Prisonniers basques. Après le blocage du 23 juillet, quelles réponses  ?


Ils dénoncent « la surdité voire.Ils dénoncent « la surdité voire le mépris de l’État à l’égard d’un territoire et ses habitants ». « Nous avons montré que notre détermination reste intacte. Nous rappelons que nous sommes dans une phase dynamique. Il pourrait y avoir de nouvelles actions dès septembre », assure Anaiz Funosas, présidente de Bake Bidea.Contacté, le ministère de la Justice ne souhaite pas commenter une affaire en cours et assure que c’est à la justice de trancher. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis le maintien en détention de Ion Parot et Jakes Esnal, lors de leur demande de libération conditionnelle devant la cour d’appel de Paris le 21 juillet dernier. Leur libération avait été demandée en première instance.

Explications du Pnat

Bake Bidea et Les Artisans de la paix ont dénoncé un « acharnement ». « Comme toujours, une vision manichéenne présente le parquet comme étant dans une démarche d’acharnement alors que nous avons requis à plusieurs reprises en faveur d’aménagements de peine pour des détenus de l’ETA », a répondu le Pnat à « Sud Ouest ».« Dans le cas de Ion Parot, les faits présentent une gravité extrême puisqu’il a été impliqué, pendant neuf ans, dans un groupe terroriste pendant 22 ans, relève le procureur antiterroriste, rappelant les 17 morts dont six enfants. Ces personnes continuent de légitimer leurs actes, 30 ans après les faits ou, en tout cas, n’expriment aucun regret. Imaginez un instant que l’on enlève la qualification terroriste – aggravante en droit pénal français – pour un tueur en série qui aurait tué plusieurs enfants sur une période de près de dix ans, s’indignerait-on de la même manière ? »

Prisonniers basques. Après le blocage du 23 juillet, quelles réponses  ?

Il faut faire la part des choses entre les pressions des minorités agissantes et les menaces réelles

« Il convient de dépassionner le débat. Il n’y a aucune forme d’acharnement de la part du parquet national antiterroriste qui procède à un examen concret des faits, en tenant compte de la nature criminelle des faits, de la réalité des victimes, mais aussi de l’état de santé des détenus, précise-t-il. Quant à la notion de trouble à l’ordre public, elle est bien sûr prise en cause dans cet examen mais il faut faire la part des choses entre les pressions des minorités agissantes et les menaces réelles. »

L’échéance du 22 septembre

Ces réquisitions ne sont pas partagées de nombreux élus locaux qui estiment que les deux prisonniers, âgés de plus de 70 ans et emprisonnés depuis 32 ans, ont purgé leur peine. Dans la soirée du blocage le 23 juillet, une quinzaine d’élus ont rencontré Éric Spitz, préfet des Pyrénées-Atlantiques, pour lui faire part de leur volonté d’être entendus au sommet de l’État.Parmi eux, Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne, Philippe Aramendi, maire d’Urrugne, Isabelle Pargade, maire d’Hasparren, Philippe Elissalde, maire d’Ahetze, Émilie Dutoya, conseillère régionale, ou encore la sénatrice Frédérique Espagnac. Certains élus ont notamment demandé la libération des deux prisonniers au plus tard le 22 septembre prochain. C’est à cette date que la chambre de l’application des peines (CHAP) devra statuer sur l’appel de l’octroi d’une mesure de libération conditionnelle.

Pression des élus

« Nous lui avons fait part de notre colère sur le sort de ces prisonniers. J’ai surtout insisté sur notre inquiétude liée à la colère qui monte chez la jeunesse. J’ai rappelé au préfet que nous sommes à un moment charnière de notre histoire. Entre la question des prisonniers et celle du logement, on craint une bascule dans la violence que personne ne souhaite », assure le maire d’Urrugne, Philippe Aramendi.« Il y a un terreau incandescent chez la jeunesse. J’ai connu les bombes à Saint-Jean-de-Luz, je ne veux plus revivre ça. Il faut refermer le livre de cette histoire et montrer qu’ETA a eu raison de déposer les armes. Nous devons construire l’avenir sans oublier les victimes », prône de son côté la sénatrice des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac.