Les conditions de vie de la joueuse de tennis chinoise inquiète, depuis qu’elle a déclaré avoir été violée par un ancien vice-Premier ministre. (Beijing, le 28 septembre 2019.)
L’affaire est loin d’être enterrée. Des membres de la communauté internationale font désormais pression sur le gouvernement chinois pour savoir ce qui arrive réellement à la joueuse de tennis Peng Shuai depuis ces trois dernières semaines. Le 2 novembre, dans un message posté sur Weibo, principal réseau social du pays, jeune femme de 35 ans, cette dernière accuse Zhang Gaolin, ancien vice-Premier ministre de 2013 à 2018, de l’avoir violée. Puis disparaît, ne donnant plus aucun signe de vie. Depuis sa réapparition,17 jours plus tard, dans des vidéos publiées par des proches du pouvoir pékinois, la question de savoir si elle est en vie ne se pose plus. Mais ces images ne parviennent pas à rassurer ceux qui s’inquiètent des pressions qui pourraient être exercées sur la joueuse. Désormais l’interrogation est ailleurs : Peng Shuai est-elle libre ?, le collectif « Nous Toutes » a de nouveau rassemblé des milliers de personnes pour marcher contre les violences faites aux femmes
En vidéo, disparue depuis 19 jours, la tenniswoman Peng Shuai réapparaît
Les accusations de viol
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Où est Peng Shuai ?
Le 11 novembre, le hashtag #WhereIsPengShuai (en français : « Où est Peng Shuai ? » NDLR) apparaît sur Twitter. À ce moment-là, cela fait neuf jours que la championne n’a pas donné signe de vie sur les réseaux sociaux et qu’elle n’est pas apparue publiquement. Des célébrités du monde du tennis, comme Serena Williams, Naomi Osaka ou encore Novak Djokovic, se mobilisent et relaient le hashtag. Steve Simon, le président de la WTA, va jusqu’à menacer Pékin de retirer les lucratifs tournois qui se jouent en Chine s’il n’obtient pas de preuves de vie de Peng Shuai. Et assure avoir tenté de la joindre par tous les moyens, en vain.Les préoccupations concernant le sort de la joueuse vont même prendre une ampleur politique internationale lorsque Joe Biden menace de boycotter les jeux Olympiques d’hiver qui doivent avoir lieu à Pékin du 4 au 20 février prochain. Si Washington ne justifie pas ses menaces en invoquant directement la disparition de Peng Shuai, le fait que le président américain pointe du doigt les violations des droits de l’Homme en Chine suffit à faire le lien.
Le mail qui attise l’inquiétude
Le 17 novembre, un mail prétendument écrit par Peng Shuai et adressé à la WTA est diffusé par CGTN, une chaîne de télévision chinoise connue pour relayer la parole du gouvernement. « Les informations récentes, dont les accusations d’agression sexuelles, sont fausses, est-il écrit. Je me repose chez moi et tout va bien ». Mais ces mots ne parviennent pas à apaiser Steve Simon qui répond aussitôt dans un communiqué : « Cette déclaration ne fait qu’augmenter mon inquiétude concernant sa situation et sa sécurité. J’ai du mal à croire que Peng Shuai a réellement écrit l’e-mail que nous avons reçu, ni ne crois ce qui lui est attribué. » Avant de demander « une preuve indépendante et vérifiable ».
Des images peu convaincantes
sans coercition ni interférence extérieure ».Le 21 novembre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est lui aussi dit dubitatif. « Je n’attends qu’une chose, c’est que Mme Peng Shuai parle. Et si les autorités chinoises veulent faire la clarté, il faut qu’ils permettent à Mme Peng Shuai de parler, de dire où elle est, comment elle vit, qu’est-ce qu’elle fait, comment elle prépare les Jeux olympiques », a-t-il dit au micro de LCI.
Peng Shuai en live
De quoi définitivement rassurer ceux qui s’inquiétaient du sort de la joueuse ? Toujours pas. D’après le New York Times, Peng Shuai était accompagnée lors de l’entretien par un « ami » pour l’aider à s’exprimer en anglais. Elle qui, selon Le Monde, parle pourtant la langue couramment après quinze ans sur le circuit international.
Les J.O en péril
« Si rien ne se passe d’important dans cette affaire, dans les prochaines semaines, il y aura un boycott politique des Jeux olympiques ». Reste à savoir quelle sera l’attitude du gouvernement chinois.