Après plusieurs naufrages, la décision de fermer temporairement le port de pêche de Sainte-Marie, particulièrement ensablé, a été actée. La Cinor s’engage devant les pêcheurs, bloqués, à régler de manière pérenne ce persistant problème. Sinon « la colère va remonter très vite », promettent-ils.
Un rond d’une quinzaine de pêcheurs, amateurs ou professionnels, s’est formé au port de Sainte-Marie ce lundi matin. Au centre des conversations : la fermeture du port jusqu’au 11 août minimum. Une décision prise par la Cinor suite aux derniers naufrages intervenus dans cette zone particulièrement ensablée.
« On est pris entre deux sentiments », résume Frédérick Dambreville, représentant du collectif des pêcheurs. « On est content malgré tout que la Cinor s’engage pendant deux mois à faire des gros travaux. Par contre, si en deux mois on voit que rien n’est fait, la colère va remonter très vite. »
Une colère qui s’était exprimée la semaine passée lors d’un rassemblement de pêcheurs, sur le petit port actuellement en travaux. « Nous comprenons le mécontentement des pêcheurs mais comme ils prennent des risques en sortant, nous avons décidés, suite aux préconisations de la commission nautique, d’interdire toutes les sorties du port de Sainte-Marie », explique dans une conférence de presse Didier Gopal, vice-président de la Cinor, en charge du Port et de l’économie de la mer. À pied, les visiteurs ne pourront également pu accéder à ce chantier, dont les entrées sont contrôlées par GTOI, qui mène le chantier.
« Demain, je vais faire quoi ? »
« Étant pêcheur professionnel, je ne suis pas d’accord », lui répond Jean Hang-Si-Lan, au pied de son bateau. « C’est mon métier et je n’ai que ça à faire. S’ils font un chenal pour que nous, professionnels, puissions sortir, c’est nickel. Sinon, demain, je vais faire quoi ? Quelle ressource ? Je n’ai rien. »
Cette question de l’indemnisation, qui concerne entre 20 et 30 pêcheurs, n’est pas encore tranchée. « Cela doit se faire dans un cadre réglementaire, avec différents critères », évacue Didier Gopal. « Une réunion est prévue le 22 juin avec les pêcheurs à ce sujet. » Pour les plaisanciers, « la Cinor s’est engagée à ce qu’ils aient un an d’anneau supplémentaire par rapport à la date de mise en exploitation du port », assure de son côté Frédérick Dambreville, le représentant du collectif des pêcheurs.
En attendant, derrière les barrières de chantier du nouveau port, qui doit être livré au premier trimestre 2022 (budget total de 20 millions d’euros), les pêcheurs attendent. Les machines ont beau aspirer plus de 600 mètres cube de sédiment par jour, cela ne suffit pas. L’entrée du port est désespérément bloquée.
La promesse de moyens techniques supplémentaires
« Le piège à sédiment est saturé, ce qui fait que l’ensablement est plus rapide qu’avant, explique Fabrice Langlade, directeur des infrastructures à la Cinor. Il faut restituer la plage Est et intervenir sur le chenal avec une pompe qui va aspirer les sédiments et le rejeter au large. »
Un engagement pris par Didier Gopal et la Cinor. « Nous avons doublé le désensablement depuis janvier mais cela ne suffit pas. On va augmenter les moyens techniques pour dégager l’entrée du port. Nous avons demandé au groupement en charge de la réalisation des travaux (GTOI) de trouver des solutions techniques supplémentaires pour améliorer les choses de façon pérenne. »
Cet ensablement massif s’expliquerait par les forts courants marins, le réchauffement climatique mais aussi par l’absence de cyclone qui balaie les sédiments. Résultat, aucune embarcation ne passe. Pas même le Ma Perrine, la vedette de secours de l’aéroport Roland-Garros. « En cas d’accident extrême, nous avons pris l’engagement qu’elle puisse sortir grâce à notre maintenance mécanique présente au port. »
Kilian Kerbrat
Le futur port livré début 2022
« Un équipement majeur ». C’est en ces termes que Rosita Hoarau, directrice générale des services à la Cinor présente le nouveau port de Sainte-Marie, actuellement en travaux. 21 restaurants, des terrasses en hauteur, des services aux pêcheurs et un site de vente de poisson frais à la criée vont sortir de terre. Un parking de 5000 m2 sera également construit derrière le port. Le tout pour un montant de 20 millions d’euros, financé par l’Europe, la Région et la Cinor. La livraison est prévue au premier trimestre 2022. Le parc de Bois Madame sera quant à lui réaménagé (1 million d’euros).