Vaccinations dans le Gard : des créneaux non honorés interrogent les professionnels de santé


Depuis la fin du mois de juillet, plusieurs dizaines de créneaux annulés interrogent les professionnels de santé. L’ARS s’est saisie du sujet et alerte sur de « faux rendez-vous ».

Les centres de vaccination anti-Covid et les pharmacies sont-ils victimes d’esprits mal intentionnés ? Depuis plusieurs semaines, un certain nombre de rendez-vous pour se faire vacciner ne sont pas honorés.

Vaccinations dans le Gard : des créneaux non honorés interrogent les professionnels de santé

Le phénomène inquiète l’ARS Occitanie. Ces derniers jours, l’Agence régionale de santé a demandé, par mail, aux centres de vaccination de lui signaler tout fait suspect.

« Tentative de piratage » dénoncée

« Lors de la dernière rencontre de la cellule opérationnelle vaccination, certains responsables de centres nous ont fait remonter qu’ils étaient obligés de surbooker leurs plages de rendez-vous, éveille l’ARS. En effet, depuis peu, ils sont confrontés à de « faux » rendez-vous, où personne ne se présente et où le numéro de téléphone ne correspond à rien. »

Début juin, un centre bordelais avait signalé le phénomène lorsqu’une soixantaine de rendez-vous vaccinaux n’avaient pas été honorés en quelques heures.

Le centre avait dénoncé une « tentative de piratage » de la part « d’un groupe d’antivax ». Proche de nous, à Alès, le docteur Alain Devallez, coordinateur du centre de vaccination, ne confirme pas d’événement frauduleux. « On ne signale pas de faux rendez-vous ou d’utilisation inappropriée de Doctolib dans un but de déstabilisation. Les annulations ont augmenté, mais c’est davantage lié à la population, plus jeune, auprès de qui la vaccination est ouverte, plutôt qu’à un état d’esprit. »

« Ce n’est pas anodin de jeter une dose »

Le son de cloche n’est pas tout à fait le même à Saint-Ambroix, où le centre de vaccination enregistre jusqu’à 260 injections par jour. Seulement, ces derniers temps, le site a constaté des faits troublants. Claudine Benoît, la vice-présidente du CCAS de Saint-Ambroix, est une interlocutrice privilégiée du centre au quotidien.

« On s’est retrouvé lundi avec trois créneaux non honorés qui posaient question, avec trois mêmes noms et de mauvais numéros de téléphone. Ce n’est pas un cas tout à fait isolé. Cela nous a interrogés mais nous n’avons pas poussé l’investigation. »

Ce jour-là, comme à chaque désistement, les équipes ont vite réagi pour ne pas perdre de doses, en réorganisant le planning et en appelant les volontaires en attente. « Pour chaque flacon de vaccin, on arrive à tirer sept doses, fait savoir Claudine Benoît. Il faut les faire dans la journée. À ce jour, on n’a jamais jeté une seule dose. »

Neuf doses du Moderna jetées à cause de rendez-vous non honorés. À 17 € la dose… C’est un coût

Certaines pharmacies n’ont pas cette réussite. L’enseigne Chainieux, à Saint-Hilaire-de-Brethmas, recense depuis un mois « une dizaine de rendez-vous à la première injection » pris par des patients « disparus ». « On présume que ce sont de faux rendez-vous », estime Célia Druilhet, la pharmacienne responsable des vaccinations.

Elle comptabilise « neuf doses du Moderna jetées à cause de rendez-vous non honorés. À 17 € la dose… C’est un coût pour la collectivité, et ce n’est pas anodin pour un professionnel de santé de devoir jeter une dose vis-à-vis des pays qui n’ont pas le vaccin aussi facilement qu’en France. »

La semaine passée, en une journée, quatre injections n’ont pas été honorées. « Trois personnes ont annulé à la dernière minute », témoigne Célia Druilhet, « et une personne n’a pas du tout répondu ». De quoi laisser perplexe la pharmacienne.