Tempête de juin 2023  : un an après, des Moissagais encore traumatisés


l’essentiel

SERIE. C’était le 20 juin 2023. Personne n‘a oublié. À la tête de La Fabrique Cross Fit, une salle de sport à l’entrée de Moissac (Tarn-et-Garonne), Antoine Eternot est une des nombreuses victimes de la tempête. Avec le recul, il nous raconte la catastrophe, puis la solidarité, les dégâts, les comptes, et enfin le redémarrage de son activité. Sans être encore tout à fait serein…

« Il ne faudrait pas que ça recommence, vraiment pas  !  ». Lorsqu’on l’entreprend un an après sur la catastrophe du 20 juin 2023, Antoine Eternot est encore à vif. Il gère une salle de sport moissagaise, La Fabrique Cross Fit, située 50 chemin de Cantagrel, une petite perpendiculaire à la route de la Mégère, avant le Leclerc lorsqu’on arrive de Lafrançaise.

Et la porte en verre explosa

« La salle était quasiment neuve, décor, équipement de gym, matériel d’haltérophilie, sanitaires, j’avais déménagé six mois auparavant et là je devenais propriétaire ». Ce 20 juin, alors qu’il démarrait le dernier cours de la journée à 18h45, un vent formidable, des pluies violentes, bientôt suivies de coulées de boue dévalant des coteaux voisins, ont eu raison de la salle, qui s’est retrouvée noyée sous l’eau claire, transformée au fil des heures en gadoue. 30 cm, jusqu’à 80 cm au pic… « La porte d’entrée en verre a explosé sous la pression, raconte Antoine, dehors ma voiture était dans le bourbier, je ne sais pas comment j’ai pu repartir chez moi à Bressols ». La voiture en question n’a d’ailleurs pu faire qu’un seul trajet. Elle a fini en épave… « Le lendemain, c’est mon père qui m’a ramené ici, il y avait encore 30 cm de boue, elle n’arrivait pas à s’évacuer, tout ce qui était en bois flottait, et le matériel qui n’avait pas pu être mis en hauteur était plus ou moins recouvert ». Salle noyée, plus aucune activité possible. Pour Antoine, le coup est rude. Pour sa trésorerie aussi. Et puis les adhérents de son club – une petite centaine- ont payé des abonnements…

Une marée de boue, jusqu’à 80 cm cette nuit-là.

DDM – A.E.

Mais assez vite, une solidarité s’organise. Les voisins immédiats de La Fabrique, une société d’ambulances et un contrôle technique, sont dans la même mélasse. Avec des conséquences diverses selon les métiers. « Dans ces moments-là, on se serre les coudes », sourit Antoine.

L’expert au rendez-vous

Lui a pu bénéficier d’un bon coup d’épaule d’une quinzaine des abonnés de la salle, arrivés en urgence. Mais avant, il fallait faire intervenir les personnages les plus importants dans ce genre de catastrophe : l’assureur, puis son expert. « Il était là dès le lendemain, on n’avait touché à rien pour que le constat soit le plus exact possible. Nous, avec mes potes, on était en survêtement et en bottes. L’expert était en costume, il a vite compris  !  ». À son instigation, Antoine sort tout le matériel dehors. Les machines (vélos, rameurs) et leurs roulements à billes sont souillés de façon irrémédiable, les haltères (plus de 500 kg au total) sont déjà rouillés, le revêtement – un matériau très spécialisé capable de supporter des poids énormes est gondolé, donc mort, sans parler du matériel informatique. « Un désastre… quand je pense que j’avais ouvert six mois avant  ! Il n’y a que les vestiaires qui ont correctement résisté. On avait mis des plaques sandwich plutôt que du placo. C’était un bon choix en cas de déluge ».

Trois semaines après, la salle rouvre partiellement

Il a fallu quinze jours pour redonner à la salle non pas son allure d’avant le 20 juin, mais simplement un air propre. À coups de nettoyeur haute pression pour enlever la boue séchée, « qui s’était infiltrée partout ». Certaines machines peuvent reprendre du service, mais elles sont rares. « Mon souhait était de pouvoir rependre mon activité le plus vite possible, même dans une salle sous-équipée ». Et pour ce faire, il faut un tout nouveau revêtement en dalles de caoutchouc. « L’assureur a été impec là-dessus, témoigne Antoine, j’ai eu un acompte correspondant à un nouveau tapis de sol de 200 mètres carrés, soit 10 000 €. ». Vers le 10 juillet, la salle rouvrait.Le jeune patron de La Fabrique considère qu’il a été globalement bien indemnisé, « même s’il y a toujours des pertes avec le coefficient de vétusté qui est appliqué et qui le sera deux ans durant sur certains biens ».

Une zone à risques bien connue

Un an après, La Fabrique est pimpante, même si elle garde des stigmates du 20 juin 2023. Des traces sur le mur, discrètes, en attestent. À la question d’une éventuelle récidive ? « Faudrait pas, répond Antoine, mais qui sait. On est dans une zone à risques, comme dans une cuvette. Il y a toutefois eu une amélioration : le fossé qui entoure la zone a enfin été curé. Le fameux jour, cela aurait pu faire son effet ». Il y a trois semaines, un marchand est venu lui propose un système de protection gonflable qu’on actionne en bas des ouvertures d’un bâtiment en cas de déluge annoncé. « Mais c’est cher, et il faut être sur place quand la cata survient. Et si c’est en pleine nuit ? ».