On aurait pu penser (à tort) que le changement d’administration aux États-Unis provoquerait une baisse des tensions commerciales avec la Chine – dont le secteur tech est grevé par les sanctions décrétées sous Trump. Il n’en est pourtant rien ; et l’administration Joe Biden a même récemment ajouté de nouvelles mesures très contraignantes pour le secteur tech chinois.
Il faut dire que le contexte international se crispe sous fond de désir d’hégémonie, de bruits de bottes à l’est de l’Europe, et d’un risque réel de conflit impliquant la Chine et les États-Unis autour de Taïwan. Conflit qui ne paraît plus vraiment virtuel, surtout depuis le discours de Xi Jinping lors de la cérémonie d’ouverture du XXe Congrès du Parti Communiste Chinois.
Cette startup chinoise est l’une des premières victimes des nouvelles sanctions décrétées par Biden
Le président a notamment réitéré il y a 8 jours que le pays se réservait le droit de “prendre toutes les mesures nécessaires” contre “toute interférence par des forces externes”. Le tout avec un discours particulièrement ferme autour de la détermination de la Chine à aller vers une “réunification” de la chine continentale avec l’île de Formose – que Pékin considère comme partie de son territoire. Dès lors on comprend que les États-Unis ne souhaitent plus que les technologies américaines les plus avancées contribuent au secteur tech chinois.
Et visiblement lorsque le Département du Commerce décrète que des firmes étrangères n’ont plus le droit d’utiliser des technologies conçues à partir de brevets américains, l’effet se ressent vite, et plutôt durement. TSMC, le très convoité fondeur taïwanais qui fabrique les puces Apple Silicon, Nvidia, Qualcomm, MediaTek et de nombreux autres leaders de l’industrie annonce la suspension de la production d’une puce graphique surpuissante commandée par la start-up chinoise Biren Technlology. La puce en question, basée sur des technologies américaines, promettait des performances encore plus musclées que le GPU A100 de Nvidia dont l’export en Chine est désormais interdit de peur que cette puissance de calcul ne serve à l’armée chinoise pour développer des armes et nouvelles technologies de surveillance. En septembre, les États-Unis ordonnaient en effet Nvidia de ne plus livrer de puces A100 à la Chine “afin de répondre au risque que ces produits puissent être utilisés ou détournés vers une finalité militaire”. Selon Nvidia, la puce A100 peut délivrer la puissance de calcul nécessaire “aux datacenters les plus agiles pour l’IA, l’analyse de données, et les applications de calcul haute performance (HPE)”. La Chine, de son côté, parle de “blocus technologique”, et souligne que de son point de vue “les États-Unis continuent d’abuser des mesures de contrôle des exportations pour restreindre l’export d’articles en lien avec les semi-conducteurs vers la Chine, ce à quoi la Chine s’oppose fermement”. Tout la question reste de savoir l’impact de ces restrictions à l’export sur le rythme de l’innovation. Ces dernières années, l’activité florissante du secteur tech chinois a plutôt tiré le secteur tech mondial vers le haut, mais désormais il faudra compter avec une chaîne mondiale où il sera beaucoup plus compliqué pour le secteur tech chinois d’accéder aux technologies de pointe.