« Pendant qu’on était à ce cours, j’ai vu des éléments descendre d’un bâtiment et rentrer dans deux véhicules pour se diriger vers le bureau du président Thomas Sankara. Nous avons entendu des coups de feu. C’était la débandade. J’ai rejoint mon service et après on a entendu qu’il s’agissait d’un coup d’État. », a déclaré Pascal Bassorougou.
Il dit également avoir reçu, aux environs de 22h, un ordre du lieutenant Gilbert Diendéré d’aller dire au standard « d’ouvrir la ligne de Kamboinsin ». Rappelons au passage que c’est dans ce quartier situé à la périphérie nord de Ouagadougou que se trouvait l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR), un corps jugé proche du président Sankara.
« J’ai pris mon arme et je suis allé. J’ai dû enjamber le sang des victimes. Quand j’ai tapé à la porte, les éléments du standard criaient. Je leur ai dit que je ne leur voulais pas du mal et que le chef de corps m’envoyait leur dire d’ouvrir la ligne de Kamboinsin. Leur chef Boureima Sawadogo m’a dit que c’est fait. Et je suis allé rendre compte au lieutenant Diendéré », a raconté le témoin.
Après ces déclarations, le président du tribunal a demandé au témoin s’il savait comment on ouvrait ou fermait une ligne. Il a répondu par la négative en précisant que bien qu’étant des transmissions, il n’avait pas fait la phonie.
aux environs de 19h ? », se demande bien l’avocat.
Après cette première incohérence, l’avocat a lu un passage de la déposition du témoin qui a dit au juge avoir également reçu l’ordre de Diendéré, peu avant 22h, de transmettre un message pour l’envoi d’un renfort militaire à partir de Pô. Cette ville, située au sud du Burkina, abritait le centre national d’entrainement commando (CNEC).
Pour Me Yelkouni, il s’agit d’une deuxième incohérence, car des témoins ayant fait partie du renfort militaire venu de Pô ont affirmé à la barre avoir quitté la ville aux environs de 18h en direction de Ouagadougou.
Confus, Pascal Bassorougou reconnaitra à demi-mots s’être entremêlé les pinceaux pour ce qui est des horaires. Mais il est catégorique : Il a reçu les ordres du lieutenant Diendéré, son chef de corps.
« Je suis un peu surpris de cette affirmation. Je ne savais pas si la ligne était fermée ou pas. Le standard n’était pas sous ma responsabilité, mais relevait de la présidence. Et les chefs des deux standards ont été nommés directement par le président du Faso. Je n’avais pas de main mise sur le standards », a déclaré le général Gilbert Diendéré, pour sa défense.
D’autres avocats de la défense ont également saisi la balle au rebond pour confondre le témoin à ses propres déclarations pendant l’instruction du dossier. Selon Me Mamadou Sombié, il avait donné au juge, l’identité des membres du commando qui ont embarqué dans deux véhicules en direction du bâtiment où se trouvaient le président et ses compagnons. Il avait cité Nabié N’soni, Hyacinthe Kafando, Élysée Ilboudo, Paté Maïga, Arzouma Ouédraogo dit Otis et Nabonsseouindé Ouédraogo.
À la question de Me Mamadou Sombié de savoir s’il connait bien son client Nabonsseouindé Ouédraogo, le témoin répondra par l’affirmative en disant qu’il faisait partie de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré. Sur insistance de l’avocat, Pascal Bassorougou n’est plus affirmatif sur la présence de Nabonsseouindé Ouédraogo dans le commando. Tantôt silencieux, tantôt avec la voix titubante.
Après cela, le président de la Chambre a engagé un interrogatoire avec le témoin sur sa santé.
Est-ce que vous êtes en bonne santé ?
Ma vue n’est plus normale
Et votre mémoire ?
J’ai tendance à oublier vite. Je peux déposer quelque chose et quelques instants ne plus savoir là où j’ai posé cette chose.
Même quand quelqu’un vous doit de l’argent ? Quand on vous communique la date de la pension là, vous oubliez ?
Non, cela ne m’est jamais arrivé.
Par conséquent, le conseil a souhaité que la déposition de ces témoins se fasse en présence de l’accusé, c’est-à-dire, à la reprise de l’audience, puisque celle-ci devrait être suspendue le 23 décembre pour ne reprendre que le 4 janvier 2022.
HFB
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