Exclusif – Le porte-parole des talibans Suhail Shaheen a répondu aux questions de la Rédaction Internationale de Radio France. Il répond à la proposition d’Emmanuel Macron d’ériger une zone protégée en Afghanistan pour faciliter les opération humanitaires : « Ce n’est pas nécessaire ».
C’est la réponse des talibans à la demande d’Emmanuel Macron de créer d’une « safe zone » à Kaboul pour permettre la poursuite des opérations humanitaires. Pour Suhail Shaheen, cette zone protégée, « ce n’est pas nécessaire ». Les Afghans pourront circuler comme « dans n’importe quel pays ».
Emmanuel Macron a annoncé dimanche dans le Journal du dimanche que la France et le Royaume-Uni allaient plaider lundi à l’ONU pour la création à Kaboul d’une « safe zone », c’est-à-dire une zone protégée qui permettra la poursuite des opérations humanitaires sur place.
« Notre projet de résolution vise à définir, sous contrôle onusien, une safe zone à Kaboul qui permette de continuer les opérations humanitaires », a déclaré le président français dans le Journal du Dimanche. « C’est très important. Cela donnerait un cadre des Nations unies pour agir dans l’urgence, et cela permettra surtout de mettre chacun devant ses responsabilités et à la communauté internationale de maintenir une pression sur les talibans », a expliqué Emmanuel Macron.
« Ce n’est pas nécessaire »
Pour le porte-parole du groupe fondamentaliste taliban, Suhail Shaheen, il n’en est pas question. « Ce n’est pas nécessaire. L’Afghanistan est un pays indépendant. Pourrait-on créer une telle zone en France ou au Royaume-Uni ? » demande le porte-parole des talibans.
Suhail Shaheen a accordé une interview à Valérie Crova et Gilles Gallinaro de la Rédaction Internationale de Radio France. L’entretien a eu lieu à Doha au Qatar.
« Bien que nous ayons accordé une amnistie, chaque Afghan pourra de toute façon, après le 31 août, voyager à l’étranger s’il le souhaite. Mais, comme c’est le cas dans n’importe quel pays, il ou elle devra avoir les documents appropriés, que ce soit des passeports ou des visas ».
A propos du rapport des experts de l’ONU qui assurent que les talibans ont des listes d’opposants qu’ils voudraient traquer, le porte-parole taliban dément l’existence de listes noires : « Ce rapport est sans fondement, il affirme qu’il existe une liste pour cibler les gens, les chercher, les identifier, les arrêter et les tuer. Il n’y a rien de tel. Nous avons enquêté sur ces accusations. Nous avons arrêté certaines personnes à l’origine de ces informations, des membres du NDS, le service de renseignement de l’administration sortante à Kaboul. Ils ont fait cela pour créer un climat de peur parmi les gens. Mais de notre côté, il n’y a pas de liste noire, il n’y a aucune liste. Et on a accordé une amnistie générale à tous ceux qui travaillaient avec les forces étrangères ou avec l’administration de Kaboul. »
« Chacun pourra quitter l’Afghanistan et y venir en provenance d’un autre pays »
Suhail Shaheen affirme que « s’il dispose de cela, chacun pourra quitter l’Afghanistan et y venir en provenance d’un autre pays. Donc nous essayons, assure-t-il, parce que c’est très important, de rouvrir l’aéroport au plus vite. »
« Nous voulons reprendre les vols commerciaux » dit-il. « Pour que tout redevienne normal il faut absolument que l’aéroport de Kaboul fonctionne. Nous sommes favorables à ce qu’il y ait un accord avec certains pays qui nous aideront à le faire fonctionner ».
Un dernier vol français transportant des rapatriés a atterri dimanche à Villacoublay, près de Paris. L’avion transportait des militaires et le personnel de l’ambassade de France à Kaboul, dont l’ambassadeur David Martinon. Ils sont arrivés en provenance d’Abou Dhabi qui servait d’escale aux Émirats arabes unis lors des évacuations françaises.
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