Élisabeth Borne était l’invitée exceptionnelle de France Bleu ce vendredi. À l’occasion d’un déplacement dans l’Indre sur le thème des services publics
, la cheffe du gouvernement a participé à l’émission « Ma France », en direct depuis les locaux de France Bleu Berry. C’est la première fois que la Première ministre prend la parole, depuis l’allocution d’Emmanuel Macron
le 17 avril dernier.
La Première ministre est arrivée en milieu de matinée dans l’Indre, d’abord à Valençay, pour une visite officielle sur le thème des services publics
, puis à Buzançais, pour rencontrer des services en charge de l’établissement des cartes d’identité et des passeports.
La Première ministre invite les syndicats à rencontrer le gouvernement
Interrogée par Wendy Bouchard sur les manifestations au son des casseroles qui accompagnement les déplacements des membres du gouvernement,
dont celui d’Elisabeth Borne ce vendredi, la Première ministre a invité les syndicats à participer aux rencontres proposées
par le gouvernement.
« Il y a une contestation, c’est normal, on a le droit de manifester », a estimé la Première ministre. « Ce que je regrette, peut-être, c’est qu’on a proposé à l’intersyndicale d’être reçus », a-t-elle rappelé. « Même s’il y a peut-être des désaccords, c’est important de se parler. Donc je les invite à accepter nos propositions pour échanger, même si on n’est pas d’accord », a-t-elle insisté. Pour rappel, le dialogue est rompu entre les syndicats et le gouvernement, après le passage en force de la réforme des retraites via le 49.3, et alors que la loi a été promulguée après validation
de la plupart de ses dispositions par le Conseil constitutionnel.
Diviser par deux les délais pour les titres d’identité
Elisabeth Borne est revenue sur les annonces dévoilées ce vendredi matin concernant les délais pour obtenir ses titres d’identité.
L’objectif du gouvernement est de diviser par deux les délais pour faire faire ses documents, comme les cartes d’identité ou les passeports. « Je pense que c’est un vrai sujet de préoccupation, auquel je souhaite qu’on puisse répondre rapidement », a rappelé Elisabeth Borne. « Notre objectif, c’est, à l’été d’être passé de 66 jours en moyenne pour obtenir un rendez-vous à 30 jours, en visant 20 jours à l’automne », a-t-elle détaillé.
La Première ministre a aussi insisté sur la nécessité « d’avoir des réponses sur tout le territoire ». « Parce que là, on parle des délais moyens, mais il y a un certain nombre de territoires dans lesquels vous n’avez carrément pas de rendez vous », a-t-elle rappelé. « On veut donner une visibilité d’ensemble, et on va mettre des moyens supplémentaires pour augmenter le nombre de rendez-vous. On sera à 1,8 million de rendez vous par mois cet été. C’est à dire qu’on a quasiment doublé par rapport à ce qu’on avait il y a un an », a-t-elle affirmé. Le gouvernement va mettre en place un site internet unique pour avoir une vision d’ensemble des rendez-vous disponibles, a affirmé la Première ministre.À lire aussi
Le 21/04/2023 à 12:24
VIDÉO – Elisabeth Borne s’engage à diviser par deux le délai pour obtenir un titre d’identité d’ici l’été
Davantage de maisons France Services sur le territoire
Interrogé sur le manque de services publics en zone rurale, la Première ministre a vanté les maisons France Services, qui essaiment dans le pays. Mais les habitants ne savent pas toujours qu’une maison France Services se trouve à proximité de leur domicile.
« J’entends parfaitement l’inquiétude des Français qui ont le sentiment que les services publics s’éloignent », a affirmé Elisabeth Borne*. « C’est vraiment le mouvement inverse qu’on a voulu engager avec les maisons France Services qui se sont beaucoup développées depuis 2020, et qu’on veut continuer à développer », a-t-elle précisé. « L’objectif, au départ, c’était une par canton, et on est à peu près à deux par canton », a-t-elle dit. « C’est important d’avoir un vrai maillage du territoire pour que chacun ait près de chez lui une maison France Services où il peut trouver des conseillers en face de lui, avec qui partager les difficultés et avoir des réponses », a affirmé la Première ministre.
« Personne n’a de baguette magique pour faire venir des médecins du jour au lendemain »
La Première ministre a été interrogée par Jacqueline, 72 ans, une auditrice de France Bleu Berry qui habite à quelques kilomètres de Châteauroux, sur le thème des déserts médicaux. Jaqueline ne trouve plus de spécialiste pour suivre sa santé, et fait notamment 130 kilomètres, jusqu’au CHU de Tours, pour consulter un ophtalmologue. La Première ministre a vanté les mesures prises par le gouvernement pour modifier l’organisation du système de soins. Elle a notamment cité le recrutement de 10.000 assistants médicaux d’ici la fin de l’année 2024, ou la montée en compétence des professionnels de santé, comme les infirmières de pratique avancée. Le but est de « mieux utiliser le temps des médecins, pour qu’ils puissent se consacrer à ce qu’est le cœur de leur métier qui est de soigner et d’être devant les patients, plutôt que de s’occuper de de faire des démarches administratives », a-t-elle affirmé. « On veut aussi permettre, par exemple, à des kinésithérapeutes de traiter directement un certain nombre de pathologies », a-t-elle rappelé. Mais « personne n’a de baguette magique pour créer des médecins qui arriveraient du jour au lendemain, a reconnu Elisabeth Borne.
« Il faut qu’on s’organise et qu’on se mobilise collectivement », a estimé Elisabeth Borne. « Entre les professionnels de santé, les élus qui ont aussi un rôle très important à jouer pour pouvoir apporter des réponses dans un contexte où on ne va pas avoir des médecins massivement », a-t-elle concédé.
Pour mieux répartir les médecins, « la coercition, je n’y crois pas »
« La coercition, je n’y crois pas de façon générale », a répondu Elisabeth Borne à Marc, un auditeur de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique, qui l’interpellait également sur la question des déserts médicaux, et proposait de forcer les médecins à s’installer dans des zones sous-dotées.
Le gouvernement « dépense 46 milliards d’euros pour accompagner les entreprises face au coût de l’énergie »
La Première ministre a aussi été interrogé par Gabin, 44 ans, artisan boulanger à Nançay, dans le Cher. Il va subir une liquidation judiciaire, en raison des prix de l’énergie, qui selon lui ont condamné son commerce. « Ma facture est passé de 1.600 euros l’an dernier à 4.200 euros cette année, soit 325% de plus, » a témoigné le boulanger. La Première ministre a vanté les aides mises en place par le gouvernement pour aider les petites entreprises à faire face au coût de l’énergie. Ces aides représentent « 46 milliards d’euros cette année », a affirmé Elisabeth Borne, qui a proposé au boulanger de se faire accompagner par ses services.
Une revalorisation des pensions pour 1,8 millions de retraités dès l’automne
Interrogé par Alain, 70 ans, auditeur de France Bleu Pays d’Auvergne à Clermont-Ferrand, Elisabeth Borne a rappelé les mesures prises par le gouvernement pour le pouvoir d’achat des retraités. « Les retraites étaient par le passé indexées sur sur les salaires, elles sont désormais indexées sur l’inflation », a rappelé Elisabeth Borne. « Vous savez que c’est un des éléments de la réforme des retraites, c’est précisément de revaloriser les plus petites pensions », a affirmé la ministre. « 1,8 millions de retraités auront une revalorisation de leur pension à partir de l’automne », a-t-elle affirmé.
Elisabeth Borne « assume tout à fait » la réforme des retraites
La Première ministre a été interpellée par Nicole, une retraitée habitant à Issoudun, dans l’Indre, sur la réforme des retraites. « J’assume tout à fait cette réforme », lui a répondu Elisabeth Borne.
« Je pense qu’on a la chance dans notre pays d’avoir un modèle social très protecteur, sans doute un des modèles social les plus protecteur au monde », a rappelé la Première ministre. Elle a répété les arguments du gouvernement, rappelant la nécessité, selon elle, de préserver le système de retraite par répartition. « Le constat qu’on peut faire, c’est qu’il y a de moins en moins d’actifs par rapport au nombre de retraités. On est parti d’une situation où, dans les années 80, on avait trois actifs par retraité, on est passé à deux actifs par retraité au début des années 2000. On est aujourd’hui à 1,7 et on sera demain à 1,5. On voit bien que dans un système dans lequel les actifs doivent financer des pensions, c’est une véritable difficulté pour notre système », a-t-elle estimé.
« Une belle langue de bois » pour Nicole, auditrice de France Bleu Berry
Au bout du fil, Nicole, auditrice de France Bleu Berry, a estimé que son discours était « une belle langue de bois », alors que Nicole lui avait demandé, si en tant que femme de gauche, elle assumait la méthode appliquée pour faire passer la réforme. « J’assume, madame », a répété Elisabeth Borne. « Je maintiens qu’il est nécessaire de préserver notre système de retraite par répartition, que ça suppose que les Français qui le peuvent, c’est à dire pas les Français qui ont commencé à travailler tôt et pas les Français qui ont des métiers difficiles, travaillent progressivement plus longtemps ». Elisabeth Borne a assuré « qu’avec le ministre Olivier Dussopt, on a tenu à prendre en compte les situations particulières qui font qu’un certain nombre de nos compatriotes ne doivent pas, ne peuvent pas travailler plus longtemps. ». Quatre Français sur dix ne vont pas travailler jusqu’à 64 ans, a affirmé la ministre.À lire aussi
Le 21/04/2023 à 14:36
VIDÉO – Retraites : interpellée par une auditrice, Élisabeth Borne assume « tout à fait cette réforme »
« Je ne peux pas me satisfaire de la façon dont cette réforme est reçue »
Questionnée par Wendy Bouchard sur la méthode employée pour faire passer la réforme des retraites, Elisabeth Borne a concédé : « Je ne peux pas me satisfaire de la façon dont cette réforme est reçue. J’espère qu’on va pouvoir rapidement reprendre les discussions avec les organisations syndicales et patronales », a-t-elle ajouté.Elisabeth Borne a renvoyé aux discussions à venir sur la façon dont les Français vivent leur travail. « On va investir comme on ne l’a jamais fait dans la prévention de l’usure professionnelle », a-t-elle affirmé. « Un milliard d’euros pour prévenir l’usure professionnelle », a-t-elle affirmé. Elle a également rappelé que les définitions concernant la pénibilité seront renvoyées aux partenaires sociaux, « chargés de définir les métiers qui peuvent en bénéficier ». Elisabeth Borne a aussi rappelé que le gouvernement allait entamer des discussions sur « le fait que sans doute, beaucoup de nos concitoyens ne sont pas heureux dans leur travail. Ils n’ont pas assez de perspectives professionnelles ». Elle a insisté sur la nécessité des discussions à venir « entre les organisations syndicales et patronales, pour qu’on ait des avancées sur ces sujets ».
Magali, enseignante dans l’Hérault, fustige « un énième déclassement de sa profession »
La Première ministre a également été interpellée par Magali, enseignante en charge des élèves en situation de handicap dans l’Hérault, après les annonces du gouvernement sur la rémunération des professeurs.
Ce jeudi, Emmanuel Macron a notamment promis une hausse de 100 à 230 euros du salaire des professeurs sans conditions, et jusqu’à 500 euros de plus par mois pour ceux qui acceptent des missions supplémentaires. « Pour nous, c’est versé sous forme de primes, c’est-à-dire que ça ne rentrera pas en compte dans le calcul de notre retraite. Donc c’est encore un énième déclassement de la profession », a déploré Magali. « On s’étonne de voir qu’il n’y a plus de gens qui sont motivés pour devenir enseignants, mais c’est facile à comprendre », a fustigé l’enseignante. « En 1980, on démarré à 2,2 Smic à peu près. Là, on est à 1,2 smic quand on démarre et on a toujours cinq ans d’études après le bac », a-t-elle rappelé.En guise de réponse, Elisabeth Borne a rappelé les annonces faites ce jeudi, et affirmé : « On est très conscients de l’enjeu, d’abord de considération qu’il faut donner aux enseignants parce que c’est un métier qui est sans doute passionnant, mais en même temps très exigeants de l’enjeu d’attractivité », a-t-elle dit. « C’est pour ça que cette promesse de campagne du président de la République, elle se mettra en œuvre à partir de la rentrée », a-t-elle dit, sans vraiment répondre à la demande de Magali.
« Ma préoccupation, répondre aux difficultés des Français »
Interrogée par Wendy Bouchard sur le bilan de son action à la tête du gouvernement, Elisabeth Borne a affirmé : « Ce que je peux vous dire, c’est que je me lève le matin en me demandant comment je peux répondre aux difficultés concrètes que rencontrent les Français. On est face à des crises, il y a des questions assez inédites qui se posent à nous », a-t-elle jugé. « On se retrousse les manches et on essaie d’y répondre », a-t-elle confié.Revenant sur la majorité relative du camp présidentiel et de ses alliés à l’Assemblée nationale, la Première ministre a affirmé qu' »il y a des textes qui avancent ». « Et moi, je peux vous dire que je continue, jour après jour, à vouloir apporter des réponses concrètes. » Elle a confié son envie d’aller plus vite pour répondre aux besoins des Français : « Je pense que c’est aussi ça qui peut créer de de l’insatisfaction, du désarroi de nos concitoyens. Il faut que l’État, le gouvernement, avec les collectivités, puissent apporter au plus vite des réponses concrètes aux préoccupations des Français », a-t-elle dit.