Rodez. Carole Delga : "Le climat de travail avec le Département de l'Aveyron s’est dégradé"


Carole Delga sera en Aveyron ce vendredi pour l’inauguration de la liaison Rodez-Causse Comtal. Avant, elle s’est confiée sur les sujets d’actualité dans le département et notamment sur ses relations avec Arnaud Viala.

Avant d’attaquer l’entretien, elle a souhaité rendre hommage à Alain Fauconnier, qui vient d’annoncer la fin de sa carrière politique. « C’est quelqu’un d’une grande valeur pour qui j’ai beaucoup d’estime. C’est un grand monsieur qui a beaucoup fait en politique pour l’Aveyron, mais aussi un grand homme humainement. » À la veille de sa venue, elle s’est confiée à Centre Presse et a notamment appuyé sur les relations compliquées avec le Département.

Rodez. Carole Delga :

La dernière fois que vous êtes venue en Aveyron, c’est quand vous êtes venus voir les salariés de Sam dans l’usine occupée. En début de semaine ils expliquaient avoir l’espoir de voir une solution de reprise du site arriver par l’intermédiaire de la Région Occitanie. Où en êtes-vous sur le dossier ?

Je travaille sur deux priorités. Tout d’abord qu’il y ait un avenir industriel sur le site de Sam et ensuite le développement de l’emploi dans des entreprises à proximité. Sur le repreneur d’une activité de fonderie, on continue à travailler, dans un cadre confidentiel, puisque l’entreprise nous l’a demandé. J’ai eu une réunion de travail avec Jean Castex, le Premier ministre, mardi soir et je lui ai demandé qu’il puisse y avoir des efforts qui soient faits en termes d’aides financières, et notamment sur les délais de remboursement des PGE ou de les transformer en aides directes, ce à quoi il m’a répondu positivement. J’ai également rencontré ce matin Philippe Martinez, de la CGT, pour parler de Sam, mais également de la question l’avenir des fonderies parce qu’aujourd’hui en France elles sont nombreuses à fermer alors qu’on en a certes moins besoin pour le secteur automobile, mais elles sont nécessaires pour la rénovation énergétique, pour les filières vélos, mais aussi pour de la sous-traitance de l’aéronautique ou dans le transport ferroviaire. On va continuer à travailler avec ce repreneur.

Vous avez échangé avec Jean Castex cette semaine, la dernière fois qu’on avait laissé le Premier ministre avec des élus aveyronnais, c’était sur une rencontre à Paris au sujet de la RN88. Une réunion qui a eu lieu en votre absence…

Non, non, non, non, je n’étais pas absente, la Région n’avait pas été invitée puisque c’est le président du Département qui était à l’origine de cette réunion et il avait invité les parlementaires et le maire de Rodez, mais pas la Région.

Justement, les conseillers régionaux de la majorité avaient fait part de leur mécontentement sur le sujet. Vous êtes sur la même longueur d’onde ?

Bien sûr. J’ai également fait part de ma déception sur ce type de méthodes au président du Département.

Où en est-on sur le sujet de la poursuite du projet de doublement de la RN88 pour lequel vous avez souhaité que la Région prenne la gestion de la route, ce que veut aussi faire le Département ?

Il faut remettre les choses dans l’ordre et rappeler que le souhait que certaines routes nationales soient transférées aux Régions vient du gouvernement. C’est lui qui m’a proposé ce transfert, ce que j’ai accepté. Pour la RN88, il faut rappeler que sur les dernières années, la Région a investi 58 M€ et le Département 54 M€. Cela veut dire que la Région a été plus que présente sur ce sujet et qu’elle n’a pas de leçons à recevoir sur un manque d’intérêt. La Région veut la gestion de la RN88 parce qu’avec Laurent Wauquiez, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes (Aura), nous demandons tous les deux que nos institutions puissent engager rapidement des travaux. Il y a un pack pour que l’axe transversal du Massif central, entre Toulouse et Lyon, puisse se réaliser rapidement. Après, sur les modalités, j’ai toujours indiqué aux présidents des départements concernés que je souhaitais travailler avec eux. On porte ce projet avec Laurent Wauquiez pour l’intérêt général des habitants. J’ai toujours indiqué ma volonté de travailler avec les départements et je reconnais leur savoir-faire. Mais sur la puissance financière, il faut être objectif, ce sont les régions qui ont le plus de poids.

Le sujet de la RN88 en Aveyron a toujours été très politique pour le Département. Ce n’est pas nouveau, cela fait 30 ans. Avez-vous peur que ce soit un élément bloquant ?

c’est une méthode qui a été approuvée par les Aveyronnais à 60 %. Je souhaite qu’on continue dans cet esprit-là.

Pourquoi pensez-vous ce projet pertinent pour l’Aveyron et la Région Occitanie ?

C’est le transport le moins polluant et le plus sûr. On est désormais dans les études pré-opérationnelles. On est dans la finalisation du dossier pour lancer ensuite les marchés. C’est important qu’on puisse avoir cette ligne qui va amener un transport moins polluant, plus sûr et qui permettra d’assurer les transports du quotidien.

C’est toute la complexité de la capacité de la Région à agir sur des lignes. Rodez-Sévérac-Millau est considérée par l’État comme une ligne fine d’aménagement du territoire, sur lesquelles les Régions peuvent financer les travaux et en prendre la maîtrise d’ouvrage. Sur Rodez-Toulouse, qui est considérée comme une ligne structurante, la Région ne peut pas avoir la maîtrise d’ouvrage et n’est pas en capacité de décider et ne peut être que cofinanceur après la décision de l’État.

Sur de nombreux points, vos relations avec Arnaud Viala sont tendues. C’est le cas sur la RN88, sur l’aéroport, mais également sur d’autres dossiers comme l’implantation de l’hôpital du Sud-Aveyron et l’avenir du tiers lieu de Rodez, Station A. Le dialogue entre vous deux est compliqué politiquement ?

les chefs d’entreprise sur la question des transports scolaires, je lis des propos mensongers de conseillers départementaux, il y a aussi eu des déclarations du président sur les sujets de la formation des demandeurs d’emploi… Je pense qu’il est encore temps de redresser la barre. Je tends la main. J’ai fait passer le message à Arnaud. Je lui propose une réunion de travail d’une heure et demie, à Toulouse, dans les prochains jours, pour qu’on pose les choses. Je souhaite travailler, comme on l’a fait avec Jean-François Galliard, au service des Aveyronnais. Ne tombons pas dans certaines dérives. On a vu avec le maire de Rodez qui m’a fait une guerre infernale au cours du précédent mandat que les dérives et mesquineries ne riment à rien puisque lors des élections j’ai fait plus de 60 % à Rodez… Pendant six ans, on a travaillé dans un bon esprit avec le Département. Cela doit continuer. Mais il faut que ce soit partagé. Pour avoir une bonne relation, il faut être deux.

Vous travaillez avec les 13 présidents de département d’Occitanie. Vous avez le sentiment que l’Aveyron est en train de s’isoler ?

Je n’aurai pas d’avis aussi tranché, mais si l’année 2022 est sur le même niveau que les six derniers mois de 2021, en effet, il y aura un isolement de l’Aveyron. Ce que je ne souhaite pas.

« En loyauté avec Anne Hidalgo »

Pour autant, je reste fidèle à Anne parce que je pense très objectivement que c’est la seule à gauche qui a la stature d’être présidente de la République. »