Grand entretien du dimanche avec Sébastien Cote. Vidéosurveillance, vidéoverbalisation, lutte contre les fraudeurs au stationnement, effectifs de police durant l’été, délinquance… le 8e adjoint au maire de Montpellier répond à nos questions, sans langue de bois.
De combien de caméras de vidéosurveillance est équipée Montpellier ? Et quelle est votre politique sur le sujet ?
Actuellement, on est autour de 380 caméras contre 310 avant notre mandat. Notre politique est très claire, on en installe une vingtaine de nouvelles chaque année. On définit les emplacements en croisant les données de la police nationale, les demandes des riverains et nos propres besoins, en tant que collectivité. Que sont nos écoles, nos équipements collectifs (piscines, médiathèques…). Sans compter qu’il faut aussi satisfaire la sécurité civile avec un certain nombre de points bas, comme la rue de Lantissargues, qui fait que les habitations sont très vite sous l’eau en cas de fortes précipitations.
Pour revenir sur la police nationale, avec laquelle, il faut le souligner, on travaille main dans la main, en quatre mois, on a eu 164 réquisitions de vidéos, ce qui fait plus de 650 par an, soit près de deux par jour. À cela, il faut ajouter les alertes de notre centre de supervision urbaine (CSU) qui travaille 7j/7, 24h/24.
C’est un outil indispensable. D’ailleurs, au sein de l’hôtel des sécurités qui sera livré en 2027-2028, en lieu et place de l’ancien bidonville de Celleneuve, et dans lequel on regroupera tout ce qui concourt à la sécurité, du point de vue de la Ville et de la Métropole, on mutualisera les caméras de TaM et les nôtres. Et, à terme, on proposera aux communes de la métropole qui sont intéressées de mettre en place un CSU métropolitain. À noter que trois architectes ont déjà été sélectionnés. Le choix définitif sera fait au mois d’octobre prochain.
Qu’en est-il des voitures qui verbalisent les fraudeurs au stationnement, décriées et qualifiées par certains de “sulfateuses à PV” ?
La TaM, qui est notre délégataire, en possède cinq. Ce sont les Lapi (lecture automatisée des plaques d’immatriculation). Ça concerne uniquement le stationnement avec horodateur. Si vous n’avez pas rentré votre plaque d’immatriculation, vous allez être flashé. Mais ce n’est pas une amende, c’est un forfait post-stationnement (FPS) à 35 €.
En revanche, le PV n’est pas automatique, il y en a 30 à 35 % qui sautent. Pourquoi ? Parce que tous les clichés sont vus et analysés par des agents du CSU. Vous venez de vous garer et vous êtes à côté de votre voiture et bien l’agent va automatiquement le supprimer. Vous avez votre coffre ouvert, idem.
Bio express
Né en 1972, Sébastien Cote est marié et père de deux enfants, une fille âgée de 23 ans et un garçon de 20 ans qui font actuellement leurs études. Historien de formation, il est professeur en classe préparatoire au lycée Joffre. Originaire du Sud-Ouest et plus particulièrement de Dordogne, il est arrivé à Montpellier en 2001.
Il s’est engagé politiquement et a rencontré Michaël Delafosse au début des années 2010. En 2020, alors qu’il s’attendait à recevoir le portefeuille de l’Éducation, c’est la délégation sur la Sécurité (protection de la population, tranquillité publique) qui lui a été attribuée. Une marque de reconnaissance quand on sait que la sécurité est, pour le maire, une priorité.
En outre, quand vous recevez votre FPS, vous pouvez encore le contester en faisant un recours auprès de l’opérateur et TaM accepte 95 % des recours (application hors service, horodateur en panne…). L’intérêt pour nous du système Lapi, c’est d’éviter les voitures ventouses. On veut des rotations pour les commerçants. Et si vous me posez la question de savoir pourquoi les voitures ont les vitres teintées, c’est parce que les conducteurs ont été victimes d’agressions et d’intimidations.
À côté de cela, il y a la vidéoverbalisation, réalisée par nos agents du CSU, qui est du domaine du pénal, avec contravention à la clef résultant de stationnements gênants ou très gênants : on se gare sur un trottoir, une piste cyclable, devant un garage… Il y a eu plus de 10 700 verbalisations durant le premier quadrimestre 2024.
Vols avec violence, sentiments d’insécurité, personnes sous produit illicite ou fragiles psychologiquement… Êtes-vous inquiet de l’ambiance qui règne dans la société actuelle ?
Autant en 2022, la délinquance avait baissé, parfois même avec des pourcentages à deux chiffres. Autant en 2023, ça a été compliqué. Toutefois, quand on se regarde, on se désole mais quand on se compare, on n’est pas si mal. Il n’y a qu’à voir les chiffres du Parisien qui nous classe 23e ville la plus dangereuse de France alors qu’en population, on est la 7e.
On est une société qui est plus violente, c’est lié aux produits illicites, aux marginaux, aux armes blanches…
Maintenant, la réalité, c’est qu’on a une société qui est plus violente. C’est lié à la polyconsommation de produits illicites (médicaments, stupéfiants, alcool…) et à la détresse psychologique qui n’est pas très bien prise en charge en France, faute de moyens. Et ça, c’est très inquiétant. En deux, viennent les marginaux, pas tous bien sûr mais quand même. Et le troisième sujet, ce sont les armes blanches qui se multiplient.
Avec les JO, l’été s’annonce tendu pour les forces de l’ordre. Comment l’appréhende votre police municipale ?
Nous, on a la chance à Montpellier que l’intégralité de nos évènements se seront déroulés avant les JO puisque le dernier, ce sera le feu d’artifice du 14-Juillet. On n’est pas une station balnéaire, on n’a pas de grand festival et, au mois d’août, généralement, c’est assez calme en centre-ville mais aussi dans les quartiers où les gens rentrent au pays.
Et il faut se dire que la police nationale aura quand même du monde sur le terrain et pourra compter sur nos agents. En ce qui nous concerne, comme les étés précédents, on renforcera les effectifs, particulièrement en soirée. À cela il faut ajouter douze effectifs supplémentaires, dès juin, qui viendront grossir les rangs de la police métropolitaine des transports. La sécurité d’une ville ce n’est pas que des caméras, c’est aussi des hommes sur le terrain.