h2>Les candidats passés au crible
Le mouvement Ethic, présidé par Sophie de Menthon, a envoyé à l’ensemble des candidats à la présidentielle un questionnaire dans le but d’en savoir davantage sur leur vision du monde de l’entreprise
Atlantico : Vous avez reçu un certain nombre de candidats à la présidentielle pour leur poser des questions sur l’entreprise lors d’une interview filmée. Vous leur avez aussi soumis un questionnaire écrit. Quelle était la philosophie de votre démarche ?
Sophie de Menthon : Nous avons reçu, avant tout le monde, les candidats à la présidentielle. Pour certains, nous n’avons pas encore trouvé de date (Jadot et Roussel), tandis que Mélenchon et Taubira ont refusé. Je souhaitais leur poser des questions précises sur l’entreprise. Trop souvent, ils font des réponses floues et idéologiques. Le questionnaire a été envoyé il y a plusieurs semaines, sans lien avec leur passage filmé. Ces textes ont été écrits par leur équipes économiques et cela est très clair.
Quels sont les principaux points notables observés via ces questionnaires ?
D’abord, il y avait quelques divergences entre les propos tenus par les candidats habituellement et leurs réponses écrites. Par ailleurs, nous avions reçu Eric Zemmour avant même sa déclaration de candidature, en novembre. A ce moment-là, son niveau économique était très plat. Son questionnaire est bien meilleur et il a vraiment changé sur certains propos et est devenu plus pro-entreprise. Cela prouve qu’il a travaillé et appris. Il me l’a même confirmé par SMS. Répondant à mon interrogation sur son changement de ton, il m’a répondu : « Tout me nourrit et m’enrichit. Je ne suis pas obtus et j’essaie d’être le plus pragmatique possible ». C’est aussi chez nous que Marine le Pen est revenue sur la retraite à 60 ans en introduisant la pénibilité. De même, Valérie Pécresse a annoncé la baisse des impôts de production devant les adhérents d’ETHIC. Dans les questionnaires, tous les candidats s’accordent pour évoquer l’importance des entreprises dans l’économie. Mais très vite les clivages idéologiques reviennent. Valérie Pécresse se revendique « résolument libérale », Zemmour et Koenig prennent le temps de définir le mot, Marine Le Pen évoque les risques du mondialisme. Hidalgo et Jadot n’évoquent pas le mot. L’Etat pour Zemmour ou Pécresse, c’est celui qui prélève trop. Tous les candidats sont embarrassés avec les termes d’Etat entrepreneur. Yannick Jadot veut une économie régulée qui a sa liberté… ce qui ne veut pas dire grand-chose. Le flou représente des intérêts contradictoires. Eric Zemmour a véritablement basculé vers le libéralisme car à Ethic, « il m’avait répondu, sans Colbert vous ne seriez pas là », désormais il assume une confiance envers les entreprises. Tout comme Marine Le Pen. C’est moins le cas pour Anne Hidalgo et Yannick Jadot. Sur la relocalisation, Zemmour est celui qui a le plus conscience de l’ampleur de la tâche et des pistes pour l’envisager. Marine Le Pen est plus dirigiste, Valérie Pécresse reste très générale. Gaspard Koenig veut appliquer l’exemple de la Bavière à la France.
Quels sont les points noirs des candidats ? Les sujets dont ils n’ont pas parlé ?
pour que ces derniers obtiennent des papiers, qu’ils aient travaillé 3 ans et présentent 24 bulletins de salaire ! Comment l’État peut-il imposer une règle totalement schizophrène en contradiction avec l’éthique et la loi ? » La réponse a trop été, il faut arrêter d’employer des sans-papiers et les Français pourront travailler à leur place. C’est ne pas connaître la manière dont fonctionne sans emploi. Sans cela, de nombreux emplois importants ne seraient pas pourvus. Chez Ethic, nous pensons qu’il faut donner des permis de séjours à ceux qui sont en CDI. La seule personne à temporiser sur la question a été Marine Le Pen lors de son passage à Ethic.Sur les conditions de relocalisation, personne n’est capable d’aborder la relocalisation sous un angle global. Pour relocaliser, il faut recréer une filière du début jusqu’au produit fini. De même, personne n’a abordé la contradiction entre la relocalisation industrielle et les nouvelles normes écologiques. Le troisième point qui n’a pas été abordé ou pas compris, c’est l’Etat profond. On confond les fonctionnaires, l’administratif, la paperasserie. Personne n’a abordé le statut de fonctionnaire, le monde à eux que se sont créés les fonctionnaires. Souvent la solution c’est de mettre en place un grenelle et de créer de nouveaux décrets. L’Etat profond est un serpent de mer et nous pensons que ceux qui ont créé ce système ne peuvent pas le réformer. Qui va réduire le nombre d’ARS par exemple ? Il y a 1200 agences de l’Etat, il faut en supprimer le quart. Au lieu de ça, on diabolise le privé. Anne Hidalgo pense réussir grâce au dialogue social, certains disent vouloir tout tenter contre l’Etat profond sans dire comment. D’autres ne veulent même pas se soucier du problème. Or si on veut s’attaquer à l’Etat profond, il faut un spoil system. Les administrations ont le pouvoir en France, pas un candidat ne peut avoir la main sur son administration.
Selon vos critères et les besoins des entreprises, qui s’en sort le mieux ?
C’est Gaspard Koenig, et d’une certaine manière Zemmour, comme je vous l’expliquais. On a retrouvé chez lui récemment plusieurs propositions d’Ethic. On espère prochainement avoir Emmanuel Macron quand il sera candidat.
Lundi avait lieu la Ref présidentielle du Medef. Qu’en avez-vous pensé ? Les réponses des candidats sont-elles les mêmes que celles faites à Ethic ?
Les candidats ont fait exactement les mêmes réponses. Yannick Jadot que nous n’avons pas encore eu à dit énormément de choses. Quand je compare avec son questionnaire, la substance est la même. Les candidats sont très cohérents. Mais le Medef n’est pas là pour rentrer dans le détail du terrain qu’on vit tous les jours. Ils sont plutôt macroéconomiques, je suis dans la micro. Je considère que c’est le nerf de la guerre. Il n’y a rien eu de très différent, mais nous sommes dans une démarche complémentaire.