Rafael Nadal après sa victoire au premier tour de l’Open d’Australie face au Britannique Jack Draper, lundi 16 janvier 2023, sur la Rod Laver Arena, à Melbourne. AARON FAVILA / AP Au petit jeu des pronostics pour 2023, Alexander Zverev n’a pas hésité à se mouiller, à la veille du lancement de l’Open d’Australie (du 16 au 29 janvier), premier tournoi du Grand Chelem de la saison. « Malheureusement, Rafael Nadal va prendre sa retraite après Roland-Garros, a répondu l’Allemand (13e mondial) à Eurosport, sourire en coin. (…) Je pense qu’il va faire un grand tournoi, potentiellement encore le gagner et ensuite dire au revoir. Ce serait la conclusion parfaite. » L’avenir dira si Zverev a un instinct divinatoire, mais depuis son arrivée à Melbourne, le « reigning champion », manifestement pas encore rassasié, multiplie les signes d’épanouissement. Il n’y avait qu’à voir son saut de cabri exalté après avoir remporté simplement le premier set lors de son premier tour victorieux, lundi 16 janvier, face au jeune Britannique prometteur Jack Draper (7-5, 2-6, 6-4, 6-1), pour s’en convaincre. Et dans une Rod Laver Arena à ciel ouvert malgré quelques averses, ses râles trahissaient bien encore sa férocité et non une agonie imminente. Il y a un an, dans ce même décor, l’Espagnol avait réussi l’un des plus beaux hold-up du tennis moderne. Après avoir douté de pouvoir reprendre sa carrière, le pied gauche dans le plâtre quatre mois plus tôt (il souffre du syndrome de Muller-Weiss, une maladie dégénérative qui entraîne une déformation du scaphoïde), Nadal avait remporté, à 35 ans, son deuxième titre à l’Open d’Australie, treize ans après le premier.
« Je n’ai jamais autant perdu »
Un épilogue ancré un peu plus dans les mémoires au vu du scénario de la finale. Mené deux sets à zéro par Daniil Medvedev, le Majorquin était revenu miraculeusement de l’enfer, poussant le Russe dans un cinquième set suffoquant pour finalement le renverser. Sorti groggy, le vainqueur de l’US Open 2021 n’a toujours pas compris le pourquoi du comment, sans parvenir de toute la saison à effacer le traumatisme. Tennis : un Open d’Australie promis à Novak Djokovic et Iga Swiatek ? Mais comme Nadal l’a rappelé à la veille de démarrer l’édition 2023, « tout va très vite dans le sport. Ce qu’il s’est passé l’année dernière, c’est du passé et c’est déjà derrière nous ». Le numéro 2 mondial, qui a récupéré le statut de tête de série 1 du tournoi à la suite du forfait de Carlos Alcaraz (blessé à la jambe), avait débarqué à Melbourne Park en ayant égaré le mode d’emploi de la victoire : il restait sur six défaites en sept matchs. « Je n’ai jamais autant perdu qu’en ce moment, c’est la vérité, admettait-il samedi en conférence de presse. Je me sens vulnérable, bien sûr, mais j’accepte la situation avec humilité. Je dois retrouver ma dynamique et de la confiance mais pour cela, j’ai besoin de victoires. » Celle face à Draper a été laborieuse (3 h 40). Pour un joueur qui a besoin de monter en régime au fil des tours, le tirage au sort ne l’avait pas épargné, « l’un des pires pour une tête de série » au premier tour, a insisté lundi Nadal, tant le gaucher de 21 ans (38e mondial), demi-finaliste à Adelaïde, début janvier, n’en finit pas de monter. Mais il s’en contente : « Peu importe la manière, le plus important c’est que j’aie gagné. J’accepte les fautes directes , je savais qu’il y allait avoir des hauts et des bas aujourd’hui, c’est typique quand on n’est pas dans pas dans une spirale victorieuse. » Il n’en fallait pas plus pour que certains, observateurs comme spectateurs, commencent à s’inquiéter, voire (re)commencent à l’enterrer. Couplée aux blessures – outre le pied, les abdominaux, qui l’ont contraint à déclarer forfait à Wimbledon avant sa demi-finale –, sa récente paternité n’a fait qu’accentuer l’impression de déclin laissée depuis l’été dernier. Mais il faudrait avoir hiberné ces vingt dernières années pour tirer des conclusions définitives sur le phénix de Manacor.
Un pied gauche qui se tient tranquille
disait-il samedi Ce sera un mauvais moment c’est certain « Vous avez l’air d’y penser en permanence puisque semaine après semaine vous m’en parlez à chaque conférence de presse. Je vous ferai à chaque fois la même réponse. Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer dans six mois. La réalité, c’est que je vais essayer de faire une grande saison 2023, je ne pense pas à la retraite », recadre Nadal, qui aura 37 ans le 3 juin. Cela tombe bien, l’Association des joueurs de tennis professionnels (ATP) n’a pas prévu de lancer un débat sur l’âge légal de départ du circuit. Article réservé à nos abonnés Tennis : à Melbourne, le roi déchu Novak Djokovic veut reconquérir sa couronne Elisabeth Pineau(Melbourne (Australie), envoyée spéciale)