Publié le 8 Avr 22 à 18 :04
76actu
Voir mon actu
Suivre ce média
Henry* vit dans sa voiture. « Son duplex », comme il l’appelle en souriant. Dedans, quelques babioles, des vêtements et des duvets qui lui ont été donnés par des habitants du quartier, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). Tout frêle, usé par la vie et la fatigue, les traits tirés, l’homme de 64 ans ouvre timidement la fenêtre. « Merci d’être venu me voir », confie-t-il.Très vite, Roman, un voisin, vient à notre rencontre. « Venez boire un café à la maison », lance-t-il. Henry hésite, par peur de déranger. Roman insiste. Finalement, Henry accepte : « Ça va me faire du bien d’être un peu au chaud. »
Il se retrouve sans rien du jour au lendemain
Document à l’appui, il indique que les aides de la CAF (caisse d’allocations familiales) qui lui sont dues sont directement versées sur le compte de sa femme. En décembre 2021, il devait recevoir la somme de 2710,80 euros. Le dialogue étant rompu entre les deux, il n’aura rien. « J’ai fait une croix sur cet argent », lâche-t-il.
« J’ai cru finir congelé »
« Il y a deux fois où j’ai eu peur, raconte-t-il. Un soir, il faisait très froid. Tout mon corps était engourdi. »
Mes doigts étaient en train de changer de couleur. Je me suis dit : « Si tu t’endors, tu es mort ». J’ai cru finir congelé.Henry
je n’ai plus la force », confie-t-il, les yeux humides et la voix tremblante. Vidéos : en ce moment sur Actu
« Sans eux, je serais mort »
Depuis que des habitants du quartier, comme Roman, ont appris ce que traversait Henry, un véritable élan de solidarité s’est mis en place. Tous les jours, des voisins viennent discuter et lui apportent de quoi se nourrir. Une voisine lave son linge, régulièrement. Un autre l’invite chez lui pour qu’il puisse prendre une douche, de temps en temps. « Sans eux, je serais mort aujourd’hui, répète-t-il. Mais franchement, ça me gêne d’être dépendant de l’aide des gens. » Pourtant, il le reconnait sans peine, « si je n’étais pas aidé, j’aurais déjà abandonné. » Roman est particulièrement à l’écoute d’Henry. Lors de ces dernières semaines, au moment de la vague de froid, le gardien de l’immeuble lui a payé deux nuits dans un hôtel, à Saint-Etienne-du-Rouvray pour qu’il « se requinque ». Tous les jours, il passe le voir pour s’assurer qu’il n’a besoin de rien. « Le peu que je peux faire, je le fais », déclare-t-il sobrement. « Il fait déjà beaucoup ! », répond Henry, reconnaissant. Les fils d’Henry passent eux aussi régulièrement le voir, pour s’assurer que leur père va bien. En revanche, de sa fille de 7 ans, la plus jeune de la fratrie, il n’a plus de nouvelles. « Elle est sous l’emprise de sa mère, de toute façon. Ça me tue de ne plus pouvoir la voir », lâche-t-il, amer.
S’en sortir
Je n’ai pas besoin d’un psychiatre ils passent me voir la nuit », confie Henry. Désormais, le retraité attend de recevoir sa complémentaire, qui devrait lui permettre de toucher un peu moins de 1000 euros chaque mois.
J’ai travaillé depuis que j’ai 14 ans. J’ai tout fait ! Peintre en bâtiment, boulanger, etc.Henry
et ce le plus rapidement possible. « Nous regardons pour lui obtenir une résidence sociale. Nous essayons d’avancer sur cette solution qui nous semble la plus adaptée. »*Le prénom a été modifié à sa demande.Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre 76actu dans l’espace Mon Actu. En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.