bientôt des rôles à l’étranger pour Pierre Niney ? Il nous répond


C’est le film que tout le monde attend ! Le vendredi 28 juin 2024 sort en salle Le Comte de Monte-Cristo. Réalisée par Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, à qui l’on doit déjà le succès du film Le Prénom avec Patrick Bruel et la regrettée Valérie Benguigui, cette nouvelle adaptation du célèbre roman d’Alexandre Dumas est portée par Pierre Niney. À 35 ans, l’acteur, que l’on peut également voir dans la série Fiasco et dont on peut entendre la voix dans Vice-Versa 2, où il double le personnage de Peur, trouve-là sans doute l’un de ses rôles les plus flamboyants.

Télé-Loisirs a eu la chance de pouvoir interviewer le comédien en exclusivité.Télé-Loisirs : Qu’avez-vous ressenti quand les réalisateurs vous ont proposé le rôle du Comte de Monte-Cristo ?Pierre Niney : J’étais content. Voilà ! Pas plus ?(Il rit) J’étais fou de joie.

Je n’osais même pas y rêver. Ce sont des rôles uniques dans une filmographie, donc je me sentais très honoré et très chanceux.Avec ce rôle, vous marchez dans les pas d’immenses acteurs comme Jean Marais, Jacques Weber ou Gérard Depardieu.

Vous y avez pensé ? Au début oui, quand je me suis documenté et que j’ai regardé tous les films et les interprétations. J’adore voir jouer des bons acteurs de toutes les façons. C’est toujours intéressant.

Après, une fois qu’on commence vraiment le travail, que l’on rentre dans les spécificités de notre film où l’on a fait des choix très différents des autres adaptations, au bout d’un moment, on n’y pense plus. Ça se fait naturellement et tant mieux car il ne faut pas trop se polluer avec ça.

Pierre Niney : « Le Comte de Monte-Cristo est l’un des films dont je suis le plus fier »

Vous tenez le rôle-titre, vous êtes seul sur l’affiche.

Est-ce que ça met une pression supplémentaire ?Non, pas vraiment ! J’ai fait d’autres films, Un homme idéal et Boîte noire, qui sont des films assez schizophrènes, assez solitaires aussi, donc ça n’était pas non plus la première fois. Dans ce film, la galerie de personnages est quand même très importante, notamment les trois antagonistes de Monte-Cristo joués par Bastien Bouillon, Patrick Mille et Laurent Lafitte. Il fallait qu’on ait d’extraordinaires méchants pour qu’on ait l’air crédible et que cette vengeance ait un intérêt.

Mine de rien, ça repose beaucoup sur les autres. Donc je n’ai pas ressenti plus de pression que ça. Je suis très content du film.

C’est un de ceux dont je suis le plus fier. Dantès est mû par un désir ardent de vengeance. Est-ce qu’il y a une chose au monde qui pourrait vous donner envie de vous venger à ce point-là ?À ce point-là, je n’espère pas, car cela relève quand même de l’obsession pathologique.

J’espère que je m’arrêterais avant, et que je ne mettrais pas autant de temps, d’énergie et d’argent pour une vengeance. Je crois que la meilleure vengeance, c’est d’être heureux, d’être épanoui et laisser ça derrière soi. Je ne sais plus qui disait qu’avoir de la rancoeur, c’est comme boire un poison et espérer que ce soit l’autre personne qui en meurt.

Je ne suis pas sûr qu’entretenir un esprit de vengeance soit très bénéfique à long terme.Une partie de l’intrigue se déroule au Château d’If. Y avez-vous réellement tourné ces scènes ?Les extérieurs oui, mais les intérieurs, on ne peut pas parce que c’est classé.

On ne doit toucher à rien. Donc le chef décorateur a réalisé une énorme cellule en studio. Il y avait tout un pan de la prison de vingt mètres sur dix qui s’ouvrait.

C’était dingue de tourner là-dedans.

« Je crois que la meilleure vengeance, c’est d’être heureux »

Dantès conclut sa lettre d’adieu à Mercédès par les mots “Attendre et espérer”. Ce pourrait être l’un vos leitmotivs dans la vie ou dans carrière ?Je pense qu’il y a plusieurs niveaux de lecture de cette fameuse phrase qui est dans le roman.

Je crois qu’il conclut par ça, comme s’il avait retenu la leçon qu’attendre et espérer, c’est espérer s’améliorer soi-même, avoir la capacité de ne plus être tout de suite dans la réaction. Je crois que le sentiment de haine et de revanche un peu épidermique sous-entend un coup de tête, quelque chose de très spontané, là où attendre et espérer, il y a l’espoir d’aller mieux à la fin. Je ne sais pas si ce serait un de mes leitmotivs mais je trouve que cette dernière lettre lue par la voix magnifique d’Anaïs Demoustier donne des frissons en tout cas.

Hormis Sauver ou périr, c’est votre rôle le plus physique. Avez-vous suivi un entraînement particulier pour nager, faire du cheval, ou le duel à l’épée ? Pour les scènes sous l’eau, je me suis entraîné avec le champion du monde en titre, le français Stéphane Mifsud qui est resté 11 minutes et 30 secondes en apnée statique. C’est très impressionnant.

Il m’a appris tout un protocole, notamment pour préparer la scène d’évasion que l’on voulait très immersive et claustrophobique. Pour les combats à l’épée, je me suis préparé avec un champion olympique d’escrime et je me suis appuyé sur une super équipe de cascadeurs. Enfin, je me suis également entraîné physiquement pour être assez en forme pour jouer Edmond Dantès jeune marin, puis perdre un peu de poids pour les scènes en prison, puis en regagner une fois qu’il s’est évadé.

C’est un rôle qui m’a effectivement demandé d’avoir une rigueur proche de celle des athlètes pour tenir sur la durée des 80 jours de tournage.Le film a-t-il été tourné chronologiquement ?Non, et c’est une difficulté des films en général. On n’a pas tourné dans l’ordre, mais en fonction des décors pour ne pas être obligés de revenir sur un même lieu.

Pour les scènes de prison, il y avait donc ce challenge de perdre du poids et de le regagner après. Pour ça, on s’organise, notamment avec la nutritionniste avec qui j’avais déjà travaillé sur Sauver ou périr. Elle me suit et elle a des petits secrets pour prendre ou perdre du poids rapidement.

J’ai la chance d’avoir un gabarit relativement modeste donc ça se voit vite, dans un sens comme dans l’autre. Vous qui avez deux filles, vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose de filial dans la relation qu’entretient Monte-Cristo avec André et Haydée ?Ah oui complètement ! Ce sont un peu ses enfants, mais ce sont les enfants du diable ! Il les a recrutés, si on peut dire, parce qu’il y a cette soif de vengeance chez eux aussi donc c’est un peu un monstre à trois têtes qu’il a réussi à créer avec eux. Il a cette bienveillance que pourrait avoir un père, en prenant soin d’eux, en les protégeant et en leur donnant tout ce dont ils ont besoin, en les logeant dans des châteaux magnifiques.

Mais par ailleurs, le film pose la question de savoir si, quand on apprend à quelqu’un à cultiver la haine, est-ce que par ailleurs on peut lui faire du bien ou est-ce qu’on le condamne à quelque chose de tragique ?Parallèlement, vous êtes aussi au cinéma dans Vice-Versa 2, où vous prêtez à nouveau votre voix à Peur. Vous étiez heureux de retrouver ce personnage ?Super heureux ! Je trouve que le premier film est un chef d’œuvre donc j’étais très heureux de prolonger l’aventure et très touché que l’on me rappelle. J’ai l’impression d’apporter une toute petite contribution à un niveau national, juste en France, mais pouvoir participer déjà à cette hauteur-là, c’est extraordinaire.

Chez moi, j’ai un petit dessin original de Pete Docter, le créateur du film et je suis tellement content d’avoir ce petit dessin personnalisé, rien que pour moi. Comme tout le monde je suis fan de Pixar depuis que je suis petit, et ça continue. Incarner à la fois Edmond Dantès qui n’a peur de rien, et Peur qui, par définition, a peur de tout, c’est assez schizophrénique, non ?C’est vrai que c’est loin dans le spectre.

Après, je me demande si Monte-Cristo n’a pas au bout d’un moment, peur de ses propres intentions, de sa propre volonté de nuire et de se venger. Je me demande si par moments, il ne s’effraie pas lui-même quand il se regarde dans le miroir.Vous avez également prêté votre voix à Fourchette dans Toy Story 4 il y a cinq ans.

Est-ce que vous aimez cet exercice du doublage ?Ah oui, j’aime beaucoup ! On peut pousser les curseurs très loin, on peut essayer plein de choses donc c’est quelque chose que j’adore. Et puis je l’ai fait pour des studios aussi incroyables que Pixar ou Aardman, qui ont réalisé Wallace et Gromit. Quand ils m’ont appelé, j’ai dit oui tout de suite parce que ce sont des bouts de mon enfance, et des bouts de l’artiste que je suis aujourd’hui.

En tant qu’acteur, ce n’est pas trop frustrant de n’avoir que la voix pour s’exprimer ? Je pense que si je ne faisais que du doublage, ça manquerait de corps pour moi à un moment. Après, on est très actifs et très physiques et je pense que ça se ressent dans la voix. D’ailleurs, on refait parfois des prises parce qu’on n’a pas été assez physiques dans le studio.

« J’ai un agent aux États-Unis, et s’il y a le bon projet, j’irai bien sûr ! « 

Certains acteurs français comme Marion Cotillard, Camille Cottin, Omar Sy, Jean Dujardin ou Léa Seydoux, partagent leur carrière entre la France et Hollywood. L’aventure américaine ne vous tente pas ?Je suis très chauvin, moi (Il rit) ! C’est juste que j’ai beaucoup de chance ici, car on m’offre des rôles vraiment superbes et très variés. Je pense qu’aujourd’hui, on a la plus belle industrie de films au monde.

Maintenant, il y a des talents passionnants aux États-Unis aussi. Il m’est arrivé de refuser des choses parce que je ne trouvais pas les rôles aussi intéressants que ce que l’on me propose en France, mais je suis toujours aux aguets, j’ai un agent là-bas, et s’il y a le bon projet, j’irai bien sûr. Vous devez être très sollicité.

Comment choisissez-vous les films que vous acceptez et ceux que vous refusez ?Il faut trouver une bonne histoire. En fait, ce n’est pas si courant les bons scénarios avec une bonne histoire. Et puis une carrière se fait aussi sur des refus, donc il faut faire attention à ne pas tout accepter, à ne pas saouler les gens, à ne pas se saouler soi-même, entretenir du désir pour ce métier donc j’essaie de dire oui aux histoires qui m’emballent le plus.

C’est vraiment un peu bête, pardon, mais c’est comme ça. Et puis après, il y a ce qu’il y a autour du film, la famille qui se constitue autour : qui va le réaliser, qui va jouer dedans, qui va le produire.Vous avez réalisé quelques épisodes de la série Casting et un court-métrage.

Avez-vous envie de réaliser un long-métrage ?J’avais un projet qui est dans un tiroir parce que je pense que ce n’est pas le bon moment pour le faire, mais oui, j’aimerais bien y venir. J’adore ce métier de réalisation hyper exigeant. Il faut arriver à avoir tellement de talents en un : du goût, du sens du montage, du rythme, de la musique, savoir s’entourer, c’est vraiment difficile… J’attends d’avoir le bon projet, mais maintenant que je produis, je le cherche encore plus activement.

Vous êtes dans la série Fiasco sur Netflix. Vous pourriez tourner dans des séries, pour TF1, France Télévisions ou M6 ?C’est une bonne question ! On ne m’a jamais proposé quelque chose qui m’a embarqué complètement sur ces chaînes-là, mais s’il y a une super histoire bien sûr ! Vous ne cultivez pas une sorte de snobisme par rapport à la télévision ?Je suis plutôt militant du non-snobisme à l’égard de quoi que ce soit ! J’aime bien l’idée de donner sa chance à chaque chose. Je juge plutôt sur un scénario, donc s’il y a une histoire absolument géniale, j’irai.

Pierre Niney : « La célébrité amène quelques avantages donc il faudrait être culotté pour s’en plaindre »

Vous êtes sans doute l’un des acteurs français les plus populaires, comment vivez-vous la célébrité ? Êtes-vous à l’aise ou gêné lorsqu’on vous reconnaît dans la rue ?Si vous me reconnaissez dans la rue alors que je suis souriant et tout seul, ça me fait très plaisir. Si je suis avec ma fille qui pleure dans mes bras en train d’essayer de parler en même temps avec quelqu’un au téléphone et que vous venez me demander un selfie, je vais être un peu moins ravi de cette célébrité. Tout est question de moment et de feeling.

Mais 90% du temps, les gens sont vraiment adorables donc ça ne me pose aucun problème. Et puis ça amène quelques avantages donc il faudrait être culotté pour s’en plaindre. Je le vis très bien parce que ça veut dire que j’ai du travail et que je vis de ma passion.

C’est surtout ça ! On vous a vu très amoureux avec votre épouse Natasha Andrews à Cannes ou à Roland-Garros. Vous êtes plutôt secret sur votre vie privée, mais avez-vous un secret à partager avec nos lecteurs pour faire durer une histoire d’amour ?Ouah, absolument pas ! Chacun est différent donc les conseils généralisés, j’aurais beaucoup de mal à en prodiguer. Chacun fait comme il sent… et comme il peut !