La députée et ministre fédérale ne quitte pas le caucus du Parti libéral du Canada. Elle ne quitte pas son ministère non plus — si ça arrive, c’est que Justin Trudeau fera un remaniement. Marie-Claude Bibeau l’a même dit clairement, si elle annonce qu’elle tentera de se faire élire comme mairesse de Sherbrooke en 2025, ce n’est toutefois pas le début de sa campagne. Elle va terminer son mandat au fédéral avant de se consacrer au municipal.Alors, pourquoi l’annoncer maintenant, plusieurs mois avant cette campagne? Parce qu’on — les journalistes — n’arrête pas de lui demander, a-t-elle répondu. Il faut dire qu’elle a toujours laissé la porte ouverte, disant même y penser de plus en plus sérieusement. Si elle avait dit non, on n’aurait cessé de lui demander. Ou presque.En ce moment, les rumeurs ratissent large. La conseillère Danielle Berthold y réfléchit, comme l’ancien conseiller, Vincent Boutin. Un nouveau parti politique est en train de se bâtir, Vision Action Sherbrooke. Il paraît, selon les rumeurs, que la conseillère Annie Godbout aussi y réfléchirait. Tout ce monde tenterait donc de déloger Sherbrooke Citoyen qui aura comme candidat à la mairie, selon toutes vraisemblances, Raïs Kibonge. (Oui, ça fait beaucoup de si)
En étant l’une des premières à s’annoncer, Marie-Claude Bibeau va peut-être couper l’herbe sous le pied de quelques personnes.
Le bassin des appuis n’est pas extensible à l’infini. Les gens qui vont soutenir ou s’impliquer dans la campagne de Bibeau ne le feront pas pour d’autres.Annoncer sa candidature maintenant, avant la possible défaite libérale, ça permet aussi de diminuer l’impression que la mairie n’est qu’un plan B. Si elle avait attendu trop longtemps, elle n’aurait pas pu dire, comme elle l’a fait lundi matin, que sa décision serait la même si les libéraux remontaient dans les sondages.Pourquoi l’annoncer le 21 octobre, un an avant l’élection au municipal? Parce que c’est stratégiquement à son avantage. N’y voyez pas un reproche de ma part, c’est un simple constat.
Demi-plongeon
Un autre avantage, c’est que Marie-Claude Bibeau peut se mouiller sans réellement se mouiller. Elle annonce qu’elle va plonger, c’est en soi une prise de position, mais ce sera la seule pour un petit moment.Tant qu’elle sera députée de Compton-Stanstead, elle ne se prononcera pas sur les enjeux de Sherbrooke, ne fera aucune proposition, ne commentera pas les décisions du conseil municipal, bref, elle ne se mouillera pas.La ministre et députée Marie-Claude Bibeau compte terminer son mandat avant de commencer sa campagne au municipal. (Maxime Picard/La Tribune)Marie-Claude Bibeau peut jouer la carte de ne pas mêler les rôles et juridictions, un atout que des gens comme Danielle Berthold ou Vincent Boutin n’auraient pas dans leur jeu. Mais attention, cette carte a une date de péremption, si le gouvernement Trudeau déjoue les pronostics et dure au-delà du printemps prochain, cette carte ne fonctionnera plus. Le temps finira bien par l’obliger à se mouiller.La députée se présente avec la cassette habituelle, celle de rassembler mieux que les autres. Pour appuyer ses propos, elle évoque l’UPA, avec qui elle a réussi à bâtir un lien de confiance lorsqu’elle était ministre de l’Agriculture. La comparaison a toutefois ses limites. La bonne comparaison serait de voir comment elle a réussi à travailler avec le Parti conservateur, le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique. Si on se fie à l’ambiance actuelle à la Chambre des communes, c’est pas mal plus tendu.
Sur papier, Marie-Claude Bibeau a évidemment une expérience et des compétences qui serviraient si elle devenait mairesse de Sherbrooke.
Plus que d’autres qui ont occupé ce poste. Sauf que la politique, ce n’est pas juste une histoire de compétences, c’est aussi une question de visions et de valeurs. Visiblement, là-dessus, il faudra attendre avant d’en savoir plus.Pour réagir à cette chronique, écrivez-nous à [email protected]. Certaines réponses pourraient être publiées dans notre section Opinions.