QUESTION1, subst. fém.I. − Demande adressée en général oralement à quelqu’un, soit sous la forme d’une phrase incomplète qui appelle un complément, une confirmation, ou une dénégation, soit sous la forme d’une interrogation, pour en apprendre quelque chose, en obtenir une réponse, en connaître l’opinion; l’énoncé de cette demande. Accabler de questions, adresser des questions, cribler de questions, détourner la question, éluder la question, formuler une question, harceler de questions, préciser sa question, presser de questions, renouveler sa question, répéter une question, répondre à une question; question absurde, compromettante, déplacée, directe, ennuyeuse, fondamentale, franche, inattendue, insidieuse, perfide, rituelle, saugrenue; belle, bonne question. D’abord, Nana avait eu peur de rencontrer d’anciennes amies qui lui auraient fait des questions bêtes (Zola, Nana, 1880, p. 1301).Et de quoi vivez-vous? demanda M. Seurel, qui suivait tout cela avec sa curiosité un peu puérile de maître d’école et qui posait une foule de questions (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 149) :1. Quand le feuilleton quotidien « Irène » fut suspendu (écoute féminine de l’après-midi), 350 000 auditrices demandèrent qu’il fût repris. Et quand il fut ressuscité sous le nom de « Tarville », et qu’on eût posé cette question sur l’antenne : « Voulez-vous qu’il soit édité? » 55 000 demandes favorables ont été adressées au producteur de l’émission.
Weinand, Public. radioph. 1964, p. 23.Rem. Au xixes. la loc. usuelle était faire une question, des questions; auj. la loc. cour. est poser une question.A. − Spécialement 1. DR. CIVIL. Mode d’instruction par voie de questions. Synon. interrogatoire.Prévenu de l’attaque, et pour y faire face, M. Prouteaux, chef de cabinet du gouverneur, avait courageusement pris place aux côtés du ministère public; ce que certains ne manquèrent pas de trouver « déplacé ». À noter l’effarante insuffisance des deux interprètes; parfaitement incapables de comprendre les questions posées par le juge (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 693).P. plaisant. La princesse m’a dit ce soir (sans question préalable de ma part) qu’elle avait écrit à M. Serres qui ne lui a pas répondu (Flaub. Corresp. 1865, p. 36).2. DR. CONSTIT. Questions écrites, orales, inscrites à l’ordre du jour, d’actualité; questions orales au gouvernement. Demandes d’explications adressées par un député à un ministre, soit par écrit, soit au cours d’une séance du parlement. Les questions écrites constituent un bel exemple d’institution détournée de son objet primitif. En fait, elles sont le plus souvent le moyen pour le parlementaire, à la demande d’un électeur, d’obtenir un renseignement de l’administration sur un cas personnel et précis (Vedel, Dr. constit. 1949, p. 455) :2. Les questions orales. La question orale est un procédé de contrôle assez délaissé dans la pratique parlementaire française, alors qu’elle tient une large place dans la vie politique britannique. L’assemblée réserve chaque mois une séance pour les questions orales.
Vedel, Dr. constit. 1949, p. 455.♦ Question de confiance. ,Demande du gouvernement à l’assemblée d’apprécier sa politique, mettant en jeu la responsabilité du gouvernement s’il est mis en minorité » (Barr. 1974) : 3. La pratique parlementaire a essayé d’assouplir le plus possible le jeu de l’article 49 notamment en admettant que le président du conseil pouvait recevoir du conseil des ministres une autorisation de principe lui permettant dans un débat donné de poser la question de confiance autant de fois et dans toutes les occasions où cela lui paraîtrait nécessaire.
− une composition de sciences naturelles Durée des épreuves: 3 heures (Encyclop. éduc. 1960, p. 212).4. PSYCHOL. SOC. Partie, élément d’un questionnaire d’enquête : 4… le ministère de l’agriculture adressait aux vétérinaires français un questionnaire très précis, relatif à la contagion de la fièvre aphteuse à l’homme. À la première question : « La fièvre aphteuse est-elle susceptible de se transmettre à l’espèce humaine connaissez-vous des exemples de transmission accidentelle? » Presque tous répondirent par la négative. L’enquête faite en Suisse, en 1876, par le professeur Pütz, a donné des résultats à peu près semblables.
1968) S’adresser une question, se poser des questions, se torturer de questions. Je me pose cette question avec tristesse, quand sœur Séraphique − la représentation étant terminée − abandonne son poste auprès de la fenêtre et se rapproche de mon lit (Coppée, Bonne souffr. 1898, p. 36).Plusieurs voies d’approche s’offrent à celui qui s’est posé la question des rapports qui existent entre nous-mêmes et nos rêves (Béguin, Âme romant. 1939, p. xiv) :5. Je reviens à la connaissance de Dieu : il y avait deux partis à prendre (.) montrer Dieu comme aboutissement de la théorie extraordinairement précise de Claudel (.). Montrer délibérément Dieu comme la seule promesse de l’éternelle question de notre cœur, le seul baume à notre blessure, le seul apaisement plus nécessaire que la vérité − et aussi vrai qu’elle.
Alain-Fournier, Corresp. 1907, p. 55.II. − Sujet sur lequel on a des connaissances qui prêtent à confusion, pouvant donner lieu à discussion; centre d’intérêt considéré comme matière à réflexion. Question approfondie, capitale, complexe, controversée, débattue, délicate, discutée, élémentaire, facile, générale, importante, insoluble, juive, particulière; vaste question; question à l’étude; aborder une question; étudier, traiter une question; entrer dans le vif de la question; mettre une question sur le tapis; s’occuper d’une question; régler, résoudre, sortir de la question; soulever une question; voilà l’état de la question. À quelle idée cette génération va-t-elle se dévouer? Elle sait qu’elle doit s’emparer des hautes questions, qu’elle doit résoudre les questions sociales et religieuses. Et comment le faire? (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 114).Il n’en demeure pas moins vrai qu’à la fin du XIXesiècle deux difficultés chroniques continuent de menacer le capitalisme : la question sociale qui subsiste malgré l’amélioration certaine du sort des ouvriers, et surtout les crises de surproduction (Lesourd, Gérard, Hist. écon. 1968, p. 31) :6. Les faits intervenus depuis quelque temps dans les rapports de valeur entre les métaux précieux, et les discussions de l’opinion publique ont rapidement mûri parmi nous, chez plusieurs esprits, la question monétaire longtemps si mal comprise, bien que, dès 1815, la Grande-Bretagne ait posé en cette matière des principes, qui ont groupé sous leur application, des populations d’un nombre toujours croissant depuis lors.
,Problème juridique particulier qui peut être d’ordre administratif, civil ou pénal, qui doit être résolu par la juridiction normalement compétente avant que la juridiction saisie d’un litige dont la solution dépend de celle qui sera donnée à ce problème particulier, puisse statuer au fond » (Barr. 1974). A. − 1. Question de.Question concernant, ayant trait à. Question d’argent, de droit, d’éducation, de fond, de forme, de goût, de santé, de service (ce qui concerne la compétence d’un service). Non ! il n’y a pas trop d’horreurs (pour mon goût personnel il n’y en a même pas assez ! mais ceci est une question de tempérament) (Flaub. Corresp. 1861, p. 439).L’autre , plus général, et qui pose, malgré tout, une question de méthode (L. Febvre, De Linné, ds Combats, 1953, p. 324) :7. La question des écoles normales propres à les former; la question de l’enseignement exclusivement laïque ou mixte, au choix des parents; la question, comme conséquence, de la séparation de l’Église et de l’État; la question du travail des enfants dans les fabriques ou aux champs; et, comme conséquence, l’obligation d’indemniser les parents vieux ou infirmes, ou trop pauvres, ou trop chargés de famille, qui vivent du travail de ces enfants. J’en passe. Surgit la question de l’impôt; aussitôt cent autres questions vitales se présentent. Il en est ainsi de tout ce que nous voulons toucher.
et que la technique de formation artistique ne doit surtout pas cacher et précéder la sensibilisation.
B. Schwartz, Réflex. prospectives, 1969, p. 17.− P. ell. fam. Pas question ! Tu crois quand même pas qu’ils auraient le toup’ d’appeler Police-Secours? (.) − Pas question, mais (.) quelques malfrats à la rescousse (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 154).− Il est hors de question de. V. hors II B 2 d ex. de Beauvoir.b) Il est question de. On envisage de. Il est toujours question d’ouvrir cette rue du Dix-Décembre, qui doit aller du nouvel Opéra à la Bourse (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 172).c) C’est une question de + subst. C’est un problème qui concerne tel ou tel point, tel ou tel aspect. Question de jours, de bon sens. Vous posez mal le problème. Ce n’est pas une question de vocabulaire, c’est une question de temps (Camus, Peste, 1947, p. 1256) :9. Quand on examine attentivement la question de l’irritabilité et de la sensibilité, l’on s’aperçoit bientôt que ce n’est guère qu’une question de mots, comme beaucoup d’autres qui divisent le monde depuis des siècles.
Cabanis, Rapp. phys. et mor. t. 1, 1808, p. 76.− En partic. C’est une question de temps, de jours, de mois. Il n’y a plus que quelques mois, jours à attendre. Le mieux serait de planquer Juliette pendant quelque temps, dit la voix du docteur, après tout, maintenant ce n’est peut-être plus qu’une question de mois (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 92).V. aussi supra ex. de Camus.d) P. ell. et pop. Affaire de. Il me venait, question de gonzes et de mistonnes, une lucidité de gamberge stupéfiante. Non seulement à propos des présents, mais encore de tous ceux que j’avais connus (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 229).e) Fam. Question + nom en appos. avec omission de l’art. déf.Question église, mariage, santé. Beaucoup de libérés vivent par deux − non pas (.) question relations sexuelles − non ! mais pour s’entraider (Dussort, Journal, 1930, dép. par G. Esnault, 1953, p. 6).f) Il n’y a pas de question. Sans aucun doute certainement ! Rem. ,Dans la langue contemporaine la locution il n’y a pas de question s’est répandue pour signifier « il n’y a pas d’hésitation, la chose va de soi ». Elle appartient surtout au langage parlé. On observe la tendance à la généralisation d’une locution formée par analogie à partir du mot problème : il n’y a pas de problème » (Dupré 1972).B. − En question1. Se dit de quelqu’un dont on parle ou/et qui est mis en cause. Oui, mais on prétend qu’à Saint-Andréol, le particulier en question a battu plus de dix fois ces deux cardeurs, sans compter Xandri cœur d’hérétique et Spirillo le charmeur d’abeilles (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 218) :10. Des soldats anglais cantonnés le long de la voie du chemin de fer ont pris l’habitude de faire chaque matin leurs ablutions en plein air, ce qui constitue un spectacle choquant pour la demoiselle en question, appelée par son service à leur faire face.
Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 178.2. Qui pose un problème, qui est sujet à discussion. Voilà justement ce qui est en question, dit Trarieux. Je finance le journal du S. R. L. et j’entends lui assurer le maximum de chances (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 236) :11. Ceux-là mêmes pour qui elle est l’instance suprême et qui se prévalent de leur patriotisme peuvent, surtout lorsque l’existence même de la nation n’est pas en question, être en même temps, et d’abord, les hommes d’un groupe, d’une classe ou d’une province.
Traité sociol. 1968, p. 393.♦ Mettre, remettre en question. Contester l’existence de quelque chose en faisant naître des incertitudes à son sujet. Synon. mettre en cause*.On remet tout en question; c’est intolérable (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 336) :12. Envisagée sous l’aspect dogmatique, cette connexité fondamentale représente la science proprement dite comme un simple prolongement méthodique de la sagesse universelle. Aussi, bien loin de jamais remettre en question ce que celui-ci a vraiment décidé, les saines spéculations philosophiques doivent toujours emprunter à la raison commune leurs notions initiales, pour leur faire acquérir, par une élaboration systématique, un degré de généralité et de consistance qu’elles ne pouvaient obtenir spontanément.
Comte, Esprit posit. 1844, p. 71.C. − Littér. Faire question.Être sujet à discussion, être douteux. − Cela ne fait pas question. C’est certain. Quant au congé, comme il m’est absolument nécessaire, il faut que je l’obtienne ou que je donne ma démission; de sorte que cela ne fait pas une question et le plus petit embarras pour moi (Chateaubr. Corresp. t. 2, 1821, p. 206).Rem. Les dict. indiquent faire question. Besch. 1845-46 :, ,Ceci fait question, ne fait pas question. Ceci est douteux, ceci est hors de doute ».REM. Question(-),(Question, Question-) élém. de compos.Le 2eélém. désigne le but ou le contenu de la question. a) Question piège, subst. fém.V. supra I.b) Question-concours, subst. fém.Le lendemain du premier passage à l’antenne (.), plus de 7.000 lettres d’auditeurs répondent à la question-concours (L’Express, 31 mars 1969ds Gilb. 1980).c) Questions-réponses, subst. fém. plur.Le soir, dans un auditorium en bois ciré comme une église, le jeu des questions-réponses reprend (L’Express, 17 mai 1976, p. 83, col. 2).Prononc. et Orth. :. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 « point sur lequel on a des connaissances imparfaites, qui est à examiner ou à discuter » (Philippe de Thaon, Comput, éd. I. Short, 1157 : questiun); 1174 il aveit bien solu ses questiuns (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2371); 2. ca 1160 « demande qu’on adresse à quelqu’un en vue d’apprendre quelque chose de lui » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave2, 8499). Empr. au lat.quaestio « recherche », qui a pris dans la lang. jur. le sens de « enquête, interrogatoire » et spéc. celui de « enquête avec torture » (v. question2), de quaesitum, supin de quaerere, v. quérir.