quatre messages pour dans cinquante ans – Libération


Et si l’art sauvait la planète

«Les grandes lignes ont été tracées»

«Malgré toutes ces recherches, certaines zones restent floues. Impossible en effet de prendre en compte tous les paramètres et de prévoir avec certitude ce que seront nos vies dans les cinquante prochaines années, reconnaît Jean-Louis Bergey, coordinateur prospectif de l’agence. Restent que les grandes lignes ont été tracées ! » Et de poursuivre : «Nous avons réfléchi à cinq problématiques : jusqu’où doit aller la sobriété, qu’est ce qu’un régime alimentaire durable, quelles sont les limites des puits naturels , quels bâtiments seront ceux de demain et enfin, quel modèle économique peut être durable.» Au finale, quatre grands scénarios ont été dressés (le 1 et le 4 ayant particulièrement retenu notre attention), permettant de dessiner le futur en fonction des choix faits aujourd’hui.Maya Mihindou, illustratrice, dessine pendant les échanges et conférences «Controverses» organisées par le Centre Pompidou le samedi 3 décembre 2022 dans le cadre de l’évènement «Climat : quelle culture pour quel futur ?» ( Mélanie Ravier/IPJ Dauphine)

quatre messages pour dans cinquante ans – Libération

Sobriété, coopération et technologie

Le premier, «Génération frugale», propose une véritable refonte de la société. Le mot d’ordre : la sobriété. L’objectif : diminuer le plus rapidement possible notre consommation énergétique. Ces changements importants de comportements doivent être volontaires : la sobriété n’est pas la pauvreté, car il est question de choix, pas de moyens. Dans ce scénario, le Français mange trois fois moins de viande qu’aujourd’hui, ce qui implique la disparition de 85 % de l’élevage de viande porcines et bovines. L’agriculture émet deux fois moins de gaz à effets de serre : on utilise moins d’engrais chimique, on fait la part belle au bio, et on limite l’importation de produits exotiques. Cela conduit à une amélioration de la fonction de «puits» de carbone des sols et des forêts. Pour l’habitat, on s’applique à rénover plutôt qu’à construire du neuf.Du côté de la mobilité, tout est également repensé : la primauté est donnée aux mobilités douces, aux déplacements à pied et aux transports en commun. Les kilomètres parcourus en voiture ont diminué d’un tiers par personne. Pour que cela soit possible, l’accent est mis sur le localisme, et les territoires sont aménagés en ce sens. Localisme ne voulant pas dire autarcie : les zones rurales sont réinvesties, pour que la voiture ne soit plus un besoin vital. Plus facile de se déplacer à pied ou à vélo quand des commerces ou des espaces de coworking sont à proximité.Dans le deuxième scénario, intitulé «Coopérations territoriales», la société devient une gouvernance partagée, et l’accent est mis sur la coopération. On mise sur une évolution progressive du système économique vers une voie durable alliant sobriété et efficacité. La consommation de biens devient mesurée et responsable, le partage se généralise. «Technologies vertes», le troisième synopsis, promet un développement technologique qui permet de répondre aux défis environnementaux plutôt que des changements de comportements.

«Embarquer la société»

«de la science-fiction» rappelant que «la radicalité est du côté du gouvernement», condamné deux fois pour inaction climatique. Face à elle, Emmanuel Tibloux, directeur de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, préférait «embarquer la société sans la brusquer. Il faut porter la transformation partout, il n’y a aucun endroit que nous devons exclure…» Si le consensus de l’urgence climatique est évident, les modes d’actions sont différents. Alors, faut-il détruire pour reconstruire ? Aurons-nous le courage d’oser scénario 1 ou laisserons-nous s’imposer sans réagir le 4 ?