Le retour d’Axel Witsel chez les Diables rouges pose question et le défenseur y répond : “Tedesco voulait me regarder dans le blanc des yeux »


Axel Witsel (35 ans) a tenu de tels propos en réponse à la projection sur une potentielle victoire finale des Diables rouges à l’Euro en Allemagne. Heureusement, il n’a pas enchaîné de tels clichés au sujet de son grand retour après 18 mois d’absence en équipe nationale. Il n’a même éludé aucune des grandes questions que pose son retour inattendu. Et il le fait avec panache.

Comment s’est déroulée la réunion avec Tedesco ?

L’idée de faire revenir Axel Witsel a germé assez tôt dans l’esprit de Domenico Tedesco. Pour différentes raisons. Il a préféré attendre avant de se rendre en Espagne. Afin de ne pas éveiller les soupçons et pour juger l’évolution d’autres éléments défensifs qui l’ont finalement déçu. »La réunion s’est déroulée début mai, se souvient Axel Witsel avec un sourire barrant son visage. C’était lors d’un match à Majorque. Il m’avait contacté avant, en disant qu’il avait besoin de me voir. J’avais tout de suite compris ce qui se tramait. »Le rendez-vous a été long et la conclusion positive. « La discussion a duré une bonne heure. On s’est tout dit, on a mis tout à plat. Je ne vais pas vous dévoiler le contenu de la discussion mais je peux vous dire qu’on a évoqué le passé et le présent. Le courant est bien passé. L’envie de collaborer était présente des deux côtés. Je voulais revenir chez les Diables. »Au point que Witsel n’a pas dû consulter sa famille avant de « dire » oui à Tedesco. « Je suis un grand garçon, non ?, sourit-il. Ma famille est tellement heureuse pour moi, même si ma femme sait que cela signifie moins de vacances (rires). Je suis super content car mon fils n’avait jamais eu l’occasion de me voir jouer avec l’équipe nationale. »

A-t-il trop vite réagi après son absence de la sélection ?

La communication de Domenico Tedesco au sujet du cas Witsel a toujours été articulée autour de l’annonce de sa retraite internationale quelques mois après la prise de fonction de l’Allemand. Le sélectionneur a répété que la situation était claire malgré les appels du pied du joueur de l’Atletico Madrid. « J’ai quand même été ouvert, sourit le défenseur. Quand je faisais des top matchs en Ligue des champions, je disais que je n’étais pas contre une sélection. »Il a néanmoins fait une sorte de mea culpa, partageant ainsi les torts quant à l’imbroglio autour de sa situation. « Peut-être que dans ma tête, j’ai pris une décision trop rapide au sujet de ma retraite. Mais c’est la vie. On ne savait pas non plus que j’allais faire une telle saison. »

Avait-il un peu de rancœur après plus d’un an sans être repris ?

« Je suis juste content d’être de retour », a-t-il répété plusieurs fois. Et pour cause, Axel Witsel confie volontiers qu’il avait en tête « une autre manière de prendre congé de l’équipe nationale. Quelque chose de plus beau. »La tension est montée entre le joueur et le sélectionneur par médias interposés. Witsel se déclarant ouvert à un retour, Tedesco ne lui donnant par le moindre espoir. De quoi le frustrer ? « Je n’ai aucune rancœur envers qui que ce soit. Ce qui s’est passé fait partie du foot. Il n’est pas question d’arriver avec un sentiment de revanche. »Le fait de pouvoir discuter de la situation de visu a tout changé. « Tedesco voulait me regarder dans le blanc des yeux et y voir mon envie de revenir, dit Witsel. J’avais aussi ce besoin de sentir qu’il comptait sur moi. »

Acceptera-t-il d’être sur le banc ?

Lors de leur rendez-vous, Tedesco a été clair avec Witsel : il ne jouera peut-être pas ou du moins ne sera pas toujours titulaire. Le sélectionneur dit avoir reçu l’aval de son joueur quant à cette situation.Il confirme : « J’ai un passé dans cette équipe avec mes 130 capes (NDLR : le deuxième plus haut total de l’histoire) mais je repars de zéro car je viens pour jouer à une autre position. Je suis sur un pied d’égalité avec les autres joueurs. »Et que fera-t-il s’il passe presque tout le tournoi sur le banc ? Il brandit son passé en argument. « J’ai passé trois mois comme remplaçant à l’Atletico Madrid (NDLR : début 2023) et je ne me suis jamais relâché. Je ne suis pas quelqu’un qui se plaint quand il ne joue pas. Je bosse dur sans faire d’histoire. »

Pourrait-il encore dépanner en 6 ?

La Belgique va devoir changer sa manière de regarder les matchs de son ancienne sentinelle. Durant plus de dix ans, Witsel a symbolisé le milieu récupérateur. « Depuis mars 2023 et mon repositionnement en défense par le Cholo (NDLR : Diego Simeone), je n’ai plus jamais pensé à redevenir milieu de terrain. Je l’ai encore un peu fait en club pour dépanner mais je suis désormais un défenseur. La fin de saison 2022-23 m’a permis d’apprendre les détails du poste, de m’adapter. Cette saison, je me sens bien plus à l’aise et je pense avoir fait pas mal de bons matchs dans une équipe qui ose construire de l’arrière. Ce n’est plus l’Atletico qui marque le 1-0 avant de fermer la porte. »Tedesco a d’ailleurs été clair à ce sujet : Witsel ne serait pas là s’il le voyait comme milieu de terrain. « Il me l’a bien dit. Je suis repris comme défenseur central. »En cas de coup dur, il pourrait toutefois monter d’un cran. « On n’en a pas discuté avec le coach même si j’ai encore certains réflexes du poste. »

Peut-il former un duo avec Vertonghen ?

Witsel a évoqué de lui-même son point faible : son manque de vitesse. « J’ai dû beaucoup faire attention à mon dos quand j’ai pris place en défense, dit le Diable. Si tu n’es pas rapide dans les jambes, il faut l’être dans la tête. »Certains craignent que Tedesco ne tente un duo Vertonghen-Witsel dans l’axe de la défense, ce qui signifierait une grosse perte de vitesse. Witsel n’est pas d’accord. « Jan et moi, ça peut fonctionner mais ce sera au coach de faire des choix. »

Sait-il évoluer dans une défense à 4 ?

L’autre grande discussion de son retour s’articule autour de sa capacité à jouer dans une défense à quatre après une saison dans un trio axial. Que ce soit comme défenseur le plus reculé ou à droite du trio. « Et même parfois à gauche, explique-t-il. J’ai fait tous les postes de la défense. Oui, je suis plus à l’aise à trois mais j’ai déjà joué à deux axiaux à l’Atletico. Je l’ai même fait à Dortmund sans avoir l’expérience que j’ai pu acquérir cette saison. Je dois juste modifier certaines courses et des coulissements mais pour le reste c’est assez similaire. »Sa principale préoccupation: comprendre exactement ce que le sélectionneur attend de ses défenseurs. « Je dois appréhender les bases de son système que je vais découvrir. Je dois apprendre à maîtriser sa manière de jouer. C’est ma tâche dans les deux semaines à venir. »

Son expérience est-elle une arme pour ce groupe ?

Peu de têtes sont totalement inconnues à Axel Witsel mais il ne connaît pas pour autant le groupe comme il connaissait les membres de la génération dorée. « Et c’est bizarre, affirme-t-il. Il y a un nouveau staff, de nombreux joueurs et, en même temps, être ici à Tubize m’a rappelé les années passées. Le sentiment d’étrangeté n’a pas duré bien longtemps. Le premier entraînement a été intensif – comme à Madrid – et je me suis vite remis dans le bain. »Avec 35 ans et six grands tournois au compteur, il devra guider les plus jeunes. « Je ne suis pas le seul mais je sais que je suis également là pour transmettre mon expérience, parler avec les jeunes et les aider sur et en dehors du terrain. »

Prendra-t-il sa retraite définitive après le tournoi ?

L’avenir d’Axel Witsel devrait se dérouler sous le maillot de l’Atletico Madrid. « Je suis en fin de contrat dans moins d’un mois mais je discute actuellement avec mon club. Le but est de prolonger l’aventure ensemble mais on ne sait jamais. J’espère régler ça avant le début de l’Euro. »La retraite en club n’est pas au programme. Mais ce tournoi sera-t-il le moment idéal de dire adieu aux Diables ? Il préfère rester flou. « Je ne dis plus rien sur une possible retraite, se marre-t-il. Je profite du moment car je sais que je ne jouerai plus dix ans. »