À Toulouse Métropole, les nouvelles incertitudes financières de la 3e ligne de métro


La hausse du prix de l’énergie et la menace d’une récession font peser de nouvelles incertitudes sur le financement des grands projets de Toulouse Métropole, à commencer par la 3e ligne de métro. Les élus en ont débattu ce jeudi.

Hausse du coût de l’énergie, des matières premières, des taux d’intérêt et risque de récession en 2023… Une semaine après l’annonce d’un surcoût de 300 M€ pour une 3e ligne de métro à 2,7 milliards d’euros, et alors que les élus métropolitains ont débattu ce jeudi des orientations budgétaires, la capacité à financer ce grand projet à l’heure où les nuages s’amoncellent est revenue sur le tapis. Comme elle le reviendra encore sans doute longtemps.

À Toulouse Métropole, les nouvelles incertitudes financières de la 3e ligne de métro

Première à intervenir lors de l’assemblée des élus intercommunaux, Karine Traval-Michelet, présidente du groupe PS, a d’emblée ouvert le débat  : « nous avons quelques inquiétudes », a-t-elle lancé. La maire de Colomiers, qui reste une fervente supportrice de la 3e ligne, n’a pas été rassurée par la présentation de la nouvelle étude financière du projet. « Il faudra très vite nous revoir et acter ce que nous devons faire. »

Le rendez-vous est déjà fixé  : en fin d’année, ou début 2023, Sacha Briand, vice-président chargé des finances, présentera le nouveau plan de financement. Et il compte pouvoir s’appuyer sur trois données qui seront alors connues  : le coût du fonctionnement du réseau de Tisséo, qui sera fixé pour sept ans dans le cadre du contrat avec la régie, et le coût des chantiers après la signature des contrats de marchés. Et peut-être aussi un prix de l’énergie plus stable.

risque de voir sa facture grimper à 30 M€ en 2023. Sacha Briand parle « d’un risque puissant » sur l’équilibre financier. Et il espère un mécanisme d’aide de la part de l’Etat.

RER « infinançable »

une somme record (pour la mobilité, l’habitat, les grands projets…) devra faire des choix. Lesquels ? La question est déjà posée.

Du côté des groupes d’opposition, sans surprise, l’inquiétude est plus forte. Isabelle Hardy (groupe des écologistes), qui voit arriver la 3e ligne en « 2030 voire 2032 » et non 2028, demande « une étude transparente et des solutions » et promeut toujours le RER. Pour le groupe Alternative Citoyenne, Aymeric Deheurles et Caroline Honvault dénoncent avec virulence « la déconstruction du service public », soit une baisse, selon eux, de l’offre de transport, et la « ruine » programmée de la Métropole. Pierre Lacaze (groupe communiste) demande l’intervention de l’Etat  : « aujourd’hui, nous ne pouvons pas répondre à la question de la mobilité. »

Pour Sacha Briand, la 3e ligne est un projet « structurant » qui, avec de nouvelles lignes de bus, depuis les futures stations, irriguera le territoire. Et qui, malgré les incertitudes, reste finançable à l’inverse, a-t-il lancé, d’un RER qui implique de construire « des lignes nouvelles » ou d’instaurer un cadencement renforcé des TER, « des TER que la SNCF a déjà du mal à faire fonctionner. »

Ce qui rend encore possible les investissements sous la condition d’une dette qui se creuse à un milliard. Mais n’éloigne pas la menace d’une récession. Plus que jamais, le destin de la Métropole est lié au dynamisme économique de son territoire.