en partenariat avec l’institut Odoxa : Alex Kouby a développé ses principales propositions. Avec un objectif, même si les sondages lui sont peu favorables : « Je veux un débat Pécresse/Macron au second tour ».
Revoyez ce « Face aux électeurs »
Sur l’Ukraine : « Se libérer de la dépendance au gaz russe »
Samy Bouziri : Êtes-vous pour l’arrêt immédiat de l’achat de gaz à la Russie qui finance la guerre en Ukraine ?Valérie Pécresse : Ce que je souhaite, c’est qu’on se dote d’autres capacités d’achat et qu’on se libère de la dépendance au gaz russe. Je ne comprends pas que le gouvernement n’ait pas réussi à trouver du gaz ailleurs. Il faudrait que tous les pays d’Europe se libèrent de la dépendance. D’autre pays sont à 60 ou 70 % dépendants, nous, ça n’est que 20 %. Donc on pourrait se libérer. Les sanctions vis-à-vis de la Russie commencent à porter leurs fruits. Je suis pour mettre la pression sur le gouvernement russe, mais il faut d’abord sécuriser nos approvisionnements en gaz. Sinon, on aura une hausse des prix de l’énergie colossale. Les chauffeurs de taxi sont en grève parce qu’ils se demandent comment faire quand l’essence dépasse deux euros. Il faut faire attention aux conséquences de ces sanctions.
Valérie Pécresse face à nos lecteurs ce jeudi. Capture d’écran.
Sur la sécurité : « La prison devrait « permettre la réinsertion et le changement de vie »
La formation professionnelle en prison a été confiée aux régions, mais tout ça doit se faire forcément avec l’éducation nationale si on veut des diplômes, des qualifications professionnelles. Et le problème, c’est que les détenus font des courts séjours en prison, pas forcément des longs termes, donc un diplôme, ce n’est pas forcément un, deux ou trois mois. Donc le sujet aujourd’hui c’est vraiment d’organiser des parcours de réinsertion avec des diplômes. C’est vraiment une priorité. Et notamment pour les plus jeunes. Si on arrive à leur réapprendre un travail, leur redonner une qualification, on peut les sortir de la délinquance. C’est vraiment quelque chose auquel je tiens.Et on a des blocages : si on veut les former aux métiers de bouche, on ne peut pas parce qu’on ne peut pas mettre d’outils tranchants dans les prisons. J’ai vu une prison modèle qui marchait bien à La Réunion et qui formait des prisonniers à tous les métiers de l’environnement et du solaire. Et notamment aussi à l’agriculture. Et c’est utile ! Ils sortent, ils ont une formation ! Donc je suis très favorable à ce projet. Mais il n’y a pas d’étude sur la récidive en France, on ne travaille pas du tout sur ces sujets-là.
Valérie Pécresse face à nos lecteurs ce jeudi. Capture d’écran.
Sur l’agriculture : « Je veux qu’on s’alimente ‘local’ bio ou pas »
Il ne faut pas accepter ces produits. Je ne vois pas pourquoi on baisserait la TVA sur le bio. Les Français rêvent d’un monde sans taxe, mais il faudrait dépenser moins d’argent public. Ce que je veux, c’est qu’on s’alimente « local ».Alex Kouby : Sur le réchauffement climatique, comment comptez-vous agir au-delà d’une politique volontariste à l’échelle nationale ?Valérie Pécresse : Dans toute mon action politique, j’ai essayé de me mettre sur un objectif zéro carbone en 2050. Je veux faire un Élysée de l’environnement, réunir tous les ans les porteurs d’enjeux, les associations, le monde économique, les collectivités locales, et je veux qu’on définisse une trajectoire. Je porte une idée, qui était chère à Jacques Chirac, d’une organisation mondiale de l’environnement. On a des COP tous les cinq ans, avec des résultats mitigés. Mais entre chaque conférence climat, que se passe-t-il ? Il faut que la France réussisse à créer cette organisation qui soit garante des engagements de la COP, et que les pays suivent.
Valérie Pécresse face à nos lecteurs ce jeudi. Capture d’écran.
Sur la politique de la ville : « Sécurité, mixité, réussite, ce sont les trois piliers »
armée, avec plus de pouvoirs qui fait le lien avec la population, qui contrôle les identités, qui peut mettre des amendes. Plus de moyens pour la justice pour sanctionner les délits, parce que l’impunité zéro, évidemment, entraîne les trafics et génère une économie parallèle qui perturbe tout le quartier. L’idée, c’est de remettre du commerce, des espaces verts, mettre du beau du bien. La réussite, c’est l’école. Moi je veux un sursaut national avec l’école, parce qu’on est devenu le pays de toutes les inégalités scolaires, et ça c’est inacceptable.Dominique Cadoux : Vous voulez éradiquer les ghettos. Il faudrait une politique très ambitieuse de logements sociaux, plus humains, plus diversifiés. Comment y parvenir ?Valérie Pécresse : Mon projet c’est de refaire des villes. Je veux que chaque quartier soit un quartier avec un « esprit village ». Je fixe un plafond anti ghetto de 30 % maximum de logement très social (logement PLAI) par quartier. Il faut faire tout type de logement dans le même quartier, parce que c’est comme ça que vous ramenez la mixité.Je pense que c’est un mouvement très volontariste pour le faire. Il faut redonner au maire le pouvoir de redessiner leur ville. Les maires le feront, ils sont très attentifs à ça.
Valérie Pécresse face à nos lecteurs ce jeudi. Capture d’écran.
Sur la fiscalité et le pouvoir d’achat : « Je veux créer un ministre délégué à la fraude fiscale et sociale »
Quand on passe une commande publique à un prestataire, vérifier qu’il paye ses impôts en France, c’est la moindre des choses.Christelle Bouvier : Se loger coûte toujours plus cher. Comptez-vous encadrer les prix ?Valérie Pécresse : Encadrer les prix, c’est une solution de court terme. À long terme, ça conduit à la catastrophe, parce que ça veut dire qu’on ne construit plus. Si on veut faire baisser le prix du logement, on doit construire davantage, et mieux, parce qu’on a aussi la protection de la planète à prendre en compte. On a besoin aujourd’hui de 500 000 logements neufs ou rénovés par an, dont 150 000 logements sociaux. Je propose un choc de simplification : diviser par deux la durée de toutes les procédures administratives. Si on construit plus vite, ça sera moins cher.
Sur l’immigration : « Mettre en place des quotas migratoires »
Siam Guyot : Quel impact vos propositions sur l’immigration auront sur les familles étrangères qui vivent aujourd’hui en France ?Valérie Pécresse : Mon projet c’est de mettre en place des quotas migratoires, parce qu’aujourd’hui l’immigration est totalement incontrôlée. On a donné 272 000 titres de séjour l’année dernière, avec 100 000 réfugiés, dont 60 % de migrants économiques qui seront déboutés et ne rentreront pas chez eux. On est dans du laisser-faire. Le problème, c’est que quand on n’a pas les moyens d’intégrer, de loger, de donner de l’emploi derrière, ça peut disloquer une nation. On voit bien à quel niveau sont les extrêmes : il y a une demande de fermeté. Je veux de la fermeté, de l’efficacité, et de la justice.Les quotas seront votés par le Parlement chaque année, par métier et par pays. Ça serait injuste de traiter les pays qui sont coopératifs avec la France de la même façon que les pays qui ne le sont pas. Il faut que les clandestins rentrent chez eux et que les pays d’origine les reprennent. Sinon, c’est zéro visa pour venir en France. Cette politique devrait permettre de diviser par deux l’immigration légale, et de mettre fin à l’immigration incontrôlée illégale. On doit reprendre le contrôle de nos frontières. Ça veut dire pas de regroupement familial obligatoire : on doit avoir des ressources, parler français, donner des garanties d’assimilation, respecter la loi française et la placer au-dessus de la loi religieuse… Il n’y a pas besoin d’avoir des ancêtres qui étaient à Austerlitz ou à Gergovie pour être Français. Ma France, elle se choisit, mais elle a aussi le droit de choisir qui elle accueille.
Valérie Pécresse face à nos lecteurs ce jeudi. Capture d’écran.
Sur les retraites : « Je fais la réforme de la retraite à 65 ans »
André Peyrachon : Êtes-vous favorable à la suppression des régimes spéciaux ? Faut-il indexer le montant des retraites sur les salaires ?Valérie Pécresse : Il faut indexer le montant des traites sur l’inflation. Aujourd’hui, ça n’est pas le cas du tout. Je veux l’indexation automatique dès qu’il y a 2 % d’inflation de toutes les retraites. De la même façon, ça n’est pas normal que les retraites complémentaires ne soient pas indexées sur les inflations non plus. Le pacte social, qui est de dire, vous avez travaillé toute votre vie, on va vous garantir une retraite sereine, n’est plus respecté.Concernant les régimes spéciaux, je veux que tous les nouveaux entrants soient assujettis au régime général. Et je fais la réforme de la retraite à 65 ans, je sais qu’elle n’est pas populaire. L’enjeu est de garantir une retraite décente. Et avec mon système, tous ceux qui auront travaillé toute leur vie auront au moins le SMIC net en retraite. Ça va être par palier entre 4 mois et 6 mois de plus chaque année, jusqu’en 2031. Les trimestres restent les mêmes, et à 67 ans c’est taux plein, quoiqu’il arrive. On ne change pas la date. On négociera avec les partenaires sociaux pour les carrières longues et sur les métiers pénibles.
La réaction de Valérie Pécresse après le « Face aux électeurs »
Sur les sujets de société : « Mon objectif n’est pas d’enfoncer une mère seule »
ou la justice permettre aux filles de faire des études supérieures et arrêter de les traiter de « mignonnes, jolies », et de les habiller en princesse. Arrêter de leur parler avec une voix de petite poupée, alors que l’on parle aux garçons avec une voix normale. Pour moi, tout commence là, à la petite enfance. Votre avis ?Valérie Pécresse : Il faut vous mettre à la place de mon couple et que vous imaginiez ce qu’est la vie d’une femme politique qui travaille le soir et le week-end, parce que la politique, ça se fait quand les gens sont chez eux, c’est-à-dire le soir et le week-end. Avec mon mari, on a élevé trois enfants. Et le partage des tâches est dans l’ADN de notre couple depuis le début, voire le transfert de charge mental massif, parce qu’il y avait des moments où je n’étais pas disponible. Pour moi, c’est plus une égalité des droits que je revendique. Je préfère qu’on me juge sur mes compétences. Voir un père qui prend sa part aux tâches ménagères, c’est une forme d’éducation aussi pour les enfants.