Peut-elle changer la donne On pensait qu’on allait changer le monde Revenons à la perception de l’océan le cuistot On m’avait dit Regardez ce qui s’est passé à Port-Cros. Lorsque la réserve a été créée, il y a bientôt soixante ans, il restait 7 mérous. Aujourd’hui, il y en a 800 ! Certains ont dit : « Attention ! Si les mérous prolifèrent, il n’y aura plus de poulpes et de langoustes. » Mais il y en a tout autant !Quand on arrête d’agresser l’océan, il fait preuve d’une résilience extraordinaire, parce que la plupart des animaux marins ont une fécondité inouïe – à l’exception des requins, des raies, des mammifères et des reptiles. Donc, il faut protéger le littoral en établissant des réserves marines. Cela veut dire interdire la pêche de loisir : ces millions et millions d’hameçons pour une pêche dont les gens ne dépendent pas pour vivre… La pêche professionnelle, c’est différent, mais elle est assez rare sur le littoral, et surtout les pêcheurs le savent : les réserves permettent au milieu de se régénérer, ils en voient très vite le bénéfice.Encore faudrait-il que les pouvoirs publics établissent ces réserves, sans en rester à des objectifs de papier…F. S. : C’est pour cela qu’il faut se battre. Les citoyens doivent s’engager – dans des associations, par leur vote – et constituer un socle suffisamment important pour obliger les politiques à bouger. Regardez les campagnes que nous avons menées avec notre association, Longitude 181. La Polynésie française est redevenue un sanctuaire pour les requins, grâce à une loi de 2007 interdisant leur pêche. Il a fallu quatre ans d’efforts, de pétitions, d’interpellations du gouvernement local, mais nous y sommes arrivés. Les combats ne manquent pas : contre l’extraction de sable coquillier en baie de Lannion, pour l’extension de la réserve des Sept-Îles, en Bretagne, etc. Les moratoires, ça marche. Alors battons-nous.—
Ses dates
dans l’équipe de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud.2013-2022. Rencontres avec les cachalots du clan d’« Irène gueule tordue », conduisantà plusieurs publications scientifiques. François Sarano est également l’auteur de nombreux ouvrages grand public.—
Un livre
Les Racines du ciel, de Romain Gary« Pour moi, c’est l’un des plus grands romans sur l’humanité. Je l’ai lu, relu : chaque fois, je suis saisi. Non seulement l’écriture de Gary est merveilleuse, mais son œuvre explore, avec une incroyable force, ce qui fait la dignité humaine et ce qui nous relie au vivant. »
Une personne
L’acteur et réalisateur Jacques Perrin« Jacques Perrin (décédé le 21 avril à 80 ans, NDLR) m’a énormément appris. Lorsque nous préparions Océans, je l’ai vu se mettre au service du film, des équipes, il voulait que chacun puisse s’exprimer pour que l’œuvre s’enrichisse de tous. Son objectif était que le spectateur ressente les émotions de l’océan, soit “poisson parmi les poissons’’. »
Un lieu
Lorsque j’étais enfant, c’était ma forêt vierge. J’allais explorer, découvrir les petites bêtes sous les pierres – je continue avec mes filles et, désormais, ma petite-fille, Ayaté. Doit-on sauver la planète ?