SM Caen. Alain Douville et Guy Lunel, les deux complices ouvrent la boîte à souvenirs


Publié le 16 Déc 21 à 22 :03 

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Guy Lunel signait sa première licence au Stade Malherbe Caen. Quelques saisons plus tard, il était rejoint par Alain Douville. Le premier venait de l’Orne et le second de la Manche… Un duo Brahim Traoré – Johann Lepenant avant l’heure, en quelque sorte  !Pendant plus d’une demi-décennie, ils vont partager leur destin de footballeur de haut niveau sous les couleurs « bleu et rouge » auxquelles ils resteront fidèles bien après leur retraite de joueur. Leur rôle respectif dans l’équipe était bien défini : à Guy la bataille dans les duels, à Alain la sauvegarde de sa cage. La mission commune ? Défendre et empêcher l’adversaire de marquer.

SM Caen. Alain Douville et Guy Lunel, les deux complices ouvrent la boîte à souvenirs

Une amitié indéfectible

Elle a largement dépassé les limites des terrains de football La preuve, on les retrouve aujourd’hui, soudés comme jamais pour ouvrir la boîte à souvenirs. Des souvenirs parfois vagues ou brouillés mais vite corrigés ou confirmés grâce aux press-books, sorte de trésors de guerre qu’Alain conserve religieusement et qu’il avoue regarder de temps en temps avec nostalgie.Au cours de notre entretien, les deux compères ne furent pas avares d’anecdotes amassées pendant leur carrière. S’ils se montrèrent très prolixes sur le Malherbe de leur époque, ils ont fait preuve, en revanche, de retenue, voire de pudeur quand il a été question d’évoquer la situation actuelle du club…

?Guy Lunel  : J’évoluais au CS Alençon, au poste d’ailier et je faisais mes études à Caen. J’ai signé au club en octobre 1969 et j’ai fini la saison en B car il y avait déjà trop de mutés. Ce n’est que la saison suivante que j’ai intégré le groupe première dirigé par Célestin Oliver. J’ai débuté arrière latéral puis Jacques Mouilleron, dès son arrivée, m’a positionné dans l’axe de la défense, un poste qui me correspondait mieux.Alain Douville  : J’ai été contacté par un dirigeant du Stade Malherbe alors que je jouais à Saint-Lô. Il m’a proposé de venir effectuer un entrainement d’essai. Lors de la saison 1973/74, Pablo Hernandez venait de partir et j’ai été mis en concurrence avec Serge Guillemont. Emile Rummelhard, le coach de l’époque m’a fait confiance et voilà comment l’aventure a débuté.Vous opériez en attaque au début de votre carrière. C’est votre premier point commun… Le deuxième, c’est l’athlétisme que vous avez pratiqué avant votre venue à Caen…G.L.  : J’avais une licence mais c’était surtout pour aider mon club au moment des interclubs. Ma spécialité, si je puis dire cela, c’était le saut en longueur… mais rien à voir avec Doudou qui était reconnu comme un athlète de niveau national.A.D.  : Au départ, l’athlétisme, c’était pour avoir une activité après la saison de foot. J’avais des qualités en sprint et j’aimais la compétition. J’ai ainsi fini 3ème au 200 mètres en 21s6 lors du championnat de France ASSU (l’ancêtre de l’UNSS) puis 2ème au championnat de France universitaire en 4×100 m. Mes performances, 10s6 au 100m et 21s6 au 200m, étaient encourageantes mais j’ai choisi de me consacrer au foot.À l’époque, quel était votre statut ?G.L.  : Le club avait le statut amateur ce qui posait problème quand on évoluait en 2ème division constituée majoritairement de clubs pros. Eux pouvaient aligner autant de recrues qu’ils voulaient tandis que les clubs amateurs n’avaient pas droit à plus de trois mutés sur la feuille de match.A.D.  : Ce n’était pas équitable et le Stade Malherbe n’arrêtait pas de faire la navette entre D3 et D2 jusqu’au jour en 1985 où les dirigeants ont franchi le pas et pris le statut professionnel. Les joueurs, nous avions également le statut amateur ce qui signifie qu’on avait une activité professionnelle à côté du foot.Ah oui, troisième point commun  ! Vous étiez tous les deux profs d’EPS…G.L.  : Cela nous a certainement rapprochés (rires). Doudou a exercé au lycée Allende à Hérouville et moi j’étais en poste au collège Hasting à Caen. Dans l’équipe, il y avait aussi Alain Gautier, Yannick Carreau et Jean-Michel Jacobs.

« Portés par la classe d’Antic »

En 1975, Malherbe remonte en Division 2. C’est le début de trois saisons consécutives, entre 75 et 78, qui constituent le summum de votre carrière…A.D.  : C’est surtout la saison 75/76 qui a été magnifique avec un joueur formidable, Bosko Antic, international yougoslave, qui venait du SCO d’Angers et qui a inscrit 22 buts. On a longtemps figuré dans le haut du classement à la lutte avec des clubs comme Rennes, Laval, Rouen ou Lorient. Dommage, on a mal fini la saison et on a dû se contenter d’une 6ème place.G.L.  : C’est le Stade Rennais qui a finalement remporté le championnat et accédé en D1, mais on avait gagné chez eux. C’est vrai que cette saison-là, on était porté par la classe d’Antic, le meilleur joueur avec qui j’ai joué. A l’entrainement, on n’arrivait pas à lui prendre le ballon.A.D.  : Je suis d’accord. Antic, c’est aussi le meilleur joueur que j’ai côtoyé avec aussi, tout juste derrière, Jean-Paul Bouffandeau.La saison suivante fut plus chaotique…A.D.  : On se sauve lors du dernier match de la saison face à Lorient (2-1) et ce sont justement Bouffandeau et Antic qui marquent…G.L.  : En championnat, ce fut compliqué mais on avait atteint les 16èmes en coupe et obtenu le droit d’affronter le PSG. Ce n’est pas encore le grand PSG mais il y a des clients, Pantelic, Dalheb, M’Pelé… À l’époque c’était en matchs aller et retour. À Venoix, on perd 2-0 et au Parc des Princes, on est mené 3-0 à la mi-temps. Tout le monde craint le carton mais on reviendra à 3-2, ce qui constituait quand même un score honorable.Et puis, c’est la descente en D3…A.D.  : Le championnat avait très mal débuté avec la délocalisation à Bayeux pour cause de réfection de la pelouse. Là-bas, en 5 matchs, on n’a pas gagné une seule fois. On ne s’est jamais remis de ce départ loupé. Il fallut même attendre la 13ème journée à Poissy pour enregistrer notre première victoire. Et puis Antic n’était plus là…En D3, Caen a l’étiquette de favori mais connaît un départ catastrophique. A l’arrivée, l’équipe finira à la 9ème place bien loin des ambitions du club. Cette saison 1978/79 marquera une cassure pour l’association Lunel-Douville. C’est la dernière pour Guy Lunel en équipe fanion tandis qu’Alain Douville, opéré du genou, a laissé sa place à Philippe Fossard. La saison 1979/1980 démarre avec un nouvel entraineur Alain Laurier. Guy Lunel devient son prête-nom et c’est Philippe Fossard le titulaire dans les buts…A.D.  : Philippe se blesse lors du premier match. Je rentre et je fais toute la saison. Une saison extraordinaire avec 27 matchs de suite invaincus mais hélas gâchée par une défaite aussi stupide qu’évitable à Chartres, la lanterne rouge.Malherbe effectuera un nouvel aller-retour D2-D3 puis, pendant que Guy Lunel continue de donner un coup de main à la B, Alain Douville s’octroie une année sabbatique (ou presque) puis qu’il sera aligné une dizaine de matchs à l’aile gauche de la C. En juillet 83, Pierre Mankowski succède à Alain Laurier. L’effet psychologique se fait sentir et c’est une nouvelle accession en D2 après une saison riche en évènements…A.D.  : Le fameux match contre Lisieux et ce but décisif de Philippe Delval… La dernière rencontre à Nantes où il ne fallait pas perdre et où l’on arrache le 0-0… sans oublier le super parcours en coupe avec l’élimination du Racing Paris et de Lille puis la victoire à l’aller contre Laval et la défaite au retour aux tirs au but. Oui une énorme saison ! On obtiendra ensuite un maintien tranquille marqué, pour moi, par une hépatite virale qui me priva d’une quinzaine de matchs. C’était sans doute un signe que je devais raccrocher les gants. 84/85 constitua ma dernière saison de joueur.

h2>« On a traversé les saisons… »

Quatrième point commun  : après votre carrière de joueur, vous endossez celle d’entraineur et toujours au sein du Stade Malherbe.G.L.  : Après la B, les dirigeants m’ont confié l’équipe des 17 ans, celle des Dieng, Née…. Daniel Jeandupeux m’a pris ensuite comme adjoint pendant deux saisons et j’ai connu l’épopée en coupe d’Europe. Quel souvenir  ! La suite fut moins glorieuse. Manko était revenu et m’avait gardé comme adjoint. C’était la saison avec Kenneth Anderson et Caen est descendu en fin de saison avant de remonter aussitôt. J’ai lâché ensuite le groupe professionnel et on m’a donné la responsabilité de l’équipe C où évoluait entre autres un certain Jérôme Rothen. Ce choix était avant tout professionnel car je ne voulais pas perdre mon poste au collège Hastings. J’ai ensuite abandonné le survêtement de l’entraîneur pour endosser le costume de superviseur-recruteur sous l’ère Rémy. J’ai quitté toutes fonctions au Stade Malherbe en 2007.C’est presque 30 ans de bons et loyaux services… et toi Doudou ?A.D.  : Dès ma décision d’arrêter de jouer prise, j’ai répondu favorablement à la proposition de Manko de prendre l’entrainement spécifique gardiens. Quand j’ai démarré, Bensoussan et Montanier étaient les gardiens. Je suis resté en poste jusqu’en 2001. J’ai traversé les saisons avec Manko, Nouzaret, Jeandupeux, Calderon, Théault, David et Gasset. Puis ce dernier voulait un entraîneur des gardiens à plein temps. J’’ai donc privilégié ma carrière à l’éducation nationale. Au début, j’allais aussi de temps en temps superviser les équipes adverses. Je me souviens par exemple que Manko nous avait envoyés, Guy et moi, voir Montceau les Mines – Alés car Malherbe allait rencontrer le vainqueur en barrages pour la montée en première division.Dans votre carrière de joueur, vous avez rencontré des grands joueurs… Quelques noms ?A.D.  : Oui des grands joueurs comme Platini, Papin, Kéruzoré… mais étrangement j’avais une bête noire et ce n’était pas une vedette même s’il a fait une belle carrière en D2 mais il m’a souvent mis la misère, c’est Daniel Fuchs, qui évoluait à Boulogne-sur-Mer.G.L.  : Quand je jouais latéral et que mon adversaire direct était un petit gabarit, je souffrais énormément. Je me souviens de Jean-Claude Fuentés au Red Star, c’était aussi ma bête noire. Dans l’axe, heureusement, on ne croisait pas des petits comme lui.A.D. : Je t’ai vu faire ton meilleur match contre Pokou à Rennes. Et museler Pokou, ce n’était pas rien. L’un des meilleurs Africains qu’on ait vu en France.

quel joueur était Guy Lunel  Personnellement, je n’ai pas d’avis tranché et encore moins de recommandations à faire. On est triste et inquiet de la situation du club. Je fais confiance à Stéphane Moulin pour sortir l’équipe de l’ornière.G.L.  : Oui, on est forcément inquiet. Moi je n’arrive plus à regarder les matchs, c’est au-dessus de mes forces. Alors je prends le score en cours de match qui est bien souvent négatif et je me fais une raison tant bien que mal. L’équipe n’est pas nulle et fait des matchs corrects mais le moindre grain de sable la met en difficulté. Est-ce le mental qui est défaillant ? Cette saison, on a changé de staff et on a récupéré plusieurs recrues mais les problèmes demeurent, ce n’est pas simple…

Quelques anecdotes choisies

La seule fois où Guy Lunel a « engueulé » Alain Douville  :C’est ce dernier qui raconte. « Cette saison- là, on avait débuté la saison à Bayeux car la pelouse de Venoix venait d’être refaite. C’était le premier match de la saison, souvent déterminant pour la suite et on affrontait Quimper à Henry Jeanne. On mène 1-0 et à 20 minutes de la fin, sur une balle en profondeur que je peux facilement capter en sortant, je ne sors pas et on prend le but… Incompréhensible, même avec 40 ans de recul  !Leur première rencontre  :Alain Douville  : « J’ai joué contre lui avec St-Lô contre la B de Malherbe en 69/70. Il avait d’ailleurs marqué un but entre les jambes de notre gardien et l’on ne s’était pas parlé. Mais, hasard de la vie, Françoise, sa future femme, habitait chez ses parents dans le même immeuble que les miens. Comme Guy était devenu un titulaire indiscutable au Stade Malherbe, j’avais quémandé une paire de chaussettes du Stade Malherbe à Françoise et c’est lui-même qui me les avait apportées. »Quand Ribery faillit signer à Malherbe  :Guy Lunel  : « Lors d’un Cherbourg-Alès en National, un joueur d’Alès me tape dans l’œil. Il s’appelle Franck Ribery. Je fais mon rapport et le Stade Malherbe le fait venir une semaine. A l’arrivée, il n’a pas dû être jugé assez performant car il n’a pas été retenu… Quel gâchis  ! »Un but qui a pris de la valeur  :Le dernier but de sa carrière, Alain Douville l’a encaissé face à un futur ballon d’or. C’est en effet le jeune Jean-Pierre Papin, alors à Valenciennes en D2, qui a marqué le troisième et dernier but des Nordistes. C’est tout juste si Doudou ne se vanterait pas d’un but encaissé….Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Sport à Caen dans l’espace Mon Actu. En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.