Rob Hopkins  : « La transition, c’est vivre une révolution de l’imagination » : Saint-Brieuc


afin qu’elles transforment leur ville. Absolument besoin aussi d’une réponse du monde économique tout aussi ambitieuse. Mais, par-dessus tout, et bien sûr en tant qu’individus, on doit faire tout ce qui est possible pour nos maisons, dans notre vie de tous les jours, dans notre régime alimentaire, nos habitudes de déplacement. Nous avons besoin que des communautés émergent parce que la transition et la résilience à l’échelle de la communauté sont une pièce maîtresse du puzzle. Les communautés peuvent mettre en œuvre des choses extraordinaires.

Que devons-nous faire, selon vous ?

Nous savons – la science nous le dit – que nous devons viser la neutralité carbone à l’horizon 2030-2035. Je parle d’une vraie neutralité carbone, pas une neutralité nette, qui est un non-sens absolu. Et ça demande de repenser beaucoup de choses  : la nourriture, les transports, l’habitat, etc. Mais plutôt que de considérer ça comme une tâche énorme à accomplir, voyons cela comme une opportunité. Construire la transition et la résilience, on doit le faire, parce qu’on n’a pas le choix  ! Notre survie en tant qu’espèce en dépend. Et on a un devoir vis-à-vis des jeunes générations, qui aspirent elles aussi à vivre une belle vie. Mais aussi parce qu’y parvenir va nous transformer profondément. Cela pourrait signifier, dans les dix prochaines années, vivre une révolution de l’imagination.

Rob Hopkins  : « La transition, c’est vivre une révolution de l’imagination » : Saint-Brieuc

Plutôt que de considérer ça comme une tâche énorme à accomplir, voyons cela comme une opportunité.

Quels ingrédients à mettre en œuvre pour y parvenir ?

La transition est quelque chose qui a commencé dans la ville où j’habite (Totnes, dans le sud-ouest de l’Angleterre, NDLR) il y a une quinzaine d’années et qui s’est maintenant étendue à des milliers de communautés, dans 50 pays autour du globe. Ça rassemble plusieurs ingrédients. D’abord, les compétences et l’expertise pratique dont nous avons besoin pour le faire. Comment bien communiquer, comment travailler ensemble, comment éviter les conflits, comment réussir à convertir nos projets. Comment éviter aussi de s’épuiser à la tâche  ! Nous devons construire de nouvelles économies à l’endroit même où nous vivons. La propriété de l’habitat et le foncier doivent devenir communautaires. On doit créer du travail qui ait du sens pour les gens. On doit superviser les mouvements de capitaux pour les orienter vers les bons projets.

Des exemples concrets ?

On doit réfléchir à l’échelle de ce que nous avons à faire. C’est comme au début d’une guerre, quelque part. On doit se mobiliser si on veut pouvoir changer quoi que ce soit. Et l’expérience de la Covid nous montre que les gouvernements ont la capacité de bouger rapidement, en trouvant de l’argent et en étant guidés par la meilleure des sciences. Les économies peuvent se transformer dans un délai très court.

Totnes est une petite ville… L’échelle n’est pas un facteur limitant ?

Non, absolument pas. Ce n’est pas une question d’échelle. Quand on regarde le Mouvement de transition, on trouve des grandes villes, des villes plus petites, des villages, des quartiers, des universités, des écoles, des structures de toutes les tailles. Ce qu’on a toujours dit, c’est « travaillez à l’échelle à laquelle vous pensez pouvoir avoir un impact ».Si vous vivez à Saint-Brieuc, ça peut se faire à Saint-Brieuc, et il y aura même des choses à Saint-Brieuc qui marcheront mieux qu’à Paris. À cause de la taille, d’un meilleur accès au foncier, ça peut bouger plus vite que dans de grandes agglomérations. La taille, l’échelle dépendent de ce que les gens ont le sentiment de pouvoir faire.

Une volonté politique est-elle nécessaire ? Et suffisante ?

de résilience, il n’est pas de droite ou de gauche. Il ne vise qu’à faire de l’endroit où l’on vit un meilleur lieu de vie, en y créant de l’emploi.

Un projet de transition, de résilience, n’est pas de droite ou de gauche.

Les gens ne sont plus seulement passifs face à la crise qui se profile. Ils peuvent voir le monde autour d’eux changer et cela répond à leurs inquiétudes. Et ça, c’est quelque chose de très puissant. Une enquête récente montre que plus de 50 % des jeunes sont très inquiets au sujet du changement climatique. Et que voir des gens se mobiliser était très important pour eux. Alors qui, la volonté politique aide, mais le plus important reste comment on s’organise et comment on s’y met vraiment  !

Vous serez à Saint-Brieuc, ce samedi. Avez-vous connaissance de projets qui vont dans le sens de la transition ?

Aucunement. Mais c’est ce que j’aime dans les opportunités qui me sont données par ces tournées de conférences. Je découvre de nouveaux projets partout où je passe. Et je suis curieux de découvrir ce que Saint-Brieuc rend déjà possible à son échelle. C’est aussi mon rôle de m’imprégner des expériences et de les partager.

Pratique

Conférence de Rob Hopkins, ce samedi 25 septembre, à 18 h, à La Passerelle. Entrée libre, sur réservation  : www.billetweb.fr/rob-hopkins-a-saint-brieuc