Publié le 5 oct. 2022 à 19:15Mis à jour le 5 oct. 2022 à 19:35Le gouvernement trace sa route sur la réforme des retraites. Lors d’une réunion de lancement des concertations avec les partenaires sociaux sur ce chantier ultrasensible ce mercredi, le ministre du Travail, Olivier Dussopt a proposé d’avancer par étapes avant d’en tirer les conclusions à la mi-décembre.Cette réunion était attendue alors que le gouvernement a renoncé la semaine dernière à faire passer en force la réforme dès cet automne dans le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2023. De quoi soulager les partenaires sociaux qui ont tous répondu présents, mercredi, même si les syndicats sont vent debout contre le report de l’âge de départ en retraite à 65 ans .Désormais décidé à faire adopter un projet de loi « avant la fin de l’hiver » pour mettre en musique la réforme « à l’été 2023 », le gouvernement n’a pas détaillé son projet mercredi. Il s’est contenté de parler méthode de travail et calendrier. Le tout dans une ambiance « apaisée » et « constructive », assure-t-on au ministère.Et pour cause, de source syndicale, si le patronat a réitéré son souhait de voir l’âge légal de départ en retraite repoussé, Olivier Dussopt se serait gardé de prononcer les mots qui fâchent, en ne faisant aucune référence explicite aux 65 ans.
Trois « cycles » de discussions
Pour la précédente réforme, avortée en raison de l’épidémie de Covid, la méthode gouvernementale avait été d’avancer en parallèle sur les différents sujets concernés, baptisés « blocs ». Place désormais aux « cycles ». Trois, chacun de trois semaines, vont se succéder très vite. Trop vite, ont déjà dit les syndicats.Les partenaires sociaux vont entrer dans le vif du sujet dès la semaine prochaine – le 10 octobre – où s’ouvrira le premier « cycle » consacré à l’emploi des seniors et à la « prévention de l’usure professionnelle ». A partir du 7 novembre, les syndicats et les organisations patronales seront entendus sur les questions de justice sociale et d’équité. L’occasion d’aborder les sujets de l’égalité hommes-femmes mais aussi du « minimum contributif », sachant que le gouvernement a promis de faire passer la pension minimale d’une retraite à taux plein à 1.100 euros.
Sujets qui fâchent
Ce deuxième cycle de discussions sera aussi l’occasion de commencer à se pencher sur les dossiers sensibles. Les retraites de la fonction publique figureront au programme. Le sujet est d’autant plus délicat que le 8 décembre auront lieu les élections professionnelles qui permettent de mesurer la représentativité des syndicats parmi les agents de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux.Sur ce thème, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini aura aussi son mot à dire même si le chantier reste d’abord piloté au ministère du Travail et à Matignon. C’est aussi là que figurera le sujet explosif des régimes spéciaux qui devrait commencer à cristalliser des tensions.
Eviter les claquements de porte
Enfin, la question délicate de l’équilibre du système des retraites, et donc celle du relèvement de l’âge de départ à la retraite, constituera le troisième et dernier cycle, qui démarrera le 28 novembre.Ce calendrier ménage les susceptibilités syndicales alors que les organisations de salariés affichent leur unité pour s’opposer au report de l’âge légal dont le gouvernement vante l’efficacité pour redresser les comptes du système de retraites promis à des déficits durables . Le gouvernement peut espérer ainsi éviter les claquements de porte au moins jusqu’à la mi-novembre.Sur la forme, au ministère du Travail, on promet une « méthode ouverte où les uns et les autres seront en mesure de présenter leurs propositions ». Mais le choix de procéder uniquement par des entretiens bilatéraux, éventuellement plusieurs, ne satisfait déjà pas les syndicats. « Ça va nous obliger à faire régulièrement des points entre organisations syndicales pour échanger les informations », note un syndicaliste, alors que l’intersyndicale va essayer de travailler à des propositions communes. Les représentants des salariés ont demandé qu’à la fin de chaque cycle soit organisée une réunion de synthèse rassemblant l’ensemble des partenaires sociaux. Olivier Dussopt leur a opposé une fin de non-recevoir. En revanche, il n’a pas exclu d’organiser une nouvelle rencontre avec toutes les organisations patronales et syndicales à l’issue de la concertation.