Pour ceux qui ont raté le passage d’Anne Hidalgo au Grand Jury RTL – LCI – Le Figaro, il peut être résumé rapidement ainsi : la candidate à l’élection présidentielle a traité Eric Zemmour de « guignol », les questions des journalistes de « débiles », et, emportée par sa gestuelle, elle a même (sans le faire exprès) cassé un verre sur le plateau. Son message : « je suis toujours là, ne m’enterrez pas trop vite !« . Elle l’a fait en forçant un peu sa nature, en haussant le ton, en s’essayant, dans les mots, à cette radicalité qui déferle sur la présidentielle. Ce message est passé à ceux qui prédisent déjà qu’elle jettera l’éponge avant les urnes, et aux unes de la presse qui présentent son début de campagne comme un véritable fiasco, mais pas seulement.
Quand elle s’étonne de ne pas voir d’immenses manifestations anti-Zemmour, quand elle le traite de « guignol », Anne Hidalgo veut retrouver l’oreille des électeurs de gauche. « Moi je ne débats pas avec un négationniste, je ne débats pas avec un raciste, et je ne débats pas avec cette personne-là », explique-t-elle. Une réponse directe à Jean-Luc Mélenchon qui a été le premier à se prêter au jeu du face-à-face avec Eric Zemmour. Elle est au pied du mur, veut marquer sa différence, étonner, cogner, pour revenir au centre du jeu.
Un manque de programme
Reconnaissons-lui de la ténacité et un certain courage. Anne Hidalgo représente un parti, le PS, où certains semblent attendre la première occasion pour rallier le Vert Yanick Jadot. Mais ce qui lui manque avant tout, c’est un programme, un vrai programme social-démocrate, de gouvernement, bien ficelé, et surtout crédible.
Quand on lui a demandé combien de policiers supplémentaires elle souhaitait, elle ne répond pas précisément, quand on lui demande si elle veut légaliser le cannabis, elle dit qu’elle ne sait pas encore, qu’elle doit en discuter avec des spécialistes. La maire de Paris dit aux femmes de la rejoindre, après tout elle dirige la plus grande ville du pays !
Elle est offensive, mais derrière les formules, tout le monde reste sur sa faim. Il est cependant normal de ne pas avoir un programme complet si loin du 1er tour, et d’ailleurs rappelez-vous, il y a 5 ans, Emmanuel Macron a attendu mars 2017 pour présenter le sien, un mois et demi seulement avant le 1er tour.
Mais le problème d’Anne Hidalgo, c’est que pour l’instant, la seule chose qu’on a retenue d’elle, c’est son vœu de doubler le salaire des profs, et personne n’y croit une seconde. C’est un boulet, parmi d’autres, dont elle n’arrive pas à se détacher.
Elle doit aussi composer avec l’encombrant François Hollande qui, depuis la sortie de son livre, prend plus de place qu’elle lorsqu’il s’agit d’incarner son camp. Alors certes, la présidentielle, c’est la course de fond par excellence, et tout peut se passer, mais Anne Hidalgo, elle, a chuté en enfilant sa paire de baskets. Elle s’est mangée le bitume sur la ligne de départ, et pour elle la course est encore longue.
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