Partout en France se tiennent des assemblées générales (AG) de cheminots – 254 au total, selon Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots – c’est à elles de décider de la reconduction ou non de la grève. Juridiquement, elle peut l’être. L’appel pour la journée de mardi 18 octobre a été lancé sur la base d’un préavis datant de novembre 2019, qui portait sur les retraites, était signé CGT, SUD et UNSA et n’a jamais été levé. « Dans la précipitation, les organisations syndicales sont allées chercher ce préavis dormant », explique François Nogué, directeur des ressources humaines (DRH) de la SNCF, qui le déplore. La SNCF a contesté cette pratique en justice, mais ses démarches n’ont pas abouti. La pratique des préavis dormants est devenue courante « pour détourner la loi sur le service garanti », selon M. Nogué. Celle-ci impose, quinze jours avant un conflit, de déclencher une alarme sociale (une DCI, démarche de concertation immédiate), puis de déposer cinq jours avant le mouvement un préavis, si les discussions n’ont pas abouti. « Dans les faits, nous avons plusieurs préavis dormants. SUD-Rail en dépose un tous les deux mois par précaution. Nous en avons même reçu un de FO qui court jusqu’en 2050. » C’est ce qui a permis à SUD-Rail et à la CGT de lancer rapidement ce mouvement et de laisser ouverte la porte d’une grève reconductible. La mobilisation d’aujourd’hui à la SNCF doit être équivalente à celle du 6 juillet. C’est ce que prévoyait en tout cas le groupe à la veille de la grève. Il y aurait donc 20 % de grévistes, avec des perturbations fortes en Ile-de-France et dans les TER. Pour M. Nogué, DRH de la SNCF, les discussions sur le pouvoir d’achat n’ont jamais cessé, y compris la semaine dernière, mais les négociations formelles ne peuvent avoir lieu avant les élections professionnelles, à la fin de novembre (du 17 au 24). Lundi 17 octobre, le DRH a donc écrit aux délégués syndicaux pour leur assurer que les négociations commenceraient très vite après les élections et qu’elles comprendraient bien une clause de revoyure sur le pouvoir d’achat en 2022. Si les 5,8 % de hausses en deux fois déjà prévues ne suffisent pas, compte tenu de l’inflation en fin d’année, des mesures complémentaires pourront être prises et « donner lieu à une application rétroactive sur le dernier trimestre 2022 », écrit-il. Des rencontres bilatérales auront lieu au début de novembre. Sophie Fay