Réélu pour cinq ans, Emmanuel Macron promet un mandat du "renouveau" : 24/04/2022 à 22 : 35


(Actualisé avec Macron, précisions)

par Tangi Salaün, Elizabeth Pineau, Myriam Rivet et Mimosa

Spencer

Emmanuel Macron, réélu pour un

second mandat présidentiel, s’est engagé dimanche à un

quinquennat de renouveau et à respecter le vote de tous les

Français, y compris les nombreux électeurs qui lui ont préféré

Marine Le Pen ou l’abstention.

Réélu pour cinq ans, Emmanuel Macron promet un mandat du

Selon les estimations des instituts de sondage, le chef de

l’Etat sortant a été réélu pour un deuxième mandat de cinq ans

après avoir obtenu plus de 58% des suffrages exprimés, contre

près de 41% à la candidate du Rassemblement national (RN).

nL5N2WM089

La victoire d’Emmanuel Macron, la première pour un président

en exercice depuis le début de la Ve République, hors période de

cohabitation, a été salué par une marée de drapeaux français et

européens brandis par ses partisans au pied de la Tour Eiffel,

sur l’esplanade du Champ-de-Mars, en plein coeur de Paris.

« Vous avez fait le choix d’un projet humaniste ambitieux

pour l’indépendance de notre pays, pour notre Europe », a dit

Emmanuel Macron, arrivé sur scène au son de l' »Ode à la joie »,

l’hymne de l’Union européenne, des enfants à ses côtés.

Dans un discours au ton grave rythmé par les mots « respect »

et « bienveillance », le chef de l’Etat a promis de rendre la

France et l’Europe « plus fortes » grâce à des « progrès concrets »,

et a promis en particulier de « faire de la France une grande

nation écologique ».

nL5N2WM09L

« Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté pour moi,

non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage

a

déclaré Emmanuel Macron.

« Je suis dépositaire de leur attachement à la République et

du respect des différences qui se sont exprimées », a-t-il dit,

promettant que son nouveau mandat ne serait pas « la continuité

du quinquennat qui s’achève, mais un renouveau pour faire

mieux », avec une « méthode refondée ».

« Je pense enfin à ceux qui ont voté pour Madame Le Pen, dont

je sais la déception ce soir », a ajouté le président, faisant

taire quelques huées dans la foule.

LE PEN ÉVOQUE UNE « ÉCLATANTE VICTOIRE »

A quelques kilomètres de là, au Pavillon d’Armenonville, un

ancien relais de chasse situé à la lisière du Bois de Boulogne,

dans l’Ouest parisien, les partisans de Marine Le Pen ont vite

rangé les coupes de champagne et cachaient mal leur déception.

« Evidemment, je suis triste, comme tous les militants ce

soir, je suis aussi choqué de voir qu’une majorité de Français

souhaite réélire un président qui les a méprisés pendant cinq

un gestionnaire de

projet de 27 ans qui soutient la candidate du RN depuis 2010.

Marine Le Pen a rapidement pris la parole pour reconnaître

sa défaite, estimant cependant que son score, « historique » pour

son parti, « représente en lui-même une éclatante victoire » et

promettant de continuer à se battre pour la « France des

oubliés ».

nL5N2WM0DH

« Les idées que nous représentons arrivent à des sommets »,

a-t-elle lancé, engageant la « grande bataille » des législatives

alors que les Français ont manifesté selon elle la volonté

d’avoir « un contre-pouvoir fort à celui d’Emmanuel Macron ».

Bien que confortable, et plus nette que ce que laissaient

présager les dernières enquêtes d’intention de vote en date, la

victoire d’Emmanuel Macron est moins large qu’il y a cinq ans,

quand il avait obtenu 66,1% des voix, contre 33,9% à Marine Le

Pen.

« Il va falloir continuer à travailler, rassembler le pays »,

a déclaré le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément

Beaune sur France 2, soulignant la progression de l’extrême

droite.

« VOTE DE DÉSESPÉRANCE »

Ce score sanctionne un quinquennat marqué par une succession

de crises sociales (mouvement des « gilets jaunes », opposition à

la réforme des retraites), sanitaire (pandémie de COVID-19) et

sécuritaires (attentats islamistes et guerre en Ukraine), qui

laisse une France profondément divisée.

« Il n’y a jamais eu un tel vote de désespérance en France »,

a estimé Christian Jacob, président du parti Les

Républicains(LR, droite), dont la candidate Valérie Pécresse a

été sévèrement battue au premier tour. « Ce n’est pas un vote

d’adhésion » en faveur d’Emmanuel Macron, a renchéri une autre

figure de LR, Rachida Dati.

Le parti des anciens présidents Jacques Chirac et Nicolas

Sarkozy va devoir résister aux sirènes du ralliement à Emmanuel

Macron comme à celles de l’union des droites proposée dimanche

soir par Marine Le Pen et surtout par Eric Zemmour, l’ancien

candidat de « Reconquête ! ».

« La première coalition des droites et des patriotes pour que

les élus de ‘Reconquête !, du Rassemblement national, de ‘Debout

la France’ et ceux des républicains qui ne veulent pas se

rallier à Emmanuel Macron est une chance de peser, voire de

dominer dans la prochaine assemblée », a estimé Eric Zemmour.

A l’autre bout de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon,

troisième du premier tour avec près de 22% des voix, a appelé

ses partisans à « ne pas se résigner » en vue des législatives,

tout en jugeant que la défaite de Marine Le Pen est « une très

bonne nouvelle » pour l’unité du pays.

nL5N2WM0FB

Le taux d’abstention s’est élevé à 28%, selon les instituts,

soit le plus haut niveau pour un second tour depuis l’élection

de 1969 qui avait vu la victoire du gaulliste Georges Pompidou

face au centriste Alain Poher.

« RÉFÉRENDUM »

Pour cette réédition de la « finale » de 2017, qui avait

tourné à la déroute pour la candidate du RN, notamment lors du

débat télévisé d’entre-deux-tours, Marine Le Pen a proposé une

tout autre opposition à Emmanuel Macron.

nL5N2WH3W9

Au fil d’une campagne au long cours, contrairement à celle

du chef de l’Etat qui n’a vraiment démarré qu’au soir du premier

tour, elle s’est forgé une image moins clivante, affaiblissant

le « front républicain » qui a toujours barré la route à l’extrême

droite, tout en trouvant dans la question du pouvoir d’achat,

menacé par la forte inflation, un angle d’attaque efficace.

Conscient du rejet qu’il suscite chez certains Français, et

d’un potentiel de report de voix après le premier tour qui ne

lui était pas forcément favorable, Emmanuel Macron s’est employé

à se présenter ces deux dernières semaines en président qui

« écoute » et qui « protège ».

Mais ni sa politique de « quoi qu’il en coûte » en réponse à

la crise sanitaire, ni le début de revalorisation de certains

salaires, notamment pour les professionnels de santé, ni la

baisse des impôts ou du chômage qu’il a tenté de mettre en

avant, n’ont suscité le même enthousiasme que ses grandes

promesses de changement en 2017.

Lors de ce scrutin qui a pris au fil des jours des allures

de « référendum » sur, ou plutôt contre la personnalité des deux

finalistes, le président s’est employé à « rediaboliser » sa

rivale d’extrême droite, brandissant la menace d’une soumission

de la France à la Russie, d’un « Frexit » déguisé, voire d’une

« guerre civile » en raison du projet d’interdiction du port du

foulard islamique dans l’espace public.

A ces attaques, Marine Le Pen a répondu dans les derniers

jours de campagne par une charge tout aussi virulente contre

l' »arrogance » dont aurait fait preuve le président-candidat

pendant leur seul débat télévisé, reflet selon elle du « mépris »

qu’il a manifesté pendant cinq ans pour « le peuple ».

(Rédigé par Tangi Salaün, avec les contributions de Myriam

Rivet, Matthieu Protard, Mimosa Spencer, Laily Foroudi, Juliette

Jabkhiro, Matthieu Rosemain, Jean-Michel Bélot, édité par Sophie

Louet)

.