Vidéo. Tram, taxi, navette… On a testé cinq moyens de se rendre à la gare depuis l’aéroport de Bordeaux


Depuis le 29 avril, on le sait, la ligne du tram A, longtemps attendue et enfin étendue, est arrivée au pied du tarmac de l’aéroport de Bordeaux Mérignac. Il a chassé la ligne 1 du bus métropolitain mais d’autres modes de transports, anciens – navette, taxi – ou plus récents – vélos et véhicules électriques individuels – subsistent. Quels sont les avantages et les inconvénients de toutes ces options offertes aux voyageurs en matière de temps de trajet, de tarif, de confort ou de fiabilité ? Quatre journalistes de la rédaction de « Sud Ouest » ont tenté de répondre à ces questions en testant cinq modes de transports – l’un d’eux s’y est repris à deux fois – un après-midi de mai.

1 Le tram : trajet 1 h 10, prix 1,70 €

Le tramway : prix imbattable, accès au réseau, mais qu’en est-il du temps ?
Laurent Theillet/ « SUD OUEST »

Vidéo. Tram, taxi, navette… On a testé cinq moyens de se rendre à la gare depuis l’aéroport de Bordeaux

Le top départ est à peine donné que le tram A (une rotation toutes les dix minutes) pointe son nez fuselé sur le quai de l…Depuis le 29 avril, on le sait, la ligne du tram A, longtemps attendue et enfin étendue, est arrivée au pied du tarmac de l’aéroport de Bordeaux Mérignac. Il a chassé la ligne 1 du bus métropolitain mais d’autres modes de transports, anciens – navette, taxi – ou plus récents – vélos et véhicules électriques individuels – subsistent. Quels sont les avantages et les inconvénients de toutes ces options offertes aux voyageurs en matière de temps de trajet, de tarif, de confort ou de fiabilité ? Quatre journalistes de la rédaction de « Sud Ouest » ont tenté de répondre à ces questions en testant cinq modes de transports – l’un d’eux s’y est repris à deux fois – un après-midi de mai.

1 Le tram : trajet 1 h 10, prix 1,70 €

Le tramway : prix imbattable, accès au réseau, mais qu’en est-il du temps ?
Laurent Theillet/ « SUD OUEST »

Le top départ est à peine donné que le tram A (une rotation toutes les dix minutes) pointe son nez fuselé sur le quai de l’aéroport. Problème : les trois distributeurs de tickets TBM à portée sont pris d’assaut par des touristes allophones, encombrés d’enfants et de bagages. On triche un peu et on borne un ticket sorti de sa poche. À demi-rempli de voyageurs plutôt à leur aise, le tram s’éloigne en silence et accoste les nouvelles stations. On passe la rocade et le tube se remplit de locaux.Vers Mérignac Soleil, une voix résonne : « trafic interrompu en raison d’un malaise voyageur sur la ligne ». Le tram s’arrête puis redémarre. « Trafic rétabli. » Nos vœux de prompt rétablissement au voyageur. Mais la ligne est ralentie et le conducteur prie régulièrement d’excuser les pauses « pour régulation ». À la gare, après une heure et dix minutes de trajet – comprenant un changement de ligne à Porte de Bourgogne –, on rejoint les collègues, bon dernier et avec vingt minutes de retard sur l’horaire promis par le simulateur de l’appli TBM (50 minutes).L’atout du tram, c’est d’abord son tarif, imbattable (1,70 € maximum). Côté rapidité, il paraît moins concurrentiel, du moins aux heures creuses, comme c’est le cas ici. Il reste une très bonne option pour rejoindre le centre-ville. À condition d’avoir un peu de temps devant soi.

« Sud Ouest »

2 Le taxi : 34 minutes et 57 euros

Le taxi : toujours en tête du peloton… quand le trafic est fluide.
Laurent Theillet/ « SUD OUEST »

Après cinq minutes d’attente, Jérôme Faure, taxi à Bordeaux depuis quatorze ans, arrive pour assurer la course. On lui explique le principe : comparer les modes et les temps de trajet entre les deux points. Le chauffeur se prend vite au jeu. « Il aurait suffi que vous arriviez une heure plus tard et on aurait été dans les bouchons. Là, ça va le faire, on devrait gagner. » Le quadra motivé lance d’autres pistes : « Si vous faites un jour un sujet sur la circulation à Bordeaux, je peux vous en parler. En quinze ans, on a bien vu la différence. »Revenons à nos moutons. « Le tram jusqu’à l’aéroport ? C’est positif. On est dans une grande ville et il en faut pour tout le monde. C’est comme après l’arrivée d’Uber : bien sûr qu’on a un peu senti l’impact mais il faut s’adapter. » Nous voilà sur la rocade et ça circule bien. « On s’en sort pas mal. » Direction Belcier, par le boulevard des Frères-Moga, le quai de Paludate et le pont du Guit. On n’a presque pas vu passer le trajet : vingt-neuf minutes de route, auxquelles il faut ajouter l’attente, soit trente-quatre minutes nécessaires pour rejoindre la gare Saint-Jean depuis l’aéroport. Imbattable. Hormis la note : 57 euros. « Avec l’inflation et le coût du carburant, nos tarifs ont été revalorisés. Mais vous savez, notre clientèle est surtout composée de professionnels qui veulent aller vite, avec un transport fiable et être déposés au pied de la porte, alors le prix… »

3 La navette : 57 minutes et 8 euros

La navette, sans arrêt toutes les trente minutes, pour les voyageurs en transit.
Laurent Theillet/ « SUD OUEST »

Trente-trois minutes de trajet montre en main pour rejoindre la gare Saint-Jean depuis l’aéroport en navette. Des départs sont prévus toutes les demi-heures. Résultat des courses, nous avons dû patienter un petit moment. Tout compris, le petit périple aura duré cinquante-sept minutes et trente secondes. Le bus ne marque aucun arrêt. Une option avantageuse pour les voyageurs désirant ne pas rater leur correspondance. Seul bémol de ce voyage : les possibles aléas de la circulation bordelaise et ses embouteillages.Valise en main, Wesley et Kelly, un couple lillois encore bronzé de ses vacances à Palma, s’inquiètent de rater leur train à destination de Lille. « L’avion avait déjà du retard, alors on espère ne pas manquer notre train », souffle Wesley. Les inquiétudes du nordiste sont rapidement dissipées, la circulation est fluide, le bus poursuit sa route sans encombre. En plus d’être climatisé, le véhicule dispose du wifi et d’une prise USB permettant de recharger ses appareils. Côté tarif, le billet oscille entre 8 et 5 euros, selon l’âge et le statut de l’usager. Solution plutôt économique et confortable, la navette est une bonne option pour les voyageurs désirant relier le plus rapidement la gare Saint-Jean.

4 Scooter électrique : 45 minutes, 10,95 €

Le scooter, véhicule facilement maniable mais qui manque de puissance.
Laurent Theillet/SUD OUEST

Anubis, Naruto, K2, Gaby… drôles de noms pour des scooters électriques  ! À leur emplacement – sur le parking motos situé face au hall A de l’aéroport –, on a jeté notre dévolu sur Gaby et on l’a « réveillé » en deux temps trois mouvements du bout des doigts, sur l’application mobile de l’opérateur bordelais eDOG (Yego est aussi à l’aéroport). « Clac. » Le top-case se déverrouille tout seul. À l’intérieur, deux casques et un lot de charlottes hygiéniques jetables. Merci pour nos cheveux. Un hic quand même : aucune trace de gants. Ils sont « obligatoires », prévient pourtant un sticker collé sur le carénage du poste de pilotage. Question de sécurité et de législation (amende de 45 euros en cas de contrôle).Un témoin l’indique sur le tableau de bord : les feux sont allumés. Avec la couleur de l’engin, orange vif, on est au moins sûr d’être vu sur la route. La batterie ? Chargée à 80 % : amplement suffisant pour parcourir les 15 km qui séparent l’aéroport de la gare. Encore faut-il sortir du petit parking réservé aux motos, après avoir fait lever une barrière par un agent sympa qui répond à l’interphone et indique la voie à suivre. Sur la route (sèche ce jour-là), le scoot’ est aisément maniable. Silencieux aussi, ce qui est déstabilisant, mais moins gênant que le manque de puissance qui permettrait de garder ses distances avec les automobilistes ayant tendance à vous coller derrière. Droit devant nous, on a finalement vu la gare, ralliée après un temps de trajet de 36’38’’ (quarante-cinq minutes au total en prenant en compte le temps de prise en main), facturé 10,95 euros.

5 Vélo à assistance électrique : 49 minutes et 13 euros

Le vélo en libre-service : jusqu’à 25 km/h sans trop d’efforts.
« Sud Ouest »

Rien de plus simple que de quitter l’aéroport à vélo. Depuis la sortie du hall A, où se trouve le parking dédié à la petite reine, il suffit d’emprunter la nouvelle piste cyclable parallèle à la voie du tram. Précisons que, pour jouer le jeu, on a troqué notre bicyclette personnelle contre un vélo à assistance électrique (VAE) en libre-service déployé par l’entreprise Bird. Comme pour les scooters, vous gagnerez du temps si vous avez préalablement téléchargé l’application dédiée sur votre smartphone (chargé), sachant que l’usage du vélo restera toujours limité à celles et ceux qui voyagent léger – pas de porte-bagages mais un panier à l’avant – ou travaillent du côté de l’aéroport.Pour rejoindre le centre-ville de Bordeaux, inutile de brancher le GPS. On s’oriente facilement grâce aux voies du tram, le long desquelles sont aménagées des pistes cyclables en site propre, plus sécurisantes que les bandes cyclables peintes sur la chaussée et nombreuses sur le parcours. La vigilance et la prudence s’imposent, en particulier au niveau des carrefours giratoires et des intersections, d’autant que l’assistance électrique permet d’atteindre rapidement la vitesse de 25 km/h. Temps total écoulé entre la location du vélo et son stationnement à la gare : quarante-neuf minutes. Soit une note de 13,25 €, sur laquelle les usagers ayant un forfait domicile-travail peuvent bénéficier d’une réduction de 8,50 €.

Bilan carbone : le tram moins polluant

Impossible d’achever ce banc d’essai sans parler du bilan carbone des modes de transport employés. Et là, le palmarès n’est pas le même. Celui-ci est établi d’après les calculs de l’Ademe qui inclut les émissions directes et celles générées par la construction et la maintenance des véhicules. Le tram est le moins polluant, avec une émission de 0,03 kg d’équivalent CO2 par passager pour 10 km de trajet. Suivent le vélo électrique (0,1 kg), le scooter (0,8 kg), la voiture électrique (1 kg), le bus (1,1 kg) et la voiture thermique (2,2 kg). Voilà qui intéressera sûrement les voyageurs qui descendent de l’avion (2,3 kg CO2e pour 10 km)  !