Près de 14.000 pétitionnaires en font la demande : permettre aux frontaliers du Luxembourg de télétravailler jusqu’à deux jours par semaine. La pétition à succès de l’été 2022 a donné lieu, ce mercredi 25 janvier, à un débat public à la Chambre des députés.L’auteure de la pétition, Katia Sabrina Litim, employée chez Quintet Private Bank, a rapidement fait valoir les inégalités existantes entre employés résidents du Luxembourg et frontaliers. « Un résident n’a aucune limite de télétravail. Théoriquement, il pourrait télétravailler cinq jour par semaine, soit 220 jours par an. Alors qu’un frontalier a deux limites. Une par le seuil social européen de 25%, l’autre par le seuil fiscal propre entre chaque pays. »À ce stade, ce seuil fiscal représente « 6h de télétravail par semaine » pour les frontaliers belges et français, contre « seulement 4h par semaine » pour un frontalier allemand, a-t-elle calculé. Sachant que ces seuils fiscaux servent aussi aux jours de formation et aux déplacements réalisés à l’étranger, ils représentent « trop peu ».
POUR RECRUTER, « LE SALAIRE NE SUFFIT PLUS »
« Bien sûr le télétravail n’est pas la solution unique aux problèmes de mobilité. Mais il s’inscrit dans un ensemble de solutions, avec les heures décalées par exemple. »
Le télétravail n’est plus seulement un atout, mais un élément indispensable
h2>LE LUXEMBOURG NE PEUT PAS AGIR SEUL
Le gouvernement peut s’accorder avec ses voisins pour relever les seuils et donner de la marge aux entreprises, mais la discussion finale a lieu entre l’employeur et son salarié. « C’est du dialogue et c’est une bonne chose » a jugé Georges Engel, ministre du Travail.
Beaucoup de restaurants nous disent aujourd’hui que ça ne vaut plus la peine d’ouvrir à midi car il n’y a plus assez de monde
On doit le prendre en compte » a réagi Marc Spautz, député CSV.
DEUX JOURS DE TÉLÉTRAVAIL PAR SEMAINE, LE « JUSTE ÉQUILIBRE »
« Je ne suis pas favorable à un télétravail illimité car les interactions en présentiel sont cruciales » a tenu à rassurer Katia Sabrina Litim. Selon elle, cette pétition vise à trouver « un juste équilibre » entre l’avant-Covid, avant que le télétravail ne se soit démocratisé, et le coeur de la crise, où il était presque permanent. « Un seul jour de présentiel par semaine, c’est trop peu. Et un jour de télétravail, c’est insuffisant. Deux jours, c’est un seuil juste pour les 13.800 signataires de la pétition. » Quant aux emplois qui ne sont « télétravaillables », les personnes qui choisissent de les occuper « ne peuvent bien sûr pas réclamer un quelconque droit au télétravail » a estimé la pétitionnaire. « À eux de changer de poste s’il le faut. » Un choix radical et presque dangereux pour le Luxembourg. « Changer de poste? J’espère que les médecins et infirmiers ne le feront pas ! » a lancé Georges Engel.Le Luxembourg doit-il poursuivre les négociations à petits pas avec les voisins? « Toute avancée est bonne à prendre. Mais deux jours par semaine me semble être un minimum incontournable » juge Katia Sabrina Litim. « Autant aller directement à l’objectif final. L’urgence et les risques sont tels que tout ce qui sera en-dessous des deux jours sera loin des attentes actuelles. »La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Et certainement des partis qui, en pleine année électorale, devront trouver une réponse politique adéquate. Cela passera aussi par la discussion au niveau européen, où se négocie actuellement un statut de frontalier favorisant notamment le télétravail.