Hélicoptère, maternité, désert médical : la ministre, en visite en Lozère, aborde les sujets qui préoccupent le t...


Agnès Firmin-Le Bodo est en visite en Lozère ce 2 juin 2023. La ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, nous répond sur les enjeux qui se posent en Lozère.

La Lozère, c’est un déplacement qui a été reporté deux fois, mais auquel vous teniez.

Hélicoptère, maternité, désert médical : la ministre, en visite en Lozère, aborde les sujets qui préoccupent le t...

La Lozère est un département 80 000 habitants sur une grande surface mais les réponses que l’on peut y apporter ne sont forcément pas les mêmes.  Le mieux, c’est de venir voir.

Quels sont les leviers qu’il faut actionner pour garantir à tous un égal accès aux soins, même dans les territoires les plus éloignés ?

Les solutions sont multifactorielles. Il faut d’abord dégager du temps médical. C’est de la responsabilité de l’État. Il faut moins de paperasse. Il faut inciter les médecins à prendre des assistants médicaux. Un assistant médical, c’est en moyenne deux consultations par jour et par médecin de gagnées. C’est donner, aussi, l’impulsion aux professionnels de travailler ensemble : le binôme médecin infirmier par exemple fonctionne très bien. Le médecin généraliste reste bien sûr la pierre angulaire de la décision, du diagnostic, mais le suivi peut être coordonné avec un infirmier, un kiné, un pharmacien. Et c’est aussi donner envie aux jeunes de venir s’installer dans ces territoires. La suppression du numerus clausus qui a été votée sous le gouvernement d’Édouard Philippe ne produira ses effets que dans 8 ans. 

Justement, comment encourage-t-on de jeunes médecins à s’installer en zone rurale. Pensez-vous qu’il faille l’imposer ?

La jeune génération de professionnels de santé, et pas que les médecins, veut travailler différemment de celle d’avant. Le médecin qui travaille 70h, c’est fini. Les jeunes ne veulent plus travailler tout seuls, ils veulent travailler soit dans un cabinet de groupe de médecins, soit dans une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP). J’annoncerai dans les jours à venir comment on va arriver à 4 000 MSP, contre 2 000 actuellement. 

87 % de la France est un désert médical. Il faut stopper cette spirale négative, dans laquelle on a des professionnels qui arrêtent parce qu’ils sont épuisés. Il faut redonner du sens, les accompagner, supprimer les lourdeurs administratives. Et entendre ce que nous disent les jeunes internes. Certains parlementaires veulent la coercition. Les jeunes internes répondent : »Si vous faites ça, ce n’est pas compliqué, on ne fera pas. » Ils le disent, et ils le font. Parce que ce qui est nouveau, aussi, dans la jeune génération, c’est qu’un médecin, même formé, peut changer d’option et de voie très vite. Ce qu’il faut, c’est inciter, accompagner. Pour l’instant, au cours de la formation, on reste dans le système tout CHU. Si on n’imagine pas, pendant le parcours étudiant, d’envoyer ces jeunes dans les territoires, dans des hôpitaux de proximité, on ne leur donnera pas à voir, on ne leur donnera pas envie. il faut aussi que les médecins généralistes soient maîtres de stage, même dans les petites communes. Cela pose la problématique du logement, de la mobilité, parce qu’un stage, c’est 6 mois. Ce sont autant questions sur lesquelles nous travaillons.

L’accès aux spécialistes est compliqué depuis la Lozère. Comment le faciliter ?

Il y a des solutions qui existent, notamment la téléexpertise ; ça marche bien. Un médecin généraliste par exemple qui voit en consultation un problème dermato, s’il a un doute, s’il se connecte, il a un dermatologue qui va lui répondre. C’est une réponse qui permet de lever un doute, qui permet peut-être aussi de prendre un rendez-vous si c’est nécessaire. La problématique du spécialiste est réelle, on ne peut pas le nier. Il faut gagner le plus de temps médical, en utilisant les compétences de chacun. Par exemple, avec les opthalmos et les orthoptistes, qui travaillent ensemble. Les assistants médicaux. Et les rendez-vous honorés. Un rendez-vous pris mais pas honoré, c’est un rendez-vous perdu pour un patient. 

Concernant l’hélicoptère que la Lozère demande à l’année, quelle est votre position ?

Quel est le nombre de personnes qui ont réellement besoin de l’hélicoptère ? Quel est le manque de chances de sauver une vie en Lozère s’il n’y a pas l’hélicoptère? Il faut l’étudier, avec une étude d’impact. Est-ce que la solution, c’est l’hélicoptère, je n’ai pas de réponse, je n’ai pas d’avis tranché. Je ne voudrais pas que ce soit une fausse bonne idée. On pense que l’hélicoptère, c’est plus rapide, mais ce n’est pas si simple. Il faut que les conditions météo lui permettent de décoller, qu’il puisse atterrir à l’endroit où on a besoin de lui. Par contre, est-ce qu’on imagine former un grand nombre de médecins aux premiers gestes de Samu? C’est aussi une solution. Les médecins généralistes sont-ils formés ? 

La maternité de Mende, la seule de Lozère, avec 420 accouchements par an, peut-elle être menacée ?

L’idée, ce n’est pas de fermer les maternités, c’est d’offrir aux mamans un accouchement en toute sécurité. C’est ça, la priorité des priorités. Une maternité qui fait 420 accouchements, si les mamans accouchent dans de bonnes conditions de sécurité, ce n’est pas un problème. Le problème se pose à partir du moment où il manque un anesthésiste par exemple, et que le plateau médical ne peut plus assurer la sécurité. Il faut que l’hôpital ait une certaine activité générale.