Ukraine : ces événements qui mèneraient à une Troisième Guerre mondiale


5/, 2022

Le risque d’un conflit mondial étant désormais envisagé, nous avons voulu comprendre quelles étaient les lignes rouges à ne pas franchir pour éviter de transformer l’Europe en théâtre de la Troisième Guerre mondiale.

Ukraine : ces événements qui mèneraient à une Troisième Guerre mondiale

L’attaque de la Pologne

Jusqu’à présent, les Occidentaux ne cessent de répéter qu’ils n’enverront pas de soldats en Ukraine. Ils savent qu’une implication directe de leur armée ferait basculer le conflit russo-ukrainien.

Néanmoins, leur implication n’a pas été nulle et pourrait avoir de lourdes conséquences sur la suite.L’Union européenne a décidé de franchir une marche inédite dans son histoire avec la livraison d’armes à Kiev. Or, prévient Tatiana Jean, spécialiste de la Russie et des pays anciennement satellites nouvellement indépendants, ces armes seront livrés via une frontière de l’Union européenne, en l’occurrence celle entre l’Ukraine et la Pologne.

« La Russie va vouloir couper cette frontière. Et qui dit qu’il n’y aura pas un incident dans les bombardements russes ? Une attaque envers la Pologne, membre de l’Otan, déclencherait immédiatement l’article 5 de l’Alliance atlantique » explique l’experte.Cet article stipule que si un pays de l’Otan est victime d’une attaque armée, chaque membre devra répondre pour lui venir en aide.

« Cette assistance est une obligation individuelle incombant à chaque allié », peut-on lire sur le site de l’Otan.Pour Pierre Servant, expert en stratégie militaire et auteur de « Cinquante nuances de guerre » (Ed. Robert Laffont, 2018), la situation est claire  : « Si les bombardements russes passent la frontière polonaise, c’est la Troisième Guerre mondiale », Etats-Unis et la quasi-totalité de l’Union européenne seraient de facto impliqués.

Cette menace vaut pour le territoire polonais mais aussi pour les pays baltes (Estonie, Lettonie et la Lituanie), anciens membres de l’URSS.Les EchosMais Tatiana Jean se veut rassurante et estime peu probable une attaque envers ces pays « vu que les forces russes sont pour l’heure concentrées autour de l’Ukraine ».La chercheuse insiste  : « La guerre mondiale n’est pas l’objectif de Poutine qui veut seulement l’Ukraine, ni les pays baltes, ni le Caucase du sud.

Mais en condition de guerre, comme je le disais, un incident est vite arrivé. »

Une adhésion express de l’Ukraine à l’Union européenne

Mais la situation brûlante en Ukraine remet la question d’une militarisation de l’UE sur la table.

L’utilisation de l’arme nucléaire

Vladimir Poutine a déjà placé les forces de dissuasion russes en « régime spécial d’alerte ». Pour Pierre Servant, la chose est sûre : « Une confrontation avec l’Otan passera par la bombe nucléaire et ce sera l’apocalypse ». Et le spécialiste des conflits militaires d’ajouter  : « Hélas, si on se transporte dans la tête de Poutine, ce scénario est possible car le président russe est totalement désinhibé par rapport à l’arme atomique.

 »L’auteur de « 50 nuances de guerre » rappelle qu’en 2018, l’Otan avait intercepté une conversation entre deux généraux russes qui disaient en substance que Vladimir Poutine était prêt à recourir à l’arme nucléaire si un pays s’opposait à lui. Reste à savoir si cette fuite avait été orchestrée par l’Armée rouge…Quoi qu’il en soit, plusieurs éléments viennent soutenir la thèse d’une l’utilisation rapide de l’arme nucléaire par l’exécutif russe. La menace nucléaire du maître du Kremlin lors de la conférence de presse début février avec Emmanuel Macron était à peine voilée  : « Si l’Ukraine devient membre de l’Otan, les pays européens seront entraînés dans un conflit avec la Russie.

Vous n’aurez même pas le temps de réagir », avait-il averti.La menace ultime est d’autant plus présente dans les têtes des spécialistes que ces dernières années, il y a eu une banalisation de l’arme nucléaire dans le débat russe, note Tatiana Jean. « Même durant la Guerre froide, l’état-major russe n’évoquait pas aussi facilement de la guerre nucléaire », relève-t-elle.

Si elle rappelle que c’est la bombe atomique qui nous avait préservés de la Troisième Guerre mondiale, paradoxalement, et face à l’empressement russe, c’est elle aujourd’hui qui pourrait nous y précipiter. Comment réagirait l’Union européenne à un bombardement atomique sur Kiev ou Kharkov, la deuxième ville du pays ? « Je ne sais pas », confesse l’experte.

L’imprévisibilité de Vladimir Poutine

 »Elle redoute que Vladimir Poutine soit tombé dans la position classique du dictateur coupé de la réalité par un entourage qui n’ose plus lui apporter les mauvaises nouvelles.

La « nazification » de l’Ukraine en est l’exemple le plus flagrant.

Si conflit mondialisé il y a, avec qui ?

Le pays a servi de rampe de lancement pour envahir le nord de l’Ukraine.

Dans le reste du monde, aucun puissant pays n’a pour l’heure fait savoir qu’il combattrait derrière la Russie en cas de conflit mondial. On compte néanmoins parmi les soutiens le président syrien, dont le régime a tenu grâce au soutien russe, qui a déclaré « se tenir aux côtés de la Russie, étant convaincu du bien-fondé de sa position ».Il y a également le Venezuela et Cuba qui ont reconnu le droit à la Russie de se défendre de son encerclement, tout en appelant à une solution pacifique.

Il reste tous les poids lourds de la scène internationale  : la Chine et l’Inde (tout comme les Emirats Arabes Unis) n’ont pas soutenu à l’ONU la résolution condamnant l’invasion russe. Ces trois pays ont préféré s’abstenir, preuve que la Russie n’est pas complètement isolée. Mais à l’ONU, se tient actuellement une session extraordinaire avec les 193 membres.

Une mise au vote d’une résolution est attendue à la fin des interventions. On verra alors clairement les camps se former.