Taux d'incidence élevé, tension dans les hôpitaux... Le point sur la situation de l'épidémie en Creuse


Isabelle Dumond, directrice de la délégation départementale de l’ARS en Creuse, répond à nos questions sur la situation de l’épidémie de Covid-19 dans le département. 

La Creuse affiche 85 % de la population ayant un schéma vaccinal complet contre 90 % au national, comment l’expliquer ?

Taux d'incidence élevé, tension dans les hôpitaux... Le point sur la situation de l'épidémie en Creuse

Je suis surprise de voir un écart aussi important, je n’ai jamais vu autant de décalage entre le local et le régional. C’est récent, donc on travaille à l’expliquer. Au niveau des rappels, on a un peu de retard sur les plus de 65 ans, (75 % au niveau régional contre 70 % en Creuse). Ce n’est pas faute de faire de la communication, des opérations « Aller vers », de mettre à disposition une offre vaccinale. En revanche, sur les 12-17 ans et les 18-64 ans, on est parfaitement dans la moyenne. On a toujours un bon maillage territorial sur le département, une montée en puissance des professionnels de la santé de ville, donc en termes d’offre on est bien couvert partout. 

45.000 rappels de vaccin anti-Covid effectués en une semaine en Limousin

Quels sont les effectifs de vaccinateurs en Creuse ?

mais il y a aussi des professionnels libéraux qui tournent entre les différents centres de vaccination. On pourrait faire des recensements par centre de vaccination, mais on se retrouverait avec des doublons, avec des libéraux, mais aussi des professionnels retraités, le SDIS. Le chiffre est très fluctuant.

Ce n’est pas qu’elles ne peuvent pas vacciner, c’est que cela nécessite une organisation particulière. Sur un flacon de dix doses, si on ne veut pas perdre des doses, il faut adapter son organisation pour avoir 10 patients à vacciner. Après ça change, parce que les pharmacies peuvent faire des seringues unidoses, pour être flexible au maximum. On essaie de faire en sorte qu’il n’y ait jamais de manque d’approvisionnement en Pfizer ou Moderna pour les libéraux car on compte sur eux pour la montée en puissance de la vaccination donc on a mis en place un système d’approvisionnement. Si a un moment il y a des difficultés, si on a du stock on peut les approvisionner. Il y avait un moment où on n’avait plus forcément de stock. Maintenant on en a à nouveau, donc on a pu fournir 150 doses cette semaine via ce système.

Sur cette difficulté d’approvisionnement en doses Pfizer, comment l’expliquer ? Peut-on faire le lien avec le retard de vaccination en Creuse, on pense notamment aux jeunes qui ne sont pas éligibles au vaccin Moderna ?

En Creuse nous n’avons jamais manqué de doses. On n’a jamais été en situation défavorable par rapport à d’autres départements en région. Sur la question des 12-30 ans auxquels on réserve le Pfizer, il est vrai qu’à un moment il était réservé aux professionnels de santé de ville, choix qui a été fait au niveau national. Il est vrai qu’en Creuse dès le début on s’est très fortement appuyé sur les centres de vaccination et il y a peut-être eu un décalage quand s’est mise en place la règle de réserver le Pfizer aux professionnels de santé de ville et le Moderna aux centres de vaccination. Mais là on est à nouveau sur une situation où il y a du Pfizer aussi bien en ville que dans les centres. Cela a pu entraîner une difficulté temporaire pour les 12 à 30 ans pour se faire vacciner.

Quelle est la situation épidémiologique en Creuse ?

Le taux d’incidence continue à augmenter de manière rapide. On arrive à 1.000 ce vendredi 7 janvier. Jeudi nous étions à 936, il y a eu une augmentation fulgurante entre le 31 décembre et le 4 janvier avec un doublement de l’incidence. Fort heureusement cela ne se traduit pas sur les hospitalisations puisqu’il y en a une vingtaine sur le département. Dont 3 réanimations, au Centre hospitalier de Guéret. Ce sont deux personnes de 64 et 75 ans non vaccinées avec des facteurs de comorbidité et une troisième personne qui a eu deux doses de vaccin, de 86 ans avec des facteurs de comorbidités très prononcés.

Avec le pic de l’épidémie prévu dans une semaine (avec un décalage de quinze jours pour les hospitalisations), doit-on s’inquiéter de la situation dans les hôpitaux ? Les renforts réclamés par les services d’urgence ont-ils été entendus ?

Sur les renforts, c’est une situation sur laquelle nous travaillons depuis plusieurs semaines, des solutions ont été trouvées, même si ça reste toujours en tension. Il y a eu des déprogrammations, pour réaffecter des effectifs, pour rouvrir des lits de médecine qui servent de lit d’aval pour les services d’urgences, avec l’aide d’autres établissements. Ce qui est intéressant c’est que le nombre d’hospitalisations reste stable malgré la progression fulgurante d’Omicron. On suit la situation tous les jours sur le pilotage territorial, pour organiser des parcours fluides des patients.

La tendance stable sur les hospitalisations s’explique-t-elle par le fait que le variant Omicron, moins “virulent”, devienne majoritaire en Creuse ?

Je pense qu’on peut l’expliquer comme cela, avec une grande part d’inconnue, notamment sur les connaissances sur le variant. On a des estimations à partir du nombre de tests criblés puis séquencés, très approximativement on est à 60 % d’Omicron sur le département. Ce chiffre peut évoluer très vite.

Avez-vous observé des clusters ces derniers jours, notamment dans les établissements scolaires ?

Effectivement, il y a une situation au lycée Pierre Bourdan (à Guéret), avec l’évolution de l’épidémie on se recentre au niveau de l’ARS sur l’observation fine des clusters qui concernent nos publics fragiles. Mais, par exemple, c’est géré par l’Éducation Nationale pour tout ce qui est au niveau scolaire. Les ligues sportives ont leur protocole, etc. Comme cette crise dure, les différents responsables ont appris à travailler avec des protocoles d’isolement. On n’intervient qu’en cas de clusters très préoccupants.

Est-ce que les pharmacies et les établissements scolaires sont suffisamment dotés pour faire face à la demande de tests, y a-t-il des territoires plus en difficulté que d’autres ?

On a une réunion bientôt avec l’Éducation Nationale par rapport à cette problématique, mais c’est une problématique nationale  : compte tenu du nouveau protocole il y a une demande massive d’autotests avec une difficulté d’approvisionnement. Je ne peux pas vous donner de chiffres précis, on y travaille.

 

Bon à savoir

Un bug sur « Vite ma dose ». « Vite ma dose », un site habituellement fiable pour réserver des créneaux de vaccination, connaît actuellement un problème technique  : il indique une indisponibilité de créneaux dans les centres de vaccination en Creuse. Or c’est loin d’être le cas, il y a de nombreux créneaux ouverts, réservables sur Doctolib ou en téléphonant directement aux centres de vaccination.

Opération « coup de poing ». Une nouvelle opération de vaccination (Pfizer) sans rendez-vous a lieu aujourd’hui à la Souterraine, de 9 heures à 17 heures, à la salle des fêtes rue le Coq. Le vaccibus y sera présent, avec au total 400 doses de Pfizer.

 

Propos recueillis par Tom Jakubowicz