Les victimes ont des droits : Maître Coppet répond à nos questions


Maître Coppet prête serment au barreau de Paris en 2004 en tant qu’avocat en droit des affaires. Très vite la vie le pousse à se spécialiser en droit du dommage corporel. En 2006, son père subit un accident grave et il découvre le parcours qui sera le sien, le milieu médical, le monde des assurances, etc.

Il réalise que la prise en charge du dommage corporel est complexe et doit être défendue pour être à la hauteur des atteintes physiques et psychiques subies. Cela fait maintenant près de 20 ans qu’il exerce dans ce domaine, en France hexagonale, aux Antilles Guyane … et à l’international car nos compatriotes français victimes à l’étranger de graves accidents de la route, d’agressions ou d’actes de terrorisme ont aussi des droits. 
Bonjour Maître Coppet, en quoi la prise en charge du dommage corporel est-elle complexe ?Maître Coppet : Le parcours d’une victime qui a subi un choc traumatique, devenue handicapée ou gravement blessée, est long et très lourd.

Il y a énormément de démarches administratives à effectuer pour conserver ses droits et ouvrir ceux liés à sa situation.Et puis il y a le plus souvent un combat à mener auprès des assurances ou autres organismes payeurs, pour faire reconnaître les préjudices à la hauteur de leurs conséquences sur la vie de la victime.  Comment accepter qu’une victime le soit une deuxième fois en étant pas ou mal prise en charge et indemnisée ?Mon métier est bien plus qu’une profession.

Défendre les droits des victimes c’est œuvrer en faveur de solutions concrètes et adaptées à destination de ceux et celles qui en ont besoin et sont en droit d’y prétendre.
Vous avez créé votre cabinet en 2004. Pouvez-vous nous en dire plus ? J’ai fondé Coppet Avocats en 2004 et je me suis toujours attaché à ce que les avocats puissent collaborer avec une équipe pluridisciplinaire.

Notre équipe s’appuie sur un service social intégré, du personnel médical, paramédical, des architectes spécialisés, des ergothérapeutes, entre autres.L’idée est de fournir des services utiles aux personnes accidentées, et ce, le plus tôt possible, afin d’augmenter leurs chances de mener à bien leurs projets. L’accident est souvent le point de départ d’un long parcours et nous pouvons ainsi accompagner les victimes à leur sortie d’hospitalisation, pour l’aménagement de leur domicile, dans le choix de leur matériel prothétique, …
Vous avez d’abord travaillé avec des Français en métropole, puis vous vous êtes tourné vers ceux à l’étranger.

Pourquoi ce changement ?J’ai accompagné plusieurs victimes françaises d’infractions à l’étranger et je me suis très vite rendu compte que la barrière de la langue, les contacts avec les autorités, les médecins, les assurances, complexifiaient la prise en charge de la personne accidentée qu’elle soit expatriée, binationale ou encore touriste.Sans contact établi sur place, nous ne pouvions accompagner la victime comme nous avons l’habitude de le faire, de façon globale. J’ai ainsi noué des relations consulaires dans différents pays et collaboré avec des antennes UFE car elles sont d’une aide précieuse pour trouver le bon interlocuteur sur place et dénouer certaines situations.

Comment se passe cette collaboration avec l’UFE ?Il y a eu des échanges et une compréhension commune de la protection que nous voulions offrir aux citoyens français. Les volontés ont donc convergé et nous avons pu mettre en place des processus plus efficaces pour aider nos compatriotes à l’étranger lorsqu’ils sont victimes d’un grave accident de la route, d’une agression ou d’un acte de terrorisme.
Votre cabinet se concentre sur la transformation des moyens financiers en moyens humains et techniques.

Pouvez-vous expliquer ce concept ?Tout à fait. Les ressources financières sont la sève, mais la capacité de rebond personnel joue un rôle primordial. Quand une personne a les ressources nécessaires, elle peut se projeter dans un nouveau projet de vie, parfois totalement différent de ce qu’elle envisageait avant l’accident.

Justement, ces projets post-accident, concernent-ils le rétablissement de la vie d’avant ou la création d’une nouvelle vie ?C’est une question intéressante. Il s’agit souvent de la capacité à élaborer un projet, quel qu’il soit. Le sujet est d’actualité mais un exemple probant est celui des athlètes paralympiques qui ont fait de ce tournant dans leur vie une force extraordinaire qui les a poussés à se lancer dans la haute compétition.

L’accident peut changer la perspective de vie de la victime mais aussi celle de ses proches. Pour d’autres, les moyens serviront à retrouver leur qualité de vie antérieure, adaptée à leur nouvel handicap.Dans tous les cas, disposer des ressources nécessaires est central.

Sans ça, il est impossible de se projeter.
Vous avez également repris des études en médecine. Quelle en était la motivation ?La spécialisation en droit du dommage corporel nécessite des compétences croisées.

Je suis retourné sur les bancs de la fac de médecine pour mieux comprendre les aspects médicaux des dossiers que je traite.Les facultés humaines sont aussi essentielles, car les urgences que nous gérons peuvent être très difficiles. C’est un milieu kaléidoscopique.

Vous parlez de voyages et de mobilité. Comment cela s’intègre-t-il dans votre pratique ?Mon métier m’offre une grande mobilité et même si je n’ai pas d’expérience de vie à l’étranger, j’ai eu la chance de beaucoup voyager (Amérique du Sud, Afrique, Amérique du Nord, Asie du Sud-Est, DOM-TOM). Voyager favorise l’ouverture à l’autre, à la différence, et cette ouverture est primordiale dans la défense des droits des victimes.

Rencontrer et accompagner des victimes d’accidents demandent d’aller au-devant de personnes et de leurs proches qui ont vu leur vie totalement bouleversée. Il faut le plus souvent se battre pour que ces bouleversements soient reconnus et cela peut être très dur. Je me déplace auprès des victimes à l’étranger bien sûr, mais également sur l’ensemble du territoire français.

Pour finir, pouvez-vous nous parler de l’évolution de votre cabinet ?Coppet Avocats, c’est aujourd’hui une équipe engagée de 25 personnes et je considère que la structure de notre cabinet est très équilibrée. Ce qui compte pour moi, c’est de maintenir cette cohésion et cette efficacité dans notre travail.Je souhaite préserver notre approche spécifique de l’accompagnement des victimes.

Je dirais que notre évolution réside dans notre capacité à suivre et à intégrer toutes les actualités, évolutions et nouvelles technologies qui concernent les dommages corporels, le handicap et le grand handicap.
Merci beaucoup, Maître Coppet, pour cet échange enrichissant.Merci à vous, c’était un plaisir de partager mon expérience et mes valeurs avec vous.

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