Un autre choix de premier tour, Tristan Luneau et la recherche du temps perdu


Il s’agit du 26e choix obtenu des Flames de Calgary dans l’échange de Tyler Toffoli. Le repêchage, par définition extrêmement imprévisible, pourrait prendre une tournure encore plus aléatoire en 2022. Principalement en raison de la pandémie et de cette année de développement perdue ou amputée pour bien des jeunes hockeyeurs.

Une position enviable malgré tout que ce 26e rang, là où le CH a repêché Noah Juulsen en 2015, où les Sabres ont déniché Tage Thompson en 2016 et où, plus récemment, Jake Oettinger, Jacob Bernard-Docker et Jakob Pelletier ont entendu leur nom.

Un autre choix de premier tour, Tristan Luneau et la recherche du temps perdu

C’est un repêchage avec de la profondeur au premier tour, a dit Dan Marr, directeur de la centrale de recrutement de la LNH vendredi.

Si tu as le luxe d’avoir plus d’un choix, lorsque ce sera rendu à ton deuxième, tu risques d’avoir un joueur encore disponible que l’équipe aime beaucoup et ne pensait pas avoir. Je sais qu’on entend ça souvent, mais c’est vrai Quand tu arrives à ton deuxième choix les équipes pourraient prendre une chance avec un choix plus risqué sur un joueur qu’ils aiment vraiment. Ils vont quitter le repêchage heureux, en pensant qu’ils ont maintenant deux joueurs qui vont ultimement jouer pour eux, a expliqué le vétéran recruteur.

Il devrait donc rester quelques perles selon certains dépisteurs avec qui l’on a pu échanger, peut-être davantage qu’à l’habitude. Tristan Luneau en fera-t-il partie?

La valeur de ce défenseur québécois a chuté grandement aux yeux de la centrale de recrutement entre la mi-saison et la fin. Classé 10e parmi les patineurs nord-américains en janvier, il a finalement abouti au 24e rang, soit la baisse la plus brutale parmi les 20 premiers à l’exception de Jack Hughes, le fils de Kent.

Après son année recrue l’an dernier avec les Olympiques de Gatineau, on le pressentait presque pour sortir parmi les dix premiers de tout le repêchage.

Et maintenant? Je pense qu’il va sortir entre 28 et 40, a fait valoir un dépisteur.

Au 26e rang, tu as généralement quelqu’un entre le numéro 16 et 22 de ta liste. Alors, oui, c’est trop tôt, a répondu un autre.

Vilaine blessure

Luneau a toutefois un potentiel intrigant. Dominant avant d’arriver dans le junior, les Olympiques en ont fait le tout premier choix du repêchage 2020 de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Le talent y est. Même si être sélectionné au premier rang de la ligue junior n’offre aucune garantie, Joshua Roy a rappelé à tous cette saison qu’il peut être hasardeux de lever le nez sur le talent brut.

Alors Luneau a eu le droit à la grande tournée lors du camp d’évaluation à Buffalo cette semaine. Au total, 26 équipes l’ont convoqué en entrevue, dont le Canadien, bien sûr. On ne l’a pas défié outre mesure.

C’était des questions assez faciles dans le même moule. J’ai parlé avec les autres pour me préparer un peu et j’ai entendu des choses comme tu te compares à quel animal. Il y en a qui se sont fait défier et se sont fait montrer des extraits de leurs mauvaises présences pour leur demander ce qu’ils faisaient là. J’ai pas eu ça, mais j’en ai entendu des bonnes, a-t-il expliqué lorsqu’on l’a rencontré.

Élève modèle, jeune homme à l’esprit vif, Luneau s’exprime très bien et vulgarise clairement sa pensée. Peut-être n’était-il pas nécessaire de pousser l’investigation pour bien saisir sa personnalité. À l’image de ce qui a circulé ces derniers jours, le Tricolore a été particulièrement incisif avec lui. La plupart des joueurs ont d’ailleurs identifié le CH comme l’entretien le plus ardu.

 LHJMQIls essayaient un peu de me mettre la pression. Ils veulent savoir si on a une bonne connaissance de nos forces et de nos faiblesses, a-t-il lancé.

Il a dû s’expliquer en long et en large sur cette opération au genou gauche l’été dernier qui l’a considérablement ralenti. Un petit bobo qui s’est aggravé avec le temps. La surface de l’os n’était pas lisse; cela créait friction, tension et inflammation dans l’articulation. Luneau estime qu’il a joué avec de la douleur à l’articulation depuis qu’il a 12 ans. L’intervention chirurgicale était devenue nécessaire.

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Après une année en partie gâchée par la pandémie, il a dû faire une croix sur tout un été d’entraînement. Juste avant sa saison de repêchage. Le retour au jeu a été pénible.

Je n’étais vraiment pas moi-même avant les Fêtes. C’était frustrant au début. C’est une année où tu essaies de te promouvoir. Tu essaies de montrer qui est Tristan Luneau et quel genre de défenseur tu veux devenir. Mais le fait que je n’étais pas capable de le démontrer ni d’aider mon équipe à gagner autant que j’aurais aimé, c’était assez frustrant, a-t-il expliqué.

J’ai tout remis en perspective et je me suis dit que c’était un processus revenir d’une blessure et que ça allait prendre du temps. Si ça affecte mon repêchage, ça l’affectera. Ça reste un numéro. Si ça me ralentit dans mon développement, ça me prendra peut-être un peu plus de temps pour atteindre mon rêve, mais en même temps, ce n’est pas comment vite tu te rends là, mais combien de temps tu vas y rester une fois que t’es rendu, d’enchaîner Luneau.

Début du widget. Passer le widget?Fin du widget. Retour au début du widget?Sa maturité transperce l’écran. Il n’est plus vu comme le plus bel espoir québécois du repêchage – Nathan Gaucher et Maveric Lamoureux l’ont dépassé dans la tête de bien des gens – mais il ne se met pas martel en tête pour autant.

Luneau s’en remet au travail et à l’appui de sa famille et de ses frères, au nombre de trois. Les quatre petits Luneau ont dû faire bondir la facture d’épicerie à l’époque, tout sportifs sont-ils.

Le plus vieux a joué au football. Le deuxième, Maxime, a été recruté par le Cirque du Soleil et a passé les trois dernières années en Chine avant de rentrer au bercail. Le père a joué avec le Titan de Laval et la mère est entraîneuse de patinage artistique.

La lignée est riche.

Luneau aimerait bien sortir au premier tour, mais n’en fait pas un plat non plus. Il a passé la semaine avec Lamoureux et Noah Warren. Les trois arrières québécois ont une petite compétition amicale pour savoir qui va sortir le premier.

Au bout du compte, comme l’a dit Luneau lui-même, ce n’est qu’un chiffre.