Raphaëlle, 82 ans, privée d’ascenseur et de sorties depuis plus de deux mois


Elle habite cet immeuble de la rue d’Oseille à Reims depuis 23 ans. Des pannes d’ascenseur, Raphaëlle en a connues… Brèves et sans conséquences graves sur son quotidien. Mais cette fois, le bailleur de son immeuble a décidé de le remplacer, en plein été.

Un chantier débuté le 21 juin 2022 et qui, à ce jour, n’est pas terminé. Handicapée, Raphaëlle se sent prisonnière.

Raphaëlle, 82 ans, privée d’ascenseur et de sorties depuis plus de deux mois

. non plus.

Ce qui se passe dans son immeuble de la rue d’Oseille à Reims est, selon elle, « scandaleux ». Le chantier de remplacement de l’ascenseur a débuté le 21 juin. « Depuis de longues semaines je n’entends, ni ne vois plus personne ».

Tout est à l’arrêt, le quotidien de Raphaëlle surtout.

Ce matin-là à 11 heures, je sonne à la porte de la résidence. Par l’interphone, Raphaëlle me demande si elle peut me lancer ses clés par la fenêtre pour que je puisse relever son courrier.

Bloquée dans son appartement au 5e étage, la vieille dame est atteinte d’une polyarthrite rhumatoïde, une maladie dégénérative inflammatoire chronique qui touche les articulations en les déformant et à terme, les détruisant.

Pas de courrier dans la boîte aux lettres, je monte les 5 étages par l’escalier en béton et en colimaçon. Raphaëlle m’ouvre et m’accueille tout sourire.

Au téléphone, son humour, parfois caustique, m’avait laissé penser que cette mamie de 82 ans était pleine de ressources. C’est sans aucun doute ce qui la sauve aujourd’hui. Sans cet humour et un moral d’acier, les choses auraient pu tourner bien plus mal.

C’est beaucoup trop long ». Tout en commençant à répondre à mes questions, Raphaëlle me sert un café.

Dans son appartement, elle se déplace avec sa canne anglaise « ma meilleure copine ». « J’ai appris avant-hier qu’ils ont prolongé encore de cinq jours la remise en service du nouvel ascenseur. Du 26 août, on passe au 5 septembre.

 »

la responsable m’a répondu que je n’étais jamais contente

Raphaëlle, 82 ans, bloquée chez elle depuis plus de deux mois.

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Et la protection civile lui permettra de sortir deux fois par semaine.

« Avant l’arrêt de l’ascenseur, des personnes de la protection civile sont venues avec une crémaillère. Une sorte de transporteur avec des chenilles, m’explique Raphaëlle. Mais c’est fait pour des escaliers droits.

J’ai dit aux responsables : je ne monterai pas dans votre engin, tout en leur précisant que les personnes susceptibles de me descendre étaient, ce jour-là, très retraitées. Je n’étais pas très rassurée. Ça les a mis en colère et le responsable m’a fait une leçon de moral.

 »

Raphaëlle est ainsi, elle n’a pas sa langue dans sa poche. Lorsqu’elle a vu la débauche d’énergie qu’il fallait mettre en œuvre pour lui permettre de descendre les cinq étages de son immeuble, elle s’est dit que cela n’était pas raisonnable. « Ils sont revenus, ensuite avec un porteur, une sorte de chaise portée à bras.

Il fallait aussi descendre mon scooter. Je ne pouvais pas leur imposer cela deux fois par semaine. »

Depuis le 21 juin, Raphaëlle est donc sortie deux fois de son appartement.

Raphaëlle, handicapée, habite au 5e étage sans ascenseur depuis plus de deux mois.

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 Originaire du vignoble champenois, versant sparnacien, Raphaëlle habite à Reims depuis de longues années. Ses deux filles et ses petits-enfants sont loin d’elle.

« Dans les premiers temps, ma fille cadette et mon gendre sont venus de Périgueux pour faire mes courses. Ils m’ont fait de bons ravitaillements mais ça n’était pas tenable ».

Ma seule vieillesse est dans mes jambes, précise-t-elle.

Je souffre d’être enfermée. J’ai l’impression d’être en taule.