le temps réel est amené aussi bien sur la 5G que sur la fibre optique, parce que les temps de latence sont beaucoup plus faibles. Il est essentiel que l’on puisse développer ces technologies le plus rapidement possible ».

Vincent Licoppe, chez Proximus, ajoute « qu’il y a clairement une corrélation entre le niveau de développement économique des pays et les infrastructures digitales en place dans les pays ».

Le coût pour l’utilisateur est-il plus important ?

Cela dépend du choix de l’opérateur. Les coûts d’installation sont parfois offerts si un client choisit un raccordement pendant la phase de déploiement. Les prix mensuels dépendent aussi de l’offre de l’opérateur. Ils peuvent être identiques, voire supérieurs aux tarifs actuels, mais avec généralement avec des vitesses plus élevées.

La fibre optique va-t-elle à terme remplacer les technologies actuelles

C’est très possible, nous dit l’IBPT. Dans les régions où Proximus a déployé sa fibre, les services sur son réseau cuivre seront décommissionnés après quelques années.

Quant au réseau câble, il peut encore servir plus longtemps, mais sera à long terme probablement aussi remplacé par la fibre optique.

99,1% des ménages ont accès à des vitesses d’au moins 30 Mbps et 97,2% à des vitesses d’au moins 100 Mbps. Mais des zones où la connectivité Internet est limitée existent aussi. Ces zones moins bien couvertes peuvent être consultées sur l’Atlas, la carte de couverture des réseaux établie par l’IBPT.

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