quelles énergies pour la France de demain  ?


Il faut le reconnaître aux candidats de la prochaine élection présidentielle. La question est complexe. Et c’est peut-être bien ce qui la rend si intéressante. Jusqu’à récemment, nous pensions tous, un peu naïvement, que ce choix pourrait être guidé par la seule volonté — ou non — de limiter le réchauffement climatique. En réduisant plus ou moins drastiquement nos consommations d’énergies fossiles — pétrole, gaz et charbon. Puisque, faut-il encore le rappeler, leur responsabilité dans la crise climatique que nous vivons est désormais « sans équivoque ».Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nous avons découvert une autre problématique tout aussi importante. Celle de la dépendance énergétique. De quoi ajouter une inconnue à l’équation ? Pas tout à fait. Puisque là encore, il y a un coupable tout désigné  : les énergies fossiles. Les mêmes énergies fossiles qui réchauffent notre Planète sont aussi celles qui financent aujourd’hui la guerre.Mais comment se passer de celles sur lesquelles nous avons compté pendant plusieurs décennies ? Les experts estiment en général que nous aurons besoin pour cela de toutes les sources d’énergie bas carbone. Toutes. Un mix énergétique — un bouquet énergétique, pour les « puristes » — le plus diversifié possible pour faire face aux incertitudes qui font le monde d’aujourd’hui. et de demain. Et que ça risque même de ne pas suffire. Qu’il faudra y ajouter quelques touches de sobriété — mais de ça, nous reparlons dans un prochain sujet.Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est d’essayer de comprendre comment les douze candidats à l’élection du 10 et du 24 avril 2022 envisagent de relever le défi ? Futura a fouillé les programmes pour vous. Fouillé, parce que c’est à souligner, un de ces candidats seulement — il s’agit de Yannick Jadot, par l’intermédiaire de Delphine Batho –, a pris la peine de répondre à nos questions sur le sujet  — précisons aussi que le temps nous a manqué pour contacter l’équipe d’Emmanuel Macron sur ce premier sujet.

Sur le futur mix énergétique

fioul, charbon) à peine 8 % — nous assurant d’ores et déjà une certaine indépendance. Le même bilan note que la part des énergies renouvelables recule par rapport à l’année d’avant. En cause, des conditions météorologiques défavorables à l’hydraulique et à l’éolien. Malgré une augmentation du parc. La part du nucléaire, elle, apparaît en croissance. Malgré la faible disponibilité du parc de réacteurs en fin d’année notamment. De quoi nous rappeler, une fois de plus que la question n’est pas si simple.Sachant cela, voyons ce que nous proposent les candidats à la prochaine élection présidentielle.Il y a d’abord ceux qui misent sur le 100 % renouvelable  :

quelles énergies pour la France de demain  ?

  • Philippe Poutou l’envisage pour 2050 ;
  • idem pour Jean-Luc Mélenchon ;
  • pour Yannick Jadot ;
  • et pour Anne Hidalgo, ce sera « aussi rapidement qu’il sera possible ».

Signalons à toutes fins utiles que, selon RTE, un « remplacement des réacteurs nucléaires déclassés par les seules énergies renouvelables éolienne et solaire permettrait d’atteindre le 100 % EnR en 2060 ». Avec un certain nombre de questions techniques en suspens concernant un tel système dont il n’existe pour l’heure « aucune expérience d’exploitation à grande échelle ».D’autres candidats visent, semble-t-il, plutôt le 100 % décarboné. Celui qui se contente d’éliminer les énergies fossiles de l’équation. Même si seulement deux l’affichent clairement  :

  • c’est Fabien Roussel qui le planifie à l’horizon 2040-2050 ;

Nathalie Arthaud, elle, montre sa différence. Elle n’hésite pas à affirmer que « mal maîtrisées, toutes les énergies peuvent présenter une menace ». « En maîtriser non seulement la technologie, mais aussi les conditions de mise en œuvre, c’est impossible dans une économie où les décisions sont prises, totalement ou partiellement, en fonction du profit », explique-t-elle sur son site de campagne. Même les énergies renouvelables ne trouvent pas grâce à ses yeux. « Elles sont surtout aujourd’hui une source inépuisable. de profit. Ces énergies servent de prétexte à des subventions sans fin, une aubaine pour les fabricants et les installateurs. » Nathalie Arthaud appelle ainsi à « mettre fin à ce système, irresponsable vis-à-vis des ressources de la Planète comme il l’est vis-à-vis de l’humanité tout entière, la seule manière conséquente de se battre pour une société respectueuse de son environnement. »La question du nucléaire, elle, est celle qui divise le plus. Nous l’évoquerons d’ailleurs très prochainement dans un sujet dédié. Pourtant, aussi bien d’un point de vue de la lutte contre le réchauffement climatique qu’indépendance énergétique opposer énergie nucléaire et énergies renouvelables apparaît sans fondement. Le vrai combat, rappelons-le une fois de plus, doit se mener contre les énergies fossiles — le pétrole, le gaz et le charbon — qui nuisent à notre climat et à notre santé. Tout autant qu’à notre souveraineté.Pour l’heure, disons simplement qu’un unique candidat souhaite sortir du nucléaire au plus vite  : Philippe Poutou. Parmi ceux qui ne veulent plus du nucléaire, il y a aussi Jean-Luc Mélenchon, qui accepte toutefois de prendre un peu plus de temps pour arrêter les centrales nucléaires existantes. Il y a aussi ceux qui veulent s’appuyer sur le nucléaire — ou au moins qui en acceptent la présence — pour passer au 100 % renouvelable  : Anne Hidalgo ou Yannick Jadot. Et ceux qui comptent sur le nucléaire à plus long terme. C’est le cas de la majorité des candidats à l’élection présidentielle  : Valérie Pécresse, Éric Zemmour, Jean Lassalle, Fabien Roussel, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan et Emmanuel Macron.Nathalie Arthaud, une fois encore, se démarque. Selon elle, « c’est le capitalisme qui rend le nucléaire dangereux » et « poser le problème en termes de « sortir » ou « ne pas sortir » du nucléaire, indépendamment des conditions sociales et économiques dans lesquelles nous vivons, est au mieux une impasse, au pire une diversion. »

Sur la question de l’éolien

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)Mais cette énergie renouvelable semble vouloir rester celle qui fait le plus débat dans la société et parmi les candidats à l’élection présidentielle.Certains candidats s’y opposent assez farouchement  :

  • Nicolas Dupont-Aignan annonce ainsi « zéro éolienne implantée en cinq ans ». Il compte d’ailleurs « utiliser les aides et incitations actuellement réservées aux éoliennes pour financer un grand plan d’isolation thermique des bâtiments ».
  • Éric Zemmour veut « mettre fin à tous les projets d’éoliennes actuels et futurs, sur terre comme en mer ». Au nom de la défense de « la beauté et de l’intégrité de notre patrimoine naturel ».
  • Marine Le Pen souhaite non seulement « arrêter les projets éoliens », mais aussi « démanteler progressivement les parcs existants ». Elle compte « rendre aux ménages les 5 milliards de subventions versées notamment aux éoliennes ».

D’autres sont un peu plus nuancés  :

  • Pour Valérie Pécresse, « aucun projet éolien » ne sera lancé « sans l’accord des populations ».
  • Idem pour Jean Lassalle qui promet de « stopper l’éolien en interdisant les projets non validés » par les habitants.

Il y a enfin ceux qui comptent intégrer pleinement l’éolien à leur bouquet électrique  :

  • Jean-Luc Mélenchon qui souhaite « plus que doubler l’éolien » pour arriver à environ 18.500 éoliennes sur terre et 3.000 en mer en 2050.
  • c’est « l’augmentation de la puissance des parcs existants », nous précise Delphine Batho. « Puisque nous allons entrer dans la période de renouvellement possible, il faudra remplacer les éoliennes existantes par de nouvelles, plus performantes. Pour produire plus aux mêmes endroits. »

/h2> En cause ainsi que « développer l’énergie solaire (production et stockage) avec pour objectif de créer des centrales solaires. »

  • Fabien Roussel ne distingue pas énergie éolienne d’énergie solaire. Pour lui, il faut « investir dans les énergies renouvelables » et encourager la recherche à « mettre au point des solutions technologiques répondant aux critères écologiques (décarbonation et dépollution) et sociaux (bas prix et emplois) », un « indispensable pour une transition énergétique réussie ». Il promet ainsi « des investissements sur tous les modes de production d’énergie décarbonée (renouvelables, nucléaire de fission ou de fusion) et sur leur interaction avec le réseau (stockage, pilotage, etc.) ».
  • Éric Zemmour semble vouloir, tout comme il l’annonce pour l’éolien, « arrêter de subventionner dans des proportions déraisonnables » l’énergie solaire.
  •  « la multiplication par 10 de notre puissance solaire ».

    nous indique Delphine Batho. « En installant 340 km2 de panneaux solaires sur les toitures d’entrepôts, de grandes surfaces commerciales et d’ombrières sur parking. » Selon elle, « il y a largement de quoi faire ».

    Sur les autres sources

    Jean Lassalle appelle à « développer l’énergie de la mer (houle, écart thermique entre la surface et les grands fonds, etc.) » grâce à « l’atout précieux que constitue notre façade maritime ».Fabien Roussel compte « investir surtout dans l’hydraulique, une énergie renouvelable pilotable ».Valérie Pécresse évoque « l’hydrogène et les biocarburants ».Éric Zemmour, aussi, parle d’hydrogène, mais surtout « dans les transports en commun, dans l’industrie et dans le transport lourd ». Il annonce vouloir « encourager toutes les technologies qui réduisent notre dépendance aux hydrocarbures et développer des alternatives crédibles et pérennes aux hydrocarbures comme les piles à combustible, les batteries électriques ou les biocarburants dans les transports. ». Mais souhaite tout de même « rediriger le soutien public à l’éolien vers la géothermie, le bois-énergie, les réseaux de chaleur ou les pompes à chaleur pour remplacer les consommations de gaz ou de fioul ».Jean-Luc Mélenchon compte « encourager les bioénergies (biomasse et biogaz) ». Il prévoit de « faire augmenter la production de bois énergie de 50 %, sans sylviculture dédiée » et d’« avoir recours au biogaz produit par méthanisation, sans y consacrer de terres ». Il voit dans les « énergies marines renouvelables une filière d’avenir, notamment pour assurer l’autonomie énergétique des outre-mer ».Marine Le Pen annonce vouloir « relancer la filière hydroélectrique et investir dans la filière hydrogène ».Pour Yannick Jadot, le sujet de « la chaleur renouvelable (géothermie, biomasse, biogaz) est un sujet capital », nous explique Delphine Batho. La proposition est la suivante  : « Multiplier par trois le fond chaleur ». En matière e biogaz plus spécifiquement, « produire 32 TWh à l’horizon 2030 grâce au développement de méthaniseurs de taille modeste. » Yannick Jadot compte aussi encourager les projets citoyens. « Pour faire de 15 % des Français des coopérateurs d’énergies renouvelables. » Et relancer les énergies marines. « Grâce notamment, dans le contexte de hausse des températures, à des systèmes qui existent d’utilisation de l’eau fraîche de la mer pour rafraîchir », souligne encore Delphine Batho.Emmanuel Macron, comme déjà annoncé il y a quelques mois, compte « investir pour devenir le leader de l’hydrogène vert ».

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