« Plutôt que « qui va gagner », il serait plus juste de parler d’agresseur et d’agressé. Sur le papier, au début de l’invasion russe, le rapport de force était en défaveur de l’Ukraine. La Russie disposait d’une armée préparée, parmi les plus puissantes du monde, et avait l’avantage du nombre. Grâce à cela, elle a avancé très vite et a gagné beaucoup de territoires. Cependant, l’Ukraine a su se défendre en mobilisant sa population et de nombreux pays. Le président ukrainien est venu en Europe (en France, notamment) afin de renouveler ces aides et pour obtenir de nouveaux armements. Aussi, certains pays qui soutiennent la Russie en temps normal s’abstiennent, comme la Chine par exemple, qui s’est déclarée en faveur de  »
la paix et la tranquillité dans le monde
« . Grâce à ces soutiens, les Ukrainiens ont repris du terrain dans le nord-est et dans le sud du pays. À ce jour, ils auraient libéré 6 000 km2 de territoire, selon le président Zelensky.
 »
– Est-ce que la Russie et l’Ukraine peuvent décider de faire la paix ?
« Il est bon de rappeler que la (grande) majorité des conflits armés s’arrêtent par des accords et discussions politiques, plutôt que par une victoire armée. Des situations similaires ont déjà existé, comme avec les États-Unis au Vietnam, en Afghanistan, ou en Irak. Au bout de plusieurs années de combats, les pays finissent par admettre que tous leurs objectifs ne seront pas atteints et qu’il faut trouver une porte de sortie.
Dans ce cas
Pour autant, la paix est toujours un objectif de la guerre. Le président ukrainien Zelensky a un plan de paix que Poutine refuse pour l’instant. Russie et Ukraine ont des intérêts communs à faire la paix, économiquement, politiquement comme socialement. Ces deux pays font partie de l’ONU, dont le but est de promouvoir la paix. D’ailleurs, une médiation de l’ONU et de la Turquie, a permis de trouver un accord pour exporter librement les céréales des deux pays par la mer Noire. Cet accord peut être interprété comme un signe d’espoir vers un accord de paix entre les deux pays. »
– Cette guerre peut-elle s’étendre au reste de l’Europe ou au monde ?
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Dans une certaine mesure, oui. Vladimir Poutine concentre ses forces sur l’Ukraine mais il a déjà impliqué la Biélorussie dans le conflit pour en faire une base d’attaque vers l’Ukraine. Surtout, si un pays voisin de l’Ukraine faisant partie de l’OTAN venait à être attaqué, l’organisation serait obligée d’entrer en guerre pour le défendre. Nous avons craint cela quand un bombardement a eu lieu en Pologne le 15 novembre 2022.
Le conflit entre l’Ukraine et la Russie pourrait s’étendre aussi au niveau mondial puisque les belligérants disposent de soutiens de nombreux pays. Les deux grandes puissances, la Chine et les États-Unis, soutiennent chacune un pays différent. Le conflit pourrait alors conduire à une implication plus forte des deux puissances mondiales et une guerre qui s’étendrait à d’autres parties du monde pourrait éclater (Taïwan).
Enfin, il y a déjà des effets planétaires de cette guerre, avec la crise des céréales et des hydrocarbures qui ont de très mauvaises conséquences économiques et sociales et qui font craindre des famines dans les régions dépendantes des céréales russes et ukrainiennes.
Pour autant, l’hypothèse d’une « Troisième Guerre mondiale » est en réalité très limitée. Un changement géopolitique majeur s’est produit après la Seconde Guerre mondiale qui limite le risque d’engrenage des alliances qui avait conduit aux guerres mondiales : Les États-Unis, la Russie, la France, ou encore la Chine sont des puissances nucléaires et chacun mesure bien qu’un conflit entre puissances nucléaires serait catastrophique. Enfin, pour l’instant il est très peu probable que ce conflit régional s’étende à l’échelle européenne ou mondiale car cela nécessiterait des moyens militaires, humains et financiers dont la Russie ne dispose pas. »
– Est-ce que ça peut être dangereux pour la France de soutenir l’Ukraine ?
« La France ne risque pas grand-chose dans ce conflit. Depuis le début, elle a décidé de se positionner auprès de l’Ukraine, mais sans pour autant montrer une hostilité trop forte envers la Russie. Au contraire, la France garde un lien avec la Russie, même si les relations diplomatiques se sont tendues. Si la Russie décidait de s’en prendre directement à un pays comme la France, elle serait bien seule, car la France, en tant que membre de l’OTAN, serait défendue par un grand nombre de pays. Nous attaquer serait très risqué pour la Russie. Enfin, la France n’est pas directement impliquée sur le terrain et ne s’oppose pas militairement aux Russes. Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie et il n’y a donc pas de soucis à se faire quant à une guerre directe ; même si cela n’empêche pas les luttes d’influence sur d’autres terrains. »
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