D’abord, il y a une loi qui nous impose dans les collectivités de mettre tous les agents aux 35 heures, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les agents de la métropole font en moyenne 25 heures par semaine.
Certes, le travail est pénible et ça on ne le remet pas en question et nous nous le reconnaissons.
Donc, il peut y avoir des dérogations et des aménagements du temps de travail. Mais dans le cadre de cet aménagement, c’est vrai qu’on leur demande essentiellement pour des questions de sécurité, de santé, de mettre fin au « fini parti » parce qu’il génère des pratiques qui sont dangereuses pour eux et qui incitent à aller au plus vite.
Deuxièmement, elles ne rendent pas un travail rendu efficace dans le sens de ce qu’attendent les administrés. On a souvent des plaintes sur des papiers qui sont laissés au pied des poubelles, sur des conteneurs qui sont positionnés sur des pistes cyclables, etc.
Donc il y a des éboueurs qui travaillent mal ?
C’est pas qu’ils ne travaillent pas assez bien, c’est qu’ils travaillent trop vite.
Et nous avons à Toulouse Métropole 500 agents qui sont chargés de la collecte. Nous avons 215 accidents du travail en moyenne par an entre 2018 et 2020. Ce qui veut dire que quasiment un sur deux est victime d’un accident du travail.
C’est beaucoup trop et nous faisons encore aujourd’hui trop de rappels à la règle, trop d’avertissements aux agents pour des conduites, pour des pratiques qui sont trop dangereuses pour elles.
Ce que l’on veut, c’est avant tout que lorsque les agents arriveront à la retraite, ils y arrivent dans les meilleures conditions de santé possibles. C’est un métier qui est source de troubles musculo-squelettiques importants.
Il y a donc, comme je vous l’ai dit, beaucoup d’accidents du travail et on veut qu’ils prennent plus de temps pour accomplir leurs tâches et qu’en parallèle, nous puissions mieux les former, plus les former lorsqu’ils repassent au dépôt pour leur rappeler justement les bonnes pratiques.Â
Les éboueurs eux disent qu’ils prennent plus de risques en restant plus longtemps sur la chaussée.
On n’est pas d’accord sur ce diagnostic. Combien d’habitants de la métropole nous écrivent pour nous dire le camion a grillé au feu ? Qu’il est passé en sens interdit ? Qu’il y a eu une marche arrière, ce qui est totalement proscrit.
Il y a de la collecte en bilatéral, c’est à dire que la collecte se fait des deux côtés de la chaussée, alors que le camion va dans un sens. Ça oblige les agents à traverser, ce qui est formellement interdit. On leur demande de collecter à droite dans un sens et à droite dans l’autre.
Il y a des rappels à l’ordre et des avertissements que l’on fait régulièrement aux agents, qui attestent justement de ces pratiques qui sont dangereuses.
Les éboueurs de la Métropole de Toulouse en colère après l’annonce de la fin du « fini-parti »
Pourtant, si les éboueurs prennent plus leur temps, ça risque pas de générer des bouchons, de gêner la circulation qui est déjà très compliquée à Toulouse, non ?
J’ai bien entendu ce qui a été évoqué par les organisations syndicales. Nous sommes tout à fait ouverts à travailler sur un étalement de la collecte, avec par exemple une collecte qui pourrait commencer à 10 heures après l’afflux de circulation dans les rues de Toulouse.
Et puis s’échelonner, je ne sais pas jusqu’à 15h30 ou 16h si c’est nécessaire, ou bien alors on pourrait aussi suspendre la collecte le temps justement des heures de pointe pour éviter qu’il y ait ces nuisances et ces bouchons.
Donc vous dites qu’il va y avoir des discussions. Et justement, les syndicats se réunissent après-demain pour décider de leur stratégie. Est ce que vous craignez une grève des poubelles qui s’entassent, comme à Marseille ?
J’en appelle à la responsabilité des agents. C’est un travail qui est pénible, mais il y a des compensations financières. Par exemple en jours récupérés que d’autres agents de la métropole n’ont pas.
C’est une reconnaissance du travail et de la pénibilité. Simplement, il faut maintenant se mettre dans le cadre de la loi. Le fini parti, ça n’est pas réglementaire, ça n’est pas légal.
Quelle est la suite ?
Il y a un passage en comité technique, c’est à dire dans l’organe qui décide les modifications de travail de la collectivité le 18 novembre prochain. Et nous souhaitons mettre en application cette réforme au 1er janvier 2022.
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