Dix bonnes résolutions linguistiques pour 2022


Faut-il dire «sur le tard» ou «sur le tas»? «Eh bien» ou «et bien»? En 2022, ne commettez plus ces erreurs !

Vous ne savez jamais quelle forme est la bonne? Vous aimeriez ne plus commettre ces petites fautes du quotidien qui vous agacent et vous font passer pour un sot? Votre résolution de 2022 : éviter ces erreurs si communes et si faciles à corriger. Le Figaro revient sur ces dix fautes qu’on ne veut plus lire ni entendre cette année.

Dix bonnes résolutions linguistiques pour 2022

«Il est sensé passer ce soir»

«Sensé» ou «censé»? Ils se prononcent pareil et nous induisent ainsi en erreur. Mais ces deux adjectifs ont des sens bien différents. Comme l’indique l’Académie Française : «Censé nous vient du latin censere, «évaluer la fortune et le rang», puis «recenser, juger». En français, il signifie plutôt «être supposé» et indique une obligation. «Sensé», en revanche, vient du latin sentio, qui signifie à la fois «sentir par les sens» et «sentir par l’intelligence». Être «sensé» signifie donc avoir toute sa tête, être raisonné. On dira donc «il est censé passer ce soir», «il n’est pas sensé d’avoir couru un tel risque.»

«Et bien» pour «Eh bien»

Il ne faut pas confondre ici l’interjection «eh» et la conjonction de coordination «et» : l’une sert à exprimer un étonnement, ce qui est le cas dans la locution «eh bien», l’autre sert à coordonner de mots de même nature ou deux propositions, comme dans la phrase «il a compris et ne fera plus la faute».

«C’est le roman que je te parle»

«Tiens, c’est le roman que je t’ai parlé». Voilà une phrase qu’on ne veut plus entendre. Nous avons, en effet, une fâcheuse tendance à remplacer tous les pronoms relatifs par ce petit «que», bien pratique mais souvent faux. «Que» est un pronom relatif qui remplit la fonction de complément d’objet direct dans la relative. On dira ainsi «le roman qu’il a écrit» mais «le roman dont je t’ai parlé», «dont» remplissant alors la fonction de complément d’objet indirect. Si le doute subsiste, il suffit de remplacer le pronom relatif par son antécédent: «il a écrit un roman» mais «je t’ai parlé d’un roman».

Apprendre «sur le tard» ou «sur le tas»?

«Il s’est marié sur le tard» ou «il s’est marié sur le tas»? Vous ne savez jamais quelle proposition choisir? Ces deux phrases n’ont certes pas le même sens. La première signifie que le marié n’est plus tout jeune et s’est marié tard, la deuxième indique que les époux se tenaient sur un petit monticule pour échanger leurs vœux, ce qui est plus original. On dira en revanche qu’il «a appris sur le tas», ce qui veut dire «à force d’expérience» dans un langage familier. L’Académie française indique que «cet emploi dérive du sens familier de tas en maçonnerie : «endroit où l’on taille les pierres à bâtir, puis où l’on construit le mur».

Les gestes «barrière» ou «barrières»?

Se laver régulièrement les mains, porter un masque chirurgical à l’intérieur, aérer les pièces… Sans cesse martelés à la télévision et à la radio, nous les connaissons bien ces «gestes barrières». Et pourtant, nous hésitons encore quant à la façon d’orthographier cette fameuse expression. Selon l’Académie Française, la règle est la suivante : «Quand il y a identité entre les deux éléments, les deux prennent la marque du pluriel.». «Geste» et «barrière» constituent deux éléments distincts et portant chacun leur identité : on pourrait dire que ces gestes sont des barrières. À l’inverse, il faudra parler de «films culte» car ces films ne sont pas des «cultes» mais en font l’objet.

Aussitôt + nom

On pourrait ainsi dire : «Aussitôt la nouvelle année arrivée, il jura qu’il ne ferait plus la faute.»

Elle s’est «faite» ou «fait» gronder?

Et ce même avec un verbe pronominal, même avec un complément d’objet direct placé avant l’auxiliaire avoir. On dira ainsi : «elle s’est fait prendre la main dans le sac» ou «les jardins qu’elle a fait aménager».

Des gens «banaux», des compliments «banals»?

On nous l’a martelé quand nous étions enfants: «un cheval, des chevaux», «un bocal, des bocaux» etc. Mais doit-on dire «des gens banals» ou «banaux»? La réponse semble s’imposer d’elle-même, nous n’aurions pas idée de dire des «gens banaux». Il faut donc dire «banals», comme «finals» par exemple. Pourquoi? C’est une raison historique que nous donne l’Académie française : «le masculin pluriel, ordinairement banals (des compliments banals), est banaux quand cet adjectif appartient au vocabulaire de la féodalité et qualifie ce qui était mis à la disposition de tous moyennant le paiement d’une redevance au seigneur (des moulins banaux)». De quoi commencer cette année plus savant.

«La question est répondue»

«La question, elle est vite répondue». Peut-être cette phrase vous semble-t-elle familière, or on ne peut pas dire qu’une question «est répondue» : le verbe «répondre» se construit avec deux compléments d’objet, un direct et un indirect, et quelquefois seulement un complément d’objet indirect. On peut dire «J’ai répondu cela à quelqu’un» ou plus simplement et avec moins de précision «j’ai répondu à quelqu’un». Ainsi, on répond «à une question» et non pas directement «une question» et le verbe répondre ne peut en aucun cas se construire alors à la voix passive.

Être pour Aimer

«Je ne suis pas très fromage, je préfère les desserts». Si cette assertion vous semble parfaitement absurde, bonne nouvelle, vous êtes sur la bonne voie. En effet, il est très peu probable que la personne qui s’exprime «soit» ou «ne soit pas» un fromage, mais il l’est bien plus qu’elle «aime» ou «n’aime pas» le fromage. Cette faute vient sans doute d’une forme abrégée de l’expression «être amateur de». Ainsi, on dira plutôt «je n’aime pas trop le fromage» ou, à la rigueur, «je ne suis pas un grand amateur de fromage».