L’histoire n’est pas sans rappeler celle de Maurice, ce coq d’Oléron à qui des néo-îliens rêvaient de clouer le bec. Il avait fallu que la justice s’en mêle et finisse par autoriser Maurice à célébrer l’aurore chaque matin.
À Boisséjour, sorte de bourg-bis de la commune de Ceyrat, dans l’agglomération clermontoise, on n’en est pas (encore) là. Et au lieu de chants de coq, c’est le son de la cloche de l’église qui tape sur les nerfs de Gaël Drillon.
Ce cadre dans le secteur médico-social a emménagé tout près en décembre dernier. Très vite, il a constaté une fréquence un peu trop forte à son goût. La cloche sonne toutes les demi-heures, et l’angélus retentit trois fois par jour, à 7 heures, midi et 19 heures.
« Trois appels à la prière par jour pour une seule messe par mois »
« L’angélus, c’est 70 coups à chaque fois. En ajoutant les heures et les demi-heures, on arrive à plus de 600 sonneries par jour ! », plaide ce père de deux filles, qu’il élève en garde alternée. La fréquence n’est pas le seul problème à ses yeux, ou plutôt à ses oreilles : il y a aussi le niveau sonore.
« Dans ma chambre, on atteint 38 décibels, alors que le seuil d’alerte retenu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est à 45. Le son s’engouffre dans la rue et est plus fort qu’ailleurs. »
Gaël Drillon (Riverain excédé)
Le quadragénaire invoque aussi la laïcité : « L’angélus, c’est l’appel à la prière. Trois fois par jour pour une seule messe par mois, cela fait beaucoup », dit celui qui se présente comme « ni croyant, ni pratiquant. »
Le chant du coq et l’odeur du fumier protégés par la loi au titre du « patrimoine sensoriel »
Il a aussi lancé une pétition en ligne qui a recueilli dix-neuf signatures « dont quinze viennent de foyers du bourg ». Quand nous l’avons rencontré, ce samedi, il était seul. « Ils ont peur, mais ma voisine elle non plus ne dort pas la nuit », jure-t-il.
« Un lotissement, ce n’est pas pareil, mais quand on choisit de vivre dans un vieux bourg, il faut accepter la vie de village. Ce monsieur fait beaucoup de bruit, et ce n’est peut-être pas la meilleure façon de s’intégrer. »
Anne-Marie Picard (Maire de Ceyrat)
Gaël Drillon rétorque qu’il habitait auparavant à Beaumont… près de l’église. « Et elle s’arrête la nuit, comme 95 % des cloches de l’agglomération de Clermont, je me suis renseigné ».
C’est notamment le cas de l’autre église de Ceyrat, dans le centre-ville, indique Anne-Marie Picard. Elle confesse être favorable à cette mesure pour l’église de Boisséjour, mais préfère s’en remettre à une décision citoyenne, sachant que les habitants du village sont divisés.
La mairie s’en remet au conseil de quartier
La question sera donc à l’ordre du jour du premier conseil de quartier (ils ont été créés en septembre) qui se réunira le 5 octobre.
« Stopper les cloches la nuit, c’est la seule chose qu’on demande depuis le début », dit Gaël Drillon en haussant les épaules. Rendez-vous le 5 octobre.
mais en ville. J’adore cet endroit, je veux y rester, mais je ne céderai pas, car j’estime la cause juste », répond l’intéressé.
Laurent Bernard