Emploi des seniors  : la question au cœur des négociations du « pacte de la vie au travail »


Travailler plus longtemps, mais mieux : la négociation pour un nouveau « pacte de la vie au travail », avec l’épineuse question de l’emploi des seniors, entre dans le dur ce vendredi avec l’objectif, pour les partenaires sociaux, d’aboutir à un accord d’ici fin mars.

Le gouvernement conditionne l’agrément de cet accord à l’aboutissement de la négociation en cours. Celle-ci est « super importante parce qu’elle est le reflet de ce qui a été exprimé pendant le mouvement social sur les retraites », plaide la CFDT, neuf mois après la promulgation de la réforme controversée. « Il y avait une incompréhension qui s’exprimait dans le monde du travail : pourquoi on décale l’âge des retraites sans rien traiter dans ce qui fait les carrières professionnelles ? », explique Yvan Ricordeau au nom du premier syndicat. « Là, il faut répondre », dit-il.Patronat et syndicats ont entamé leurs discussions au siège du Medef fin décembre avec une phase d’auditions d’experts. Cette fois, il s’agit de s’attaquer « brique par brique » aux sujets en discussion avec cinq séances en plénière : l’enjeu phare de l’emploi des seniors, mais aussi l’usure, les parcours et les reconversions professionnels et la création d’un compte épargne temps universel (Cetu). Un projet d’accord ne devrait ensuite commencer à être discuté que début mars.Le gouvernement a fixé l’objectif de passer à un taux d’emploi pour les 60-64 ans de 65 % « à l’horizon 2030 » (contre 36,2 % en 2022, soit -12,3 points par rapport à la moyenne européenne).

Emploi des seniors  : la question au cœur des négociations du « pacte de la vie au travail »

« Un monstre »

Dans les rangs syndicaux, on plaide pour « agir sur tout le parcours » car rester en poste jusqu’à la retraite pose de façon plus globale la question des conditions de travail et de la soutenabilité du travail. « Derrière la pointe de l’iceberg, il y a un monstre », résume le négociateur de la CFE-CGC, Jean-François Foucard.« À travers cette négociation-là, on veut gagner des droits pour tout le monde tout au long de sa carrière », pointe Nathalie Bazire, négociatrice pour la CGT, qui demande « des dispositifs contraignants pour les entreprises ». « On doit entrer dans cette négociation par les parcours professionnels », car « la question de la fin de carrière ne se règle pas en fin de carrière » abonde côté patronal le négociateur de la Confédération des PME, Éric Chevée.Mais « faire du mieux sur les dispositifs d’accompagnement des salariés, d’amélioration des conditions d’emploi à euros constants, personne ne sait faire dans ce pays, donc il va y avoir des discussions qui vont sans doute être très serrées », anticipe Yvan Ricordeau.« On peut faire un truc yakafokon », un document qui « cale une armoire » et « on se retrouvera dans trois, quatre ans avec des entreprises qui disent : “j’ai encore plus de tensions sur les emplois, je n’arrive pas à trouver les compétences”…», prévient Jean-François Foucard.

Réforme de l’assurance chômage : clarification demandée

Enfin, alors que le Premier ministre Gabriel Attal veut « aller plus loin dans la réforme de l’assurance-chômage » et a prévenu qu’elle serait renégociée en cas de dérive financière, la numéro un de la CFDT Marylise Léon a demandé à l’exécutif de « clarifie(r) ses intentions sur cet acte II de la réforme du marché du travail ».« Pour le moment, nous avons obtenu une garantie : en cas d’accord entre partenaires sociaux à l’issue de la négociation sur l’emploi des seniors, M. Attal ainsi que la ministre du travail, Catherine Vautrin, se sont engagés à le respecter et à le transposer fidèlement dans un projet de loi », a exposé Marylise Léon dans Le Monde.

Mais si le texte devait accueillir d’autres mesures, la CFDT veut le savoir « le plus vite possible pour peser les équilibres et ne pas se retrouver avec un véhicule législatif qui, in fine, pencherait plus en faveur des attentes patronales ». « Quant aux éventuelles simplifications dans le monde du travail, elles doivent faire l’objet d’une concertation avec Mme Vautrin et ses services – pas avec Bercy », a prévenu Marylise Léon.