"On parle de concertation mais visiblement, le tracé est déjà fait."


La mairie de Lyon veut faire une coulée plus ou moins verte dans jardins ouvriers gérés par une association, déconcerté.

La mairie de Lyon a lancé des études et une maîtrise d’ouvrage (en cours) pour faire passer une voie verte grillagée au beau milieu des 2,5 hectares de jardins partagés vers Loyasse.

Une décision que regrette sèchement l’association qui gère les Jardins des Eglantiers (l’une des huit sections des anciens jardins ouvriers de Lyon) et sa centaine de jardiniers amateurs.

« Ecologie de bureau »

« Ce site est une bulle de biodiversité. Ce chemin piétonnier va venir fortement impacter toute la faune, toute la flore » déplore Pascale Ramos, l’une des porte-paroles des Jardins des Eglantiers.

« On parle de concertation mais visiblement, dans la tête de certains, le tracé est déjà fait. » explique Elisabeth Ziegler, l’une des porte-paroles des Jardin des Eglantiers.

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au cours duquel la question a été soulevée.

Delphine Bordon, du groupe Pour Lyon, a exhorté la mairie de Lyon de répondre à l’association : « nous vous avons déjà questionné à ce sujet en commission, nous voulons donc savoir pour quelle raison vous n’entamez pas de véritables discussions avec l’association ? Pourquoi la proposition qu’ils font ne recueille-t-elle pas votre approbation? Y-a-t-il des raisons techniques à cela ? »

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Restranscription textuelle et intégrale de l’entretien sur la polémique autour des Jardins des Eglantiers de Lyon

Guillaume Lamy : Pascale Ramos et Élisabeth Ziegler font partie de l’association des Jardin des Églantiers, l’une des huit sections des anciens jardins ouvriers lyonnais. Alors aujourd’hui, sur vous reçoit toutes les deux, mesdames, c’est que la centaine de jardiniers des Eglantiers, sur les hauts de Fourvière, sont un peu vent debout, suite au projet de la mairie de Lyon d’installer une voie verte grillagée qui va traverser une partie des Jardins des Eglantiers. Pascale Ramos, quel impact ça va avoir sur les jardins, cette voie verte ?

Pascale Ramos : Il y a des impacts à différents niveaux. Il y a bien sûr un tracé, même si la concertation doit se faire à partir du mois de septembre. On sait qu’il y a un tracé qui est quand même privilégié et qui passe sur le haut de notre site et où, en fait, des parcelles de jardin sont entamées. C’est-à-dire que pour faire un chemin linéaire, un chemin piétonnier, il faudra vraiment, j’allais dire bétonner, et puis surtout entamer des parcelles. Il y a des jardins qui sont supprimés complètement, mais il y a aussi des cabanons qui sont enlevés. Alors on a rencontré, bien sûr, Monsieur Husson (conseiller du 5ème arrondissement, en charge du projet de Parc des Balmes, NdlR), des élus de la Ville.

Guillaume Lamy : Des jardins vont- ils être supprimés ?

« Ils vont faire un cheminement qui va occasionner d’énormes travaux. »

Pascale Ramos : Oui, oui, il y a au moins trois parcelles qui sont supprimées, mais il y a aussi encore des inconnues pour nous. Je dois dire qu’on n’a pas vraiment encore une vision précise sur le tracé qui est proposé à travers notre section, qui serait utilisé juste pour le chemin piétonnier. Et pour nous, je dirais que les inquiétudes, c’est que construire un chemin piétonnier, pourquoi pas, mais ça vient vraiment impacter fortement à la fois les parcelles de jardin mais aussi toute la faune, toute la flore. En fait, en y re-réfléchissant, ce site est une bulle, de biodiversité, avec des animaux qui peuvent se reproduire.

Guillaume Lamy : Comment vous l’avez appris ce projet de la mairie de Lyon ?

Après les élus sont venus, ils ont traversé la section et très très vite, on a vu qu’ils privilégiaient la partie haute des jardins pour des arguments qu’on peut entendre. Ils disent qu’effectivement, cet endroit là est un endroit où il y a une très belle vue sur les Monts du Lyonnais et en fait, ils nous ont imposé, on peut dire, ce tracé sans trop discuter, sachant que évidemment, il y aura des grillages, il y a déjà des grillages du côté de la métropole, il y a des terrains de la métropole qui sont juste à côté, il y aura des grillages de l’autre côté donc, et en plus.

Guillaume Lamy : En fait, cette voie verte va être délimitée par des grillages.

Elisabeth Ziegler : Et pour sortir, ils vont couper carrément la section en deux. C’est-à-dire qu’il va falloir avoir des clés pour passer d’un endroit à l’autre. Et alors qu’aujourd’hui.

Au final

Pascale Ramos : C’est vraiment au cœur de nos inquiétudes. C’est ça le souci, c’est qu’on nous dit ce sera en septembre, on verra, on verra ensemble, on va voir avec les différentes associations

« Visiblement, dans la tête de certains, le tracé de voie verte est déjà fait »

Guillaume Lamy : Donc le projet est acté en fait.

Pascale Ramos : On a fait des propositions quand même, parce qu’on a bien en tête qu’effectivement c’est une colline, que c’est intéressant que les Lyonnais puissent aussi avoir accès à cette colline. On peut entendre tout ces arguments, mais on a fait des propositions. Mais visiblement, dans la tête de certains, le tracé était déjà fait. Et ce qui nous embête là, vous parliez d’impact, c’est que ça vient impacter des surfaces qui sont déjà cultivées, qui sont, qui sont vraiment vivantes. Alors qu’on a des zones dans les jardins et, entre notamment les deux associations de la colline, où il y a, il y a une zone où là on pourrait vraiment faire un chemin et où il n’y a pas de, il n’y a pas de culture.

Guillaume Lamy : Donc votre contre-proposition n’ets pas prise en compte pour le moment. Alors vous n’y allez pas de main morte puisque vous vous dites carrément que c’est « anti écologiste », « contre nature », de l’ « écologie de bureau ».

Elisabeth Ziegler : Oui, tout à fait, pour plusieurs raisons. Déjà, il faut savoir que le terrain sur lequel on est sont des terrains extrêmement fragiles. Il n’y a qu’à voir que c’est suivi par le service des Balmes. Donc, faire un cheminement va occasionner d’énormes travaux. Comme on a dit, c’est un site qui est très riche en biodiversité animale. Donc les impacts, je vous dis pas. En plus, quand on nous parle de concertation et qu’on a vu Monsieur Husson discuter avec nous avec le président des toutes les sections des jardins ouvriers, il n’en démord pas et on a appris que la concertation ne va pas se faire avec des élus mais va se faire par une avec une société de communication. Ça nous paraît bizarre, nous, en tant que citoyens, d’avoir une société de communication qui vient concerter. Si ils viennent concerter, on pense que c’est pour des détails et absolument pas sur le fond.

Guillaume Lamy : Quand doit avoir lieu cette concertation ?

Pascale Ramos : On n’a pas encore de date précise.