Rugby. Affaire Auradou-Jegou  : pour la Section Paloise aussi, il y aura « un avant et un après »


Le 9 juillet dernier, au matin, l’affaire Auradou/Jegou éclatait en France, avec quelques heures de décalage par rapport à son épicentre de Mendoza. Un peu plus de quinze jours plus tard, alors que le XV de France en a terminé avec cette sombre tournée pour regagner l’Hexagone, les deux joueurs ont été inculpés de viol aggravé…Le 9 juillet dernier, au matin, l’affaire Auradou/Jegou éclatait en France, avec quelques heures de décalage par rapport à son épicentre de Mendoza. Un peu plus de quinze jours plus tard, alors que le XV de France en a terminé avec cette sombre tournée pour regagner l’Hexagone, les deux joueurs ont été inculpés de viol aggravé et, après avoir été retenus plusieurs jours en centre de détention, ont obtenu leur placement en résidence surveillée.

La Section Paloise et La Rochelle, employeurs d’Hugo Auradou et Oscar Jegou, suivent avec le plus grand soin l’avancée du dossier, en lien avec la Fédération française de rugby et les familles. Le tout dans une position particulière : pas directement concernés par cette affaire survenue en pleine tournée, les clubs le sont grandement par ses effets collatéraux.Absence des joueurs mis en cause, contrecoup ressenti par les équipiers, dont certains participaient à cette même tournée, nécessité par la force – sportive – des choses de renforcer ou pas un effectif diminué d’un joueur important… Autant de points factuels sur l’après Mendoza que le directeur général de la Section Paloise, Pierre Lahore, a bien voulu évoquer.

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L’impact immédiat sur le club

La réaction immédiate à l’annonce de l’affaire« La première réaction, c’est de la stupeur face aux accusations de la plaignante, et un sentiment très particulier, une grande inquiétude par rapport à Hugo, pour qu’il puisse bénéficier d’une défense et que la présomption d’innocence soit respectée. Donc c’est ça qui nous a animés sur le court terme et qui a fait que très vite, une organisation s’est mise en place avec la Fédération, les clubs et les familles. Pour, sans minorer la parole de la plaignante, répondre aux enjeux de mise en sécurité des deux joueurs, de préparation de la défense et de respect de la présomption d’innocence.

Ensuite, le club n’étant pas une partie directement impliquée, on suit l’évolution au quotidien, mais des avocats ont été désignés. Il y a un interlocuteur unique en Argentine et un autre en France, Maître Vey, seul habilité à s’exprimer. »L’impact de la nouvelle sur le reste de l’équipe« Quand je parlais de stupeur et d’inquiétude, c’est quelque chose qui a marqué toutes les parties prenantes du club.

Nous avons fait le choix de la transparence en respectant les paroles de chacun, de la plaignante comme des personnes accusées. On évoque régulièrement le sujet en interne aux joueurs et on les a tout de suite éclairés sur le fait qu’on se structurait collectivement entre Fédération, clubs, familles pour pouvoir leur permettre d’accéder à une justice qui soit la plus équitable possible. »La nécessité pour le groupe d’une prise de parole ou d’un soutien« C’est une donnée qui a été appréhendée, mais pour tout le monde au club.

Par exemple, ça a été évoqué dès la reprise du centre de formation la semaine dernière. Il ne faut pas oublier qu’Hugo est un jeune joueur du centre de formation, donc il y a eu une démarche avec ses copains et les staffs. Et ça a été reprécisé ce mardi pour la réunion de rentrée des pros.

Le club se tient à la disposition de tous ceux qui sont affectés par cette situation et qui ressentiraient le besoin d’en parler ou d’être accompagnés. »

L’affaire Auradou-Jegou a été évidemment évoquée ce début de semaine, synonyme de reprise de l’entraînement de la Section Paloise.
ATORRENT

Quel état d’esprit à la reprise

Quinze jours plus tard, la reprise…« Cette affaire marque un enfant du club et un membre de la famille.

Donc évidemment, tout le monde est concerné et inquiet. Il y a eu une forme de soulagement collectif quand l’étape 1 a été franchie, pour qu’ils puissent bénéficier de conditions de détention surveillée à domicile, en sécurité. Maintenant c’est une forme d’inquiétude sur la suite.

On leur explique que la justice doit pouvoir faire son travail sereinement. »Un accompagnement spécial pour Théo Attissogbe et Emilien Gailleton ?« Il y a eu des contacts pendant qu’ils étaient en Argentine, et on les a reçus avec Bernard Pontneau dès leur retour en France et avant leur départ en vacances (Ndlr : leur reprise est décalée à la mi-août). Pour marquer ce temps de retour et qu’ils sentent que s’ils en avaient besoin, le club est là pour les accompagner, appréhender ce qu’ils ont pu vivre là-bas.

 »La Section va-t-elle envoyer plus de messages d’alerte à ses joueurs ?« Pour ce qui est du respect des valeurs, des mises en garde sur les dangers, les dérives, il nous arrive régulièrement, nos staffs et nous-mêmes, de les repréciser. Evidemment, il y aura un avant et un après Mendoza, il est certain qu’on s’appuiera sur cette expérience pour co-construire quelque chose, qui passera par une implication forte des joueurs.Mais par rapport à tous les débats en cours depuis cette affaire, faisons attention à ne pas tomber dans un mauvais procès en généralisation.

Parce que chez nous, comme ailleurs, il y a une grande majorité de garçons qui sont très professionnels et conscients de l’exigence que leur statut leur impose. »

Les conséquences sportives et l’absence d’un joueur important

« Hugo est un garçon qui compte très fortement dans l’évolution de notre projet, évidemment il y a un impact pour nous à court et moyen terme.”

Comment pallier à l’absence d’Hugo Auradou, joueur important du projet Section ?« Hugo est un garçon qui compte très fortement dans l’évolution de notre projet, cela depuis plusieurs années, donc évidemment il y a un impact pour nous à court et moyen terme.

On considère qu’on a des ressources internes qui doivent permettre au collectif d’évoluer positivement dans les secteurs où Hugo rayonne chez nous. Et on peut compter sur l’apport des dernières recrues pour franchir un cap dans nos compétences, notre profondeur. On pense à Loïc Crédoz, Joël Kpoku et Thomas Jolmes notamment.

Après, quand on y verra plus clair sur la durée de l’indisponibilité, on verra s’il y a nature à compléter l’effectif. »Une position délicate : préserver un joueur tout en assurant la réussite de l’équipe et du projet sportif« Chacun a son rôle dans le projet. Nous faisons en sorte que les joueurs soient 100 % focus sur leur champ d’action et d’activité, tout en échangeant régulièrement avec eux sur l’évolution de la situation.

Idem pour le staff. Les choses sont très claires, ce n’est pas à eux de commenter ou d’appréhender ce qui peut se passer en Argentine, pour Hugo. Ça c’est notre responsabilité à nous dirigeants et on a une ligne très claire et apaisante.

Il n’est pas question d’avoir une communication qui jette de l’huile sur le feu, encore une fois des personnes sont habilitées à s’exprimer. »