le recours à l’emprunt oppose deux adjoints


C’était fin juin, l’examen du compte financier unique (CFU), qui remplace le compte administratif et celui de gestion, avait cerné l’atterrissage de la municipalité, en 2022. « Notre ville n’échappe pas à l’inflation. Elle ne fait que rendre l’équation plus difficile », résumait le maire.

 Mais Christophe Laurençot se montrait positif. « On aurait pu être petits bras, on a continué à investir. »À écouter Hicham Naji, son adjoint aux finances et à l’administration générale, la Ville l’a fait de façon « remarquable ».

« En passant les dépenses d’équipement d’un à deux millions d’euros (M€), hors dépenses courantes », exprimait-il. « Avec 3,6M€ d’investissement, contre 2,9M€ en 2021 et moins de 2,5M€ en 2020, notre ville est en pleine mutation. On fait ce que l’on dit : malgré la hausse du fonctionnement, on n’active pas le levier fiscal.

On n’a pas augmenté non plus les tarifs municipaux. Si les gens manquent d’argent, ce n’est pas à cause de la ville de Gray. On continuera ainsi, sans recours, normalement, à l’emprunt en 2023 », avait rebondi le maire.

« Pouvez-vous répondre Monsieur »

Ce « normalement » avait préfacé des échanges entre Philippe Ghiles et Hicham Naji. Depuis des mois, ils sont rares entre ces deux élus qui ont un point commun : celui de souhaiter que leur maire tranche, et si possible en leur faveur. Adjoint à l’ingénierie, l’urbanisme et aux grands projets, Philippe Ghiles avait préparé son coup.

Mécontent de ne pas avoir obtenu de réponse de son collègue, lors d’une commission finances que ce dernier préside, l’ex-candidat aux législatives (Reconquête  ! ) avait remisé ce débat en plein conseil municipal.Devant des regards médusés, l’échange avait été de bonne tenue. Philippe Ghiles, concluant d’un évocateur « pouvez-vous répondre à cette question Monsieur », avait dit ses « incertitudes sur notre capacité à investir ».

« Notre épargne nette est de 290 000 €. Les perspectives du début de mandat étaient autres, ce que l’on peut comprendre. Le recours à l’emprunt me semble inévitable d’ici à 2026.

Le risque de dégrader notre épargne est fort. »Une ligne que n’avait pas partagée Hicham Naji. Appelant à « la confiance », insistant sur le fait de ne « pas douter de nos agents » et que « les engagements avec Monsieur le maire ont été honorés », le deuxième adjoint avait mis en garde.

« Je comprends les inquiétudes, elles sont légitimes et on a droit de les porter. Mais, attention à s’engager, alors que les taux d’emprunt atteignent 4 %… »

Ce vœu d’union venu de l’opposition
Sans doute que cette mouture du conseil municipal de Gray, depuis 2020, ne ressemble à aucune autre. Parti avec une équipe rassemblant droite et gauche, Christophe Laurençot, le maire (Dvd) avait détonné.

En dépit de divisions qui ne mirent que peu de temps à apparaître, cet attelage bancal a avancé sur cette première partie de mandat.D’autant que les deux groupes minoritaires en conseil municipal, issus des deux candidats vaincus en 2020 (Jean-Baptiste Pierrot, qui a vite démissionné et Christophe Dureux) sont débonnaires. Tandis que Philippe Ghiles a regretté que « l’État ne soit pas au rendez-vous », Christophe Dureux (Renaissance) a endossé sa tenue d’arbitre clément.

« On change de paradigme. À l’impossible, nul n’est tenu. Je comprends les interrogations de Monsieur Ghiles qui a mené ces projets.

Peut-être qu’il faudra retarder les projets. »À Christophe Laurençot, spectateur de la scène, il ne manquait plus que les pop-corns. Car la suite était lunaire : « Je fais confiance à cette assemblée pour qu’elle reste unie », lançait Christophe Dureux.

On savait qu’il n’avait d’opposant que le nom. Et, cela pourrait faire deviner que les alliés ou concurrents d’hier, ne seront plus les mêmes demain.